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La Corée du Nord a annoncé jeudi que sa Constitution désigne désormais la Corée du Sud comme un "Etat hostile", confirmant pour la première fois un changement promis en janvier par son dirigeant Kim Jong Un.
L'annonce de ce changement constitutionnel intervient après le dynamitage des deux seules routes et voies ferrées reliant les deux pays, signe que Kim Jong Un ne désintéresse de la réunification.
Ces voies de communication, brièvement rouvertes depuis la fin de la guerre de Corée en 1953 lors de rares périodes de détente, "ont été complètement bloquées au moyen d'explosions", a écrit l'agence officielle KCNA, confirmant des informations diffusées mardi par Séoul.
"Il s'agit d'une mesure inévitable et légitime, prise en application des exigences de la Constitution de la République populaire et démocratique de Corée qui définit clairement la République de Corée comme un Etat hostile", a détaillé l'agence KCNA, désignant la Corée du Nord et la Corée du Sud par leurs noms officiels.
C'est la première fois que Pyongyang confirme l'inscription dans sa Constitution du statut d'"Etat hostile" pour la Corée du Sud, une mesure annoncée par Kim Jong Un en janvier devant l'Assemblée nationale suprême, le parlement nord-coréen.
"A mon avis, nous pouvons préciser dans notre Constitution la question de l'occupation complète, de la soumission et de la reconquête de la République de Corée et de son annexion en tant que partie du territoire de notre République en cas de guerre dans la péninsule coréenne", avait-il déclaré. Il avait également menacé d'entrer en guerre pour toute violation du territoire nord-coréen "ne serait-ce que de 0,001 millimètre".
Auparavant, en vertu d'un accord inter-coréen en 1991, les rapports avec le Sud étaient définis comme une "relation spéciale" dans le cadre d'un processus de réunifiation, et non comme une relation d'Etat à Etat.
L'annonce du changement constitutionnel et la destruction d'infrastructures marquent une nouvelle étape dans la radicalisation du régime de Kim Jong Un envers la Corée du Sud, désignée en janvier comme le "principal ennemi".
Pékin a appelé jeudi à un retour à un "processus de règlement politique" pour résoudre les tensions sur la péninsule coréenne, par la voix de la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Mao Ning.
- "Au bord de la guerre" -
Selon KCNA, la démolition de routes et voies ferrées, menées intégralement côté nord-coréen est consécutives aux "graves provocations politiques et militaires des forces hostiles" qui ont placé selon l'agence officielle nord-coréenne les deux Corées "au bord de la guerre".
Pyongyang "continuera à prendre des mesures pour fortifier de façon permanente la frontière sud fermée", a ajouté un porte-parole du ministère de la Défense cité par KCNA.
En pratique, la frontière entre les deux Corées est déjà totalement fermée. Depuis 1953, les deux routes et les deux lignes ferroviaires inter-coréennes n'ont été restaurées et rouvertes que lors de brèves périodes de détente.
Les rapports entre les deux Corées se sont considérablement détériorés depuis l'arrivée au pouvoir à Séoul en 2022 du président conservateur Yoon Suk Yeol, partisan d'un renforcement de l'alliance militaire avec les Etats-Unis et le Japon et de la ligne dure contre Pyongyang.
La Corée du nord, dotée de l'arme nucléaire, effectue régulièrement des essais de missiles balistiques en violation de nombreuses résolutions des Nations unies.
La Corée du Sud, les Etats-Unis et le Japon mènent régulièrement des exercices militaires conjoints que Pyongyang considère comme des répétitions générales pour une invasion du Nord ou un renversement de son régime.
L'escalade actuelle survient alors que le régime nord-coréen se plaint de survols de drones qui ont, selon lui, largué sur la capitale des tracts de propagande. Pyongyang accuse Séoul d'en être responsable et a prévenu qu'un drone de plus serait considéré comme "une déclaration de guerre".
Les spéculations locales en Corée du Sud désignent des militants sud-coréens, qui sont coutumiers d'actions de propagande vers le Nord, consistant à envoyer des tracts ou des dollars généralement par ballon mais aussi parfois à l'aide de petits drones difficilement détectables.
Depuis mai, la Corée du Nord a quant à elle envoyé des milliers de ballons chargés d'immondices vers le Sud, ce qui a incité Séoul à reprendre ses émissions de propagande par haut-parleur le long de la frontière et à suspendre un accord de 2018 destiné à prévenir les accrochages militaires.