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"Stressés", mais "flattés de participer à la vie démocratique", des salariés d'un imprimeur toulousain s'affairent autour d'une presse de 12 mètres de long d'où devront bientôt sortir en un temps record professions de foi et bulletins de vote pour les législatives.
"D'habitude, (...) on a cinq ans pour s'organiser" sur ce type d'élections, souligne Arnaud Prouvost, l'un des responsables, debout au milieu de l'atelier de cette entreprise.
Là, ce sera seulement quelques jours, et dès ce week-end, une vingtaine de salariés sur la centaine que compte L'Atelier Groupe sera à son poste pour imprimer nuit et jour le matériel électoral d'une vingtaine de candidats.
Depuis l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale, il a fallu s'adapter pour pouvoir gérer cette commande inattendue qui devrait générer 15% du chiffre d'affaires mensuel de l'entreprise, dont M. Prouvost est le directeur financier.
Afin de pouvoir mener à bien cette tâche urgente, l'imprimeur a notamment dû demander à ses clients ayant passé commande plus tôt d'accepter d'être livrés plus tard.
"Tous ne le comprennent pas, c'est pourquoi on est obligé de travailler la nuit et le week-end", raconte-t-il, devant le grand écran du tableau de commande de la presse offset.
-"Flatté"-
Il a fallu trouver "suffisamment de salariés volontaires pour venir travailler le week-end", alors que "c'est la saison des communions, des mariages. Tout le monde peut avoir des préoccupations autres que de venir travailler", ajoute M. Prouvost.
A ses côtés, un "conducteur de presse", également "chromiste", pose près de l'écran de grandes feuilles tout juste sorties de la machine, qu'il scrute attentivement, avant qu'elles ne partent à la découpe.
Sur ces futures brochures et autres catalogues, dernier matériel non-électoral à être imprimé avant que le site bascule dans une configuration dédiée aux législatives, il pose son oeil d'être humain nécessaire pour contrôler la couleur, potentiellement déformée par la température ou l'humidité.
Malgré le stress que va susciter la production rapide du matériel de vote, "on est flatté, on participe à la vie démocratique, c'est valorisant", déclare Didier Demur, responsable des appels d'offres de l'imprimerie, d'une voix qui porte pour couvrir le bruit des machines.
"Pour un imprimeur, ce sont toujours des moments que l'on apprécie", dit-il.
- L'importance du papier -
Le papier imprimé, "plus vieux métier industriel du monde", rappelle son collègue Arnaud Prouvost, reste essentiel notamment pour tous les gens n'ayant que "ce moyen pour chercher l'info" des élections, explique-t-il encore, non loin d'un massicot servant à la découpe du papier, qui tourne à plein régime.
Chez un autre imprimeur, dans les Pyrénées-Orientales, l'urgence est aussi de mise.
"Des candidats qui sont en train de s'unir vont décider d'imprimer lundi. Ca va être très compliqué" de livrer mardi, explique à l'AFP Lionel Lelièvre, gérant de l'imprimerie du Mas, à Cabestany.
Mêmes impératifs dans le Tarn: "On attaque ce week-end mais (...) en tout cas, il faut que tout soit livré en temps et en heure. Il ne faut pas qu'on soit en retard", explique Stéphanie Belaygue, co-gérante de l'imprimerie Rhode, à Gaillac, évoquant elle-aussi le couperet de "mardi 18h00".
Pour le choix de l'imprimeur, "ce sont les candidats qui sont les maîtres du choix de leur prestataire, personne n'impose rien", a affirmé à l'AFP Pascal Bovero, directeur général de l'Union nationale des industries de l'impression et de la communication (Uniic).
Le matériel doit effectivement arriver mardi prochain en préfecture où il sera vérifié puis mis sous pli avant que La Poste prenne le relais pour envoyer le tout en une semaine et que les 49,5 millions d'électeurs aient reçu les professions de foi avant le premier tour.