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"La chambre d'à côté", Lion d'or et film le plus crépusculaire d'Almodovar

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Alberto PIZZOLI

"La chambre d'à côté", le film qui a valu le Lion d'or à Pedro Almodovar samedi, est son premier long-métrage en anglais, une histoire crépusculaire de suicide assisté avec les stars américaines Tilda Swinton et Julianne Moore.

Le film, qui n'a pas encore date de sortie française, retrace les derniers jours de Martha (Tilda Swinton), ancienne reporter de guerre habituée à défier la mort, qui vit seule dans son bel appartement new-yorkais.

En quelques flash-back, il rembobine sa vie: sa fille qu'elle n'a jamais élevée à cause de son travail et à qui elle n'a jamais parlé de son père biologique, ses compagnons auxquels elle ne s'est jamais attachée. Une femme forte, libre, mais solitaire.

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Alberto PIZZOLI

Lorsqu'elle retrouve son amie de jeunesse Ingrid (Julianne Moore), romancière angoissée par la fin de l'existence, Martha est en phase terminale d'un cancer. Refusant la perspective d'un nouveau traitement aussi incertain qu'éprouvant, elle décide de mettre fin à ses jours, en prenant un médicament acheté illégalement sur internet.

Elle prie Ingrid de l'accompagner dans ses derniers instants, en s'installant avec elle dans une somptueuse maison de location à la campagne, dans "la chambre d'à côté".

L'amie ne sera jamais loin mais n'aura pas à lui administrer la pilule, que Martha entend prendre seule, une nuit, derrière sa porte fermée. Elle lui promet que personne ne saura jamais rien de leur arrangement. Mais Ingrid va mettre dans la confidence un homme, joué par John Turturro, qui fut leur compagnon à toutes les deux.

Almodovarien en diable sur le papier, le film est pourtant loin du bruit et de la fureur des comédies kitsch et provoc' des débuts de l'enfant terrible du cinéma espagnol, mais aussi différent des sommets d'émotion atteints dans "Tout sur ma mère" ou "Parle avec elle". Il s'éloigne aussi de sa veine autobiographique plus récente ("Douleur et gloire") pour aller franchement vers le mélo.

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Alberto PIZZOLI

Almodovar, dont les oeuvres sont de plus en plus tourmentées par le déclin physique et la peur de la mort, tente aussi dans "La chambre d'à côté" quelques échappées politico-sociales, dressant un parallèle entre la fin de vie et la catastrophe climatique. "Le film parle d'une femme qui agonise dans un monde qui agonise aussi", a-t-il lâché à Venise, livrant aussi un plaidoyer en faveur du "droit fondamental" de "dire adieu à ce monde proprement et dignement".

Tourner aux Etats-Unis, en anglais, était un projet caressé de très longue date par l'Espagnol. Après quelques tentatives infructueuses à Hollywood, il a choisi de situer son film sur la côte est, dans l'Etat de New York, la ville qui lui a ouvert les portes des USA à ses débuts dans les années 1980.

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Alberto PIZZOLI

Almodovar avait sorti en 2020 un premier moyen métrage en langue anglaise, "La voix humaine", tiré de Jean Cocteau, déjà avec Tilda Swinton. Trois ans plus tard, il a récidivé dans un format encore plus court avec "Strange Way of Life", un western gay mettant en scène Ethan Hawke et Pedro Pascal.

Pour "La chambre d'à côté", il s'est appuyé une fois de plus sur le compositeur Alberto Iglesias pour la bande originale et sur la collaboration avec de grandes marques pour la garde-robe des actrices.

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