Partager:
"Nous avons des ennemis redoutables: la dispersion et l'abstention": devant plus de 2.000 personnes réunies à Perpignan, l'ultra favori des élections européennes Jordan Bardella a reconnu qu'"un vent (le) portait", tout en relevant que "jusqu'à la dernière minute", "rien n'est gagné".
Dans le chef-lieu des Pyrénées-Orientales, dont la mairie a été ravie par la figure du RN Louis Aliot il y a quatre ans, les lepénistes entendaient lancer le compte à rebours d'une victoire annoncée, présentée comme le marchepied d'une quatrième candidature de Marine Le Pen à l'Elysée.
"Faites donc que le 9 juin soit la première étape d'une grande alternance en Europe, mais aussi, parce qu'il y a des élections présidentielles en 2027, en France", a lancé cette dernière à l'entame du meeting, en appelant à "infliger" à Emmanuel Macron "la plus cinglante sanction électorale" possible.
"Nous devons les contrer, nous devons les sanctionner, nous devons les congédier", a-t-elle poursuivi, considérant que "cette sanction sera mesurée à l'écart entre la liste emmenée par Jordan Bardella et celle des déconstructeurs macronistes".
A 39 jours du scrutin, la liste RN recueille 32% des intentions de vote, loin devant celle de la majorité présidentielle emmenée par Valérie Hayer, créditée de 17%, selon une enquête Ipsos parue lundi.
Marine Le Pen s'en est pris avec la même virulence au "gouvernement technocratique" de Bruxelles, assumant de vouloir "dire non" à "la submersion migratoire" ou à "la destruction de notre économie au nom d'une écologie décroissante".
Face à cette "Europe de Macron", Jordan Bardella a pour sa part plaidé pour "l'Europe des nations", "des réalités", "des gens", "du concret", "des identités", "des frontières", "du juste échange, du patriotisme économique, de la priorité nationale, de la préférence européenne".
- "Ingénieur du chaos" -
Mais, au-delà de ses adversaires politiques, le patron du RN a pointé "des ennemis plus redoutables encore, la dispersion et l'abstention", alors que le parti à la flamme garde le goût amer des régionales d'il y a trois ans: à rebours de tous les sondages, il avait échoué à remporter la moindre région, faute d'avoir su mobiliser son électorat.
"S'abstenir, c'est voter Emmanuel Macron: ne lui offrez pas ce cadeau", a-t-il exhorté ses soutiens.
Dans son viseur également: les zemmouristes de Reconquête, emmenés par Marion Maréchal, toujours crédités de 5 à 6% d'intentions de vote - "des listes patriotes qui ne peuvent pas gagner", a évacué Jordan Bardella. Eric Zemmour? "Il a promis l'union, mais c'est nous qui rassemblons", observe-t-il encore, décrétant "le devoir de choisir ceux qui peuvent l'emporter".
Les amabilités ont également visé Jean-Luc Mélenchon, "un ingénieur du chaos" ou Raphaël Glucksmann, tête de liste soutenue par le PS, "l'arbre qui cache la Nupes".
Mais, aux électeurs de gauche "attachés à la laïcité et soucieux de la justice", l'appel au "rassemblement s'adresse à vous", a promis M. Bardella. A ceux de droite, sensibles "au travail, au mérite, à l'autorité, à l'ordre, à une certaine idée de la France", "regardez qui a repris le flambeau: rejoignez-nous".
- Mariani sur la liste -
Imbattable, Bardella? Celui à qui Marine Le Pen a promis Matignon en cas de victoire à la présidentielle s'est en tout cas autorisé à sécher jusque-là tous les débats télévisés, au grand dam des autres têtes de listes.
La "stratégie du lutteur huilé" - ou "de l'esquive", pestent ses adversaires - a pourtant ses limites.
Jeudi, il donnera la réplique à Valérie Hayer sur BFMTV avant une confrontation de l'ensemble des têtes de liste, dont lui, dimanche sur RTL. Et le Premier ministre, Gabriel Attal, a par ailleurs finalement accepté sa proposition de débat lancée il y a plusieurs semaines.
Le rendez-vous perpignanais était également celui de la présentation des 35 premiers candidats de la liste, qui a confirmé deux rumeurs: n'y figure plus le sortant Jean-Lin Lacapelle, alors que Thierry Mariani, pourtant contesté pour ses liens - à tout le moins passés - avec la Russie, occupera la 9e place.