Partager:
L'activité économique de la France a progressé de 0,2% au premier trimestre grâce à un "réveil" de la consommation des ménages, le gouvernement y voyant un signe de la "solidité" de l'économie du pays.
Alors que l'Institut national de la statistique (Insee) prévoyait une stagnation, cette croissance modérée entre janvier et mars marque une légère accélération après la hausse de 0,1% au dernier trimestre 2023.
Selon le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, elle vient déjouer les pronostics des Cassandre.
"A tous ceux qui veulent faire croire que notre économie est à l'arrêt: les faits sont têtus. La croissance française progresse. C'est un nouveau signe qui traduit la solidité de notre économie", a-t-il réagi.
La progression du PIB français est similaire à celle de l'Allemagne, qui a recommencé à croître au premier trimestre après un recul en 2023. L'Italie (+0,3%) et l'Espagne (+0,7%) font encore mieux.
- Baisse des taux en juin -
En France, la croissance de la consommation des ménages, principal moteur de la croissance, a accéléré à 0,4% après 0,2% au trimestre précédent, a détaillé l'Insee dans sa première estimation: la poursuite du repli de l'inflation permet aux Français de regagner en pouvoir d'achat.
Le directeur général de l'Insee, Jean-Luc Tavernier, a dit sur BFM Business y voir "un réveil de la consommation (...) qui est encore timide à vrai dire, mais qui est manifeste".
Outre la bonne tenue de la demande en services comme l'hébergement-restauration, "il y a une reprise des dépenses dans l'alimentaire, un poste qui se portait très mal", a commenté Maxime Darmet, économiste pour Allianz Trade, interrogé par l'AFP.
En avril, l'inflation a encore ralenti, à 2,2% sur un an, contre 2,3% en mars, grâce notamment à une décélération des prix de l'alimentation (+1,2% après un pic à presque 16% au printemps 2023).
Le PIB a également été soutenu au premier trimestre par un rebond des investissements (+0,3% après -0,9%) dans un contexte de taux élevés, un chiffre qui masque toutefois des réalités contrastées: si les investissements des entreprises ont continué de progresser (+0,5% après +0,8%), ceux des ménages restent en territoire négatif (-1,5% après -2,1%), le logement étant particulièrement touché.
Le gouverneur de la Banque de France, Villeroy de Galhau, a dit voir dans ces chiffres "des nouvelles plutôt encourageantes" pour l'économie.
"Ces données nourrissent notre confiance: nous reviendrons bien à notre cible d'inflation d'ici l'an prochain", soit 2%, et "nous pourrons donc commencer à baisser les taux début juin", a-t-il ajouté sur le réseau LinkedIn. "Le rythme de baisse devra ensuite être pragmatique en fonction des perspectives d'inflation".
- Prévision "pas hors d'atteinte" -
Le cabinet de Bruno Le Maire a souligné que ces indicateurs confortaient "notre scénario de croissance pour 2024, que nous anticipons être avant tout tirée par la consommation des ménages".
Chaque dixième de point de pourcentage va toutefois compter pour atteindre la prévision gouvernementale d'une croissance annuelle de 1%, supérieure à celle des principaux instituts de conjoncture.
La Banque de France table sur 0,8%.
Le contexte est délicat pour l'exécutif, avec un dérapage du déficit public en 2023, à 5,5% du PIB contre 4,9% attendus, en raison de recettes plus faibles que prévu.
Il a toutefois maintenu son ambition de le ramener sous le seuil de 3% du PIB en 2027, dans les clous européens, misant sur la croissance et la maîtrise des dépenses pour redresser les finances publiques.
Si elles maintiennent pour l'instant leurs notes élevées sur la capacité de la France à rembourser sa dette, les agences de notation Moody's et Fitch, n'y croient pas.
L'exécutif a déjà acté 10 milliards d'euros d'économies dans les dépenses de l'Etat et cherche 10 milliards de coupes supplémentaires à réaliser en 2024, pour atteindre son nouvel objectif de déficit public (5,1% du PIB).
Or, les 10 premiers milliards d'économies devraient déjà amputer la croissance annuelle de 0,2 point, a averti début avril l'OFCE.
Avec un acquis de croissance estimé à 0,5% à la fin du premier trimestre, il faudrait "en gros" une croissance du PIB de 0,3% chaque trimestre pour parvenir à 1% en moyenne annuelle, selon Jean-Luc Tavernier de l'Insee. Un rythme "pas hors d'atteinte", estime-t-il.