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Le réseau social TikTok a autorisé la mise en ligne de publicités contenant de la désinformation liée aux élections européennes, selon un rapport publié mardi, contrevenant à ses propres conditions d'utilisation et mettant en doute sa capacité à détecter les fausses informations à quelques jours du scrutin.
L'ONG britannique Global Witness a créé 16 publicités à destination du public irlandais contenant des informations erronées sur les élections, qui ont lieu de jeudi à dimanche, et a tenté de les publier sur trois plateformes: TikTok, YouTube (propriété de Google) et X (ex-Twitter), le réseau social détenu par Elon Musk.
TikTok, qui est particulièrement populaire auprès des jeunes, a approuvé la mise en ligne des 16 publicités, YouTube en a bloqué 14, X a filtré toutes les publicités et suspendu les faux comptes, indique l'ONG dans son rapport.
"TikTok a lamentablement échoué à ce test", a commenté auprès de l'AFP Henry Peck, chargé de campagne chez Global Witness.
L'ONG a annoncé avoir déposé une plainte auprès des autorités de régulation irlandaises, estimant que le réseau social pourrait enfreindre les règles européennes visant à limiter les menaces sur les élections.
Soumises aux trois plateformes le mois dernier, ces fausses publicités contenaient toutes des éléments pouvant mettre en péril la bonne tenue du scrutin. On pouvait notamment y trouver des messages incitant les électeurs à rester chez eux en raison d'un risque de violence dans les bureaux de vote ou d'une recrudescence de maladies contagieuses.
Certaines affirmaient que l'âge légal pour voter avait été porté à 21 ans ou appelaient à voter par email, ce qui est impossible pour les élections européennes.
- "Erreur humaine" -
"J'ai été surpris parce que, par le passé, TikTok a repéré des contenus qui allaient à l'encontre de ses règles et, dans ce cas précis, n'a rien vu", a affirmé Henry Peck.
"Il semble qu'il dispose des systèmes et des capacités nécessaires et, pourtant, ces contenus n'ont pas été stoppés."
Dans sa réponse à l'étude, que Global Witness a communiquée à l'AFP, TikTok a reconnu que ces publicités violaient son règlement.
Citant une enquête interne, le réseau social, qui appartient à la société chinoise ByteDance, a affirmé que son système avait correctement identifié ces publicités comme enfreignant ses règles d'utilisation mais qu'elles avaient été approuvées en raison de l'"erreur humaine" d'un modérateur.
"Nous avons immédiatement mis en place de nouveaux processus pour éviter que cela ne se reproduise", a déclaré à l'AFP un porte-parole de TikTok.
Cet échec à bloquer ces publicités trompeuses intervient alors que les appels se multiplient pour demander aux plateformes de mieux réguler le flot de désinformation qui affecte notamment les scrutins.
Henry Peck insiste sur le fait qu'il est "absolument vital" que les réseaux sociaux agissent contre cette menace qui pèse sur les démocraties, pendant que des élections majeures ont lieu partout dans le monde en 2024, culminant aux Etats-Unis au mois de novembre.
Au début de l'année, l'Union européenne a publié des lignes directrices exigeant que les principales plateformes, dont TikTok, prennent des mesures pour réduire le risque d'interférence dans les scrutins, dans le cadre du règlement sur les services numériques (DSA) instauré l'an dernier.
"Et pourtant, en Europe, TikTok semble dormir sur ses deux oreilles, comme s'il n'était pas au fait de cette désinformation électorale flagrante", conclut Henry Peck.*
- Champ de bataille électoral -
Global Witness affirme avoir supprimé les fausses publicités après avoir reçu la notification de TikTok indiquant qu'elles avaient été acceptées, afin d'éviter tout impact négatif.
L'ONG a également soumis une annonce qui ne contenait pas de désinformation mais violait les règles d'utilisation de la plateforme, qui interdit toute publicité à des fins politiques.
Le groupe a payé 10 livres (11,7 euros) et a constaté qu'elle avait reçu 12.000 impressions avant que le crédit ne soit épuisé.
TikTok est devenu un champ de bataille électoral majeur, les politiciens européens et américains - y compris le candidat à la présidence Donald Trump - cherchant à exploiter la viralité de la plateforme.
Le réseau social est pourtant menacé dans de nombreux pays, notamment aux États-Unis où le président Joe Biden a récemment signé un projet de loi qui interdirait l'application si son propriétaire ne trouvait pas d'acheteur dans un délai d'un an.
L'AFP, comme d'autres médias dans le monde, est rémunérée par certaines plateformes technologiques (Meta, Google, TikTok) dans le cadre de la lutte contre la désinformation.