Partager:
Le parquet anti-terroriste allemand va se saisir de l'enquête contre l'auteur présumé d'une attaque au couteau vendredi dans le centre de Mannheim qui a coûté la vie à un policier et fait cinq blessés, a annoncé lundi une porte-parole à l'AFP.
Elle a justifié cette prise en charge par "l'importance particulière" de l'affaire, qui a provoqué l'émoi en Allemagne.
L'agresseur présumé, un Afghan de 25 ans arrivé en Allemagne en 2014, s'en était pris à plusieurs membres d'un mouvement anti-islam sur la place du marché de cette ville de l'ouest du pays.
Il est soupçonné de meurtre, de tentatives de meurtre dans cinq cas et de lésions corporelles graves, selon la porte-parole.
Le jeune homme, blessé par balle par un policier, a dû être opéré et n'a pas pu être interrogé à ce stade, selon les dernières déclarations de la police.
La prise en charge par le parquet anti-terroriste était largement attendue après que la piste islamiste eut été évoquée à plusieurs reprises par le gouvernement.
Le chancelier Olaf Scholz avait parlé d'"attentat" et le ministre des Finances Christian Lindner avait appelé à se défendre contre le "terrorisme islamiste".
Des images de l'agression avaient été diffusées sur les réseaux sociaux, et qualifiées d'"horribles" par M. Scholz.
On y voit l'agresseur, armé d'un poignard, s'en prendre d'abord à plusieurs membres du Mouvement citoyen Pax Europa (BPE), qui entend dénoncer l'islam politique en Allemagne et s'apprêtait à organiser une réunion publique.
Parmi les personnes blessées figure l'une des personnalités les plus en vue de cette formation, Michael Stürzenberger, connu depuis des années comme militant anti-islam en Allemagne et proche de l'extrême droite.
Le policier décédé, 29 ans, a été frappé par derrière de plusieurs coups de couteau à la tête alors qu'il tentait de s'interposer, avant qu'un autre membre des forces de l'ordre n'arrête l'agresseur en lui tirant dessus.
Ce dernier, installé dans la région de Mannheim, est marié et père de deux enfants, selon la police de Mannheim.
Cette affaire tragique a relancé les inquiétudes face au recours accru à la violence dans le débat politique, dans un pays connu jusqu’ici pour sa culture du compromis et son sens de la modération dans les débats.
"Le policier tué à Mannheim a défendu le droit de chacun d'entre nous à exprimer sa propre opinion", a déclaré Olaf Scholz lundi sur son compte X. Si "des extrémistes veulent restreindre ces droits par la violence (...)l'Etat s'y opposera avec tous les moyens de notre Etat de droit", a-t-il prévenu.