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Le site d'informations Arrêt sur images (ASI) a dénoncé vendredi le "harcèlement raciste" visant sa journaliste Nassira El Moaddem, également soutenue par plusieurs rédactions, après qu'elle a qualifié la France de "pays de racistes dégénérés".
"Depuis plus de 48 heures, Nassira El Moaddem (...) est victime d'une campagne de harcèlement raciste d'une rare violence de la part de l'extrême droite", s'indigne dans un communiqué transmis à l'AFP Arrêt sur images, où elle anime une émission.
Contactée par l'AFP, la journaliste a indiqué étudier la possibilité de porter plainte face au flot de messages haineux reçus sur les réseaux sociaux Facebook, X, Instagram ou encore Linkedin.
A l'origine de ces attaques: sa réaction le 30 avril à un article de RMC Sport évoquant une interdiction par la Fédération française de football du port de casques et de collants, au nom de la laïcité.
"Pays de racistes dégénérés. Il n'y a pas d'autres mots. La honte", a alors commenté sur X Nassira El Moaddem.
Des propos qu'elle "ne regrette pas du tout", a-t-elle expliqué l'AFP. "Ce qui s'est produit donne tout à fait raison à ce que j'ai écrit".
Le 1er mai, dans l'émission de Jean-Marc Morandini sur CNews, le député RN Julien Odoul a notamment lancé: "Si elle est pas contente, elle se casse". Il a aussi demandé sa suspension par Radio France, où elle ne travaille toutefois plus depuis 2022.
Dans la foulée, la journaliste française d'origine marocaine a reçu des "messages d'insultes racistes et des menaces de mort par centaines", s'est indigné ASI.
Arrêt sur images a reproché aux médias du patron conservateur Vincent Bolloré, dont CNews, le JDD et C8, d'avoir "lancé la machine" et "attisé la haine", tout en véhiculant de fausses informations comme le fait qu'elle travaille encore pour Radio France lors de l'émission Touche pas à mon poste de Cyril Hanouna.
Sollicitées par l'AFP, CNews et C8 n'ont pas répondu.
Plusieurs sociétés de journalistes ont pour leur part réagi, à l'instar de celle de BFMTV qui a affirmé sur X qu'"on peut considérer les propos de Nassira El Moaddem comme excessifs ou inappropriés, mais les attaques en règle dont elle est l'objet sont intolérables".
Les sociétés des journalistes de Radio France et de producteurs de France Inter ont également dénoncé "un cyberharcèlement raciste et particulièrement violent", s'ajoutant au "soutien" exprimé par les rédactions du Monde et de Médiapart, ou encore par le Canard enchaîné.