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Le groupe sidérurgique Ascometal France, mis en vente par le suisse Swiss Steel, a annoncé vendredi avoir reçu six offres de reprise pour l'ensemble de ses cinq sites, un soulagement pour ses quelque 1.200 salariés.
Le groupe, placé en redressement judiciaire, avait reçu une douche froide fin mars avec le retrait de l'italien Acciaierie Venete, qui s'était manifesté en fin d'année dernière pour reprendre trois des cinq usines d'Ascometal.
Finalement, Venete a redéposé une offre avant l'expiration jeudi du délai donné aux repreneurs potentiels par la chambre commerciale du tribunal judiciaire de Strasbourg, a annoncé un représentant de la direction.
"C'est une bonne nouvelle bien accueillie par la direction", s'est-il félicité.
"Nous saluons le fait qu'il y a des offres de reprises sur tous les sites d'Ascometal", a fait savoir de son côté le cabinet du ministre de l'Industrie, Roland Lescure. "Nous analysons la solidité de ces offres et travaillons avec les repreneurs potentiels à la levée des conditions suspensives".
Toutes ces offres s'accompagnent en effet de conditions, a souligné le représentant de la direction.
"L'enjeu des prochaines semaines c'est de lever ces conditions suspensives mais aussi d'obtenir des améliorations de ces offres concurrentes", a-t-il expliqué.
"La société rencontre des difficultés et a des besoins importants de financement. Il faut pouvoir continuer à investir dans l'outil industriel (...) dans le contexte d'un marché de l'acier européen en crise".
Ascometal fait valoir auprès de ses repreneurs potentiels sa production d'acier décarboné, de par l'utilisation de fours électriques alimentés par une énergie française peu dépendante des hydrocarbures.
- Projet des salariés à Fos -
La proposition de Venete porte sur le même périmètre que lors de sa première offre, à savoir trois des cinq sites de production du groupe, à Hagondange (Moselle), Custines (Meurthe-et-Moselle) et au Marais (Loire), ainsi que le Centre de recherche sur les aciers spéciaux d'Ascometal (Creas) à Hagondange.
Le Creas, qui compte 25 emplois, fait l'objet d'une offre de reprise séparée de la part de deux salariés, dont le directeur de ce centre de recherche.
Au total, quelque 700 emplois sont concernés dans ce "cluster automobile".
Ces sites sont spécialisés dans la fabrication d'aciers spéciaux de petit diamètre (moins de 80 millimètres), à destination principalement de l'industrie automobile.
Deux autres usines produisent des aciers de plus gros diamètre.
Le site de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) fait l'objet d'une offre d'un autre industriel italien, Marcegaglia, qui ne porte que sur une partie de l'activité et des salariés, et d'une offre du fonds d'investissement britannique Greybull. Le site emploie environ 330 personnes.
Jeudi, des salariés ont annoncé leur propre plan de reprise de l'usine de Fos. Le projet, porté par la CGT, nécessiterait un financement à hauteur de 150 millions d'euros, qui devrait être apporté par l’État et la Banque publique d'investissement (BPI).
Enfin, l'usine de Dunkerque, qui emploie 170 personnes, fait l'objet d'une offre de la part de l'espagnol Sidenor, qui s'était proposé en 2017 pour reprendre l'ensemble de l'entreprise.
Sidenor propose également de reprendre le site de Custines, entrant ainsi potentiellement en contradiction avec l'offre de reprise de Venete.
Des lettres d'intention ont également été déposées pour la reprise du groupe mais elles impliqueraient un report des délais fixés par la justice.
En 2018, le groupe suisse Schmolz&Bickenbach - rebaptisé Swiss Steel en 2020 - avait repris les cinq sites d'Ascometal, mais pas l'usine d'Ascoval, à Saint-Saulve (Nord), qui comptait alors 1.350 salariés.
Swiss Steel, basé à Lucerne, emploie environ 10.000 salariés et a réalisé un chiffre d'affaires de plus de 4 milliards d'euros en 2022