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Les Jeux olympiques, finalement une mauvaise affaire pour Air France-KLM ? Le groupe aérien a prévenu lundi que ses recettes allaient pâtir de la manifestation sportive qui provoque un "comportement significatif d'évitement" de Paris par la clientèle internationale.
"Air France-KLM anticipe à ce stade un impact négatif sur ses recettes unitaires compris entre 160 et 180 millions d'euros pour la période allant de juin à août", en pleine haute saison, a précisé l'entreprise franco-néerlandaise dans un communiqué.
Cette "pression sur les recettes unitaires", constatée tant par Air France que la compagnie low-cost du groupe, Transavia, est "attribuable aux Jeux olympiques de Paris 2024. Le trafic au départ et à destination de la capitale française est inférieur à celui attendu de et vers d'autres grandes villes européennes", selon la même source.
Outre "un comportement significatif d'évitement de Paris" de la part des voyageurs étrangers, Air France-KLM remarque que "les volumes de voyages au départ de Paris vers d'autres destinations sont également inférieurs à la moyenne habituelle de la période juin-août".
Pour le groupe, "les résidents français sembl(e)nt reporter leurs vacances après la fin des Jeux olympiques ou envisager des options de voyage alternatives".
Malgré cet avertissement sur résultats, Air France-KLM a assuré que "cet événement n'a(vait) à ce stade aucun impact sur les perspectives du groupe en matière de capacité", le nombre de sièges offerts à sa clientèle.
Il a aussi affirmé que "les volumes de voyages à destination et en provenance de la France devraient se normaliser après les Jeux olympiques, avec des niveaux de demande encourageants enregistrés pour la fin du mois d'août et le mois de septembre".
- Clignotants du tourisme à l'orange -
Ces projections sont cohérentes avec celles de l'Observatoire économique du tourisme parisien qui a récemment prédit pour juillet une chute de 14,8% des arrivées internationales par rapport à 2023, et de 16,4% par rapport à 2019. De son côté, le taux de réservation hôtelier pour les 10 premiers jours de juillet atteignait, au 17 juin, "en moyenne 60%, soit "un recul d'une dizaine de points par rapport à l'année dernière".
"Nous ne pouvons que confirmer un phénomène d'évitement de Paris pour la période des JO", a indiqué pour sa part à l'AFP la Fédération nationale de l'aviation et de ses métiers (Fnam) qui représente le secteur aérien français.
Le titre Air France a accusé le coup lundi à la Bourse de Paris, chutant de 3,65% à 11h50, à 7,92 euros, touchant son plus bas historique, le tout dans un marché en hausse de 1,15%.
Encore fin avril, lors de la présentation de ses résultats du premier trimestre, Air France-KLM avait fait état de "ventes de billets prometteuses pour la saison estivale", et confirmé ses objectifs d'une hausse de 5% de sa capacité en sièges sur un an.
Air France, qui avait alors dit espérer profiter du projecteur des Jeux olympiques et paralympiques pour mettre en valeur ses services et son image de marque, a consenti d'importants efforts à l'occasion de la manifestation, dont elle est l'un des partenaires officiels.
La compagnie a embauché des centaines de saisonniers et insisté sur le soin apporté au transport des athlètes et de leurs équipements, le tout dans le contexte d'un "pic d'été" de la fréquentation de ses lignes, avec jusqu'à 125.000 passagers quotidiens.
Air France-KLM a promis de donner davantage de détails sur ses projections d'activité pour l'été lors de la publication de ses résultats semestriels, le 25 juilllet.
Le troisième trimestre représente une période cruciale pour les compagnies aériennes basées dans l'hémisphère Nord. En 2023, Air France-KLM avait réalisé un bénéfice net de 931 millions d'euros pendant cette période, presque exactement son bénéfice annuel record.
L'avertissement de lundi intervient alors que le groupe a connu un début d'année 2024 difficile, perdant 522 millions d'euros au premier trimestre en raison de la hausse de ses coûts et des tensions géopolitiques, malgré des passagers plus nombreux et payant leurs billets plus cher.
Air France-KLM a en conséquence lancé un plan d'économies dont un "gel des embauches de personnel administratif et non opérationnel".