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Bain de foule en Normandie et entretien avec Volodymyr Zelensky, Emmanuel Macron est resté omniprésent vendredi aux dernières heures de la campagne pour les élections européennes, marquées par les ultimes appels à voter des candidats et par un regain d'optimisme affiché par La France insoumise (LFI).
Avant de recevoir son homologue américain Joe Biden en visite d'Etat samedi, le président français est allé à la rencontre du public à Bayeux, après avoir prononcé le dernier discours des commémorations du Débarquement, multipliant les selfies et les échanges avec les badauds.
Puis il est apparu dans la soirée à l'Elysée aux côtés du président ukrainien Volodymyr Zelensky, à qui il a réaffirmé son soutien politique et militaire. Non sans réserver quelques coups de griffes à ses adversaires, Rassemblement national ou LFI, qui plaident pour la prudence dans les livraisons d'armes ou pour des négociations de paix rapides entre la Kiev et la Russie.
"On connaît ce camp des pacifistes, c'est celui des capitulards, c'est l'esprit de défaite", a-t-il lancé.
La campagne officielle pour le scrutin de dimanche doit prendre fin à 23H59 avant le vote qui débutera samedi midi en outre-mer, d'abord à Saint-Pierre-et-Miquelon, puis dimanche dans le reste de la France. Cette élection européenne se tiendra quasi simultanément dans les 26 autres pays de l'UE.
Les ultimes enquêtes confirment les grandes tendances. Un tout dernier sondage Ipsos pour le Monde, publié vendredi juste avant minuit, donne le Rassemblement national à 32%, loin devant la majorité menée par Valérie Hayer (15%), elle-même sous la menace pressante de la liste PS-Place publique (14,5%).
Mais les Insoumis grignotent des points. Une série de sondages quotidiens IFOP-Fiducial crédite la liste de Manon Aubry d'une hausse de 1,5 points en trois jours (9%). Même progression par rapport à mai dans l'enquête Ipsos, à 9,5%.
Et le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon de promettre une "nuit noire" dimanche aux sondeurs qu'il accuse d'avoir sous-estimé LFI pendant la campagne.
"Toutes les remontées de terrain sont les mêmes: cartons pleins (...) même dans les beaux quartiers, ou les +nids de bobos+", a-t-il estimé vendredi sur son blog.
- Europe "bloquée" -
A l'aube d'une élection qui pourrait marquer une victoire historique pour le Rassemblement national, Jordan Bardella a cherché à maintenir la mobilisation.
"Cette élection n'est pas jouée d'avance et cette élection, c'est aussi un referendum pour ou contre la politique d'Emmanuel Macron", a-t-il dit sur France 2.
Il répondait au chef de l'Etat qui, la veille, s'était invité aux journaux télévisés malgré les protestations des oppositions. Il avait justifié son intervention par la montée de l'extrême droite dans plusieurs pays qui pourrait aboutir, selon lui, à une "Europe bloquée".
Un argument repris vendredi par le Premier ministre Gabriel Attal et la tête de liste macroniste Valérie Hayer. "Il y a un risque que demain, au Parlement européen, il y ait des gens qui détestent l'Europe qui arrivent en nombre et qui nous empêchent de travailler à votre service", a souligné cette dernière.
- "Dynamique" -
Ce duel entre Emmanuel Macron et le RN exaspère les autres candidats, "comme si c'était le débat auquel on était condamné pour toujours", a critiqué François-Xavier Bellamy.
A gauche, Raphaël Glucksmann, tête de liste des socialistes, tenait un tout dernier meeting vendredi soir à Lille.
"Il nous reste quelques heures" pour "montrer que nous sommes des millions qui n'ont pas renoncé à l'idéal humaniste de Jacques Delors et Robert Badinter", a-t-il lancé à ses partisans.
Celui qui a redonné de l'espoir aux socialistes après le fiasco de la présidentielle de 2022 a expliqué avoir "inscrit cette campagne depuis le premier jour dans les pas de Jacques Delors", l'ancien président de la Commission européenne, fondateur de l'euro et père de la maire de Lille Martine Aubry, présente à ses côtés.
Autre heureux présage selon le candidat: un sondage sorti des urnes aux Pays-Bas où le centre-gauche bascule légèrement en tête devant le Parti de la liberté du populiste Geert Wilders, néanmoins en forte hausse par rapport à 2019.
Quant à l'écologiste Marie Toussaint, qui pourrait ne pas atteindre les 5% nécessaires pour envoyer des députés au Parlement européen, elle finira par une distribution de tracts à Bordeaux après avoir obtenu le soutien d'une autre tête de liste, Pierre Larrouturou, inquiet qu'il n'y ait plus d'écologistes à Strasbourg.
Les candidats du parti animaliste ont eux reçu l'appui de Brigitte Bardot qui les a jugés "formidables" sur RTL. Reste à savoir si cela sera suffisant à leur liste conduite par Hélène Thouy pour aller au-delà des 2,2% obtenus en 2019.
lum-far-ama-sac/hr/cbn