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De Pamela Anderson à Sharon Stone, Julien Doré revient sur ses collaborations improbables

Dans son dernier album, Imposteur, Julien Doré mélange reprises et souvenirs personnels. Il nous raconte comment ces chansons, marquantes de sa vie, prennent un nouveau sens pour lui aujourd'hui.

RTL Info : Dans votre nouvel album de reprises, "Imposteur", on retrouve des titres comme "Sara perché ti amo", "Femme Like U", "Cuitas les bananas", et "Un homme heureux" de William Sheller. Expliquez-nous un peu d’où vous vient l’idée de faire toutes ces reprises, si disparates ?

Julien Doré : Disparates, et à la fois… Ce sont toutes des chansons qui ont un point d’ancrage avec ma vie. Ce sont des chansons que j’ai aimées, qui font partie de mes souvenirs, entre mon enfance et aujourd’hui. Durant la tournée, il y en aura peut-être quelques-unes de ces reprises, mais il y aura surtout mes propres chansons, celles que j’ai écrites et composées, comme "Le Lac", "Coco Câline", "Paris-Seychelles",... Ce sera un mélange, justement, entre se souvenir de ces 17 années, de l’émission Nouvelle Star, à laquelle je participais sans trop savoir ce qui allait se passer, et ma vie qui change du jour au lendemain. Aujourd’hui, je suis sur scène, je fais ce que j’aime et, quand je me réveille le matin, j’ai la chance, comme en ce moment, de parler de ma musique.

Il y a aussi une reprise de votre reprise de "Moi Lolita", qui a fait exploser votre popularité dans la Nouvelle Star où tout le monde vous découvre à ce moment-là. Et là, vous reprenez vous-même ce morceau. La mise en abyme était assez folle, non ?

La mise en abyme sur cet album est intéressante, parce qu’en fait, je rapproche ces chansons que j’aime avec une histoire qui est la mienne. J’ai commencé avec "Moi Lolita" dans la Nouvelle Star. Quand je décide de faire cet arrangement-là, je me dis que, dans un arrangement différent de l’original, ce sera peut-être l’occasion pour moi de dire qui je suis, de me présenter dans ce son différent, autour de titres que l’on connaît par cœur. C’est un peu particulier de se retrouver dans un album où je me suis posé la question : Si tu reprends cette chanson, il va falloir à nouveau que tu lui trouves une autre lecture. C’est la chanson qui termine l’album, donc c’était une façon pour moi de refermer cette page sur 17 années de ma vie et, en même temps, de revisiter une dernière fois cette chanson, mais d’une nouvelle manière.

Aujourd’hui, vous vous sentez imposteur ou, au contraire, un peu du milieu de la chanson ?

C’est ce qui m’intéressait en choisissant ce nom d’album : la question de l’imposture. Aujourd’hui, dans le domaine artistique, mais aussi dans notre vie, l’imposture va partout. Dans la vie d’un être humain, à tout moment, on peut avoir ce sentiment. On vit parfois des moments joyeux et au lieu de les savourer comme on devrait, on se demande si on le mérite. On est dans une époque où l’on est souvent culpabilisé, parfois par un pouvoir politique. Mais l’être humain, le citoyen, se demande souvent s’il a le droit, s’il a le droit d’être heureux, de vivre telle ou telle chose. Dans le domaine artistique, où soudainement, du jour au lendemain, on vit de sa passion, c’est un luxe, un vrai luxe. Il n’y a pas de mots pour définir ce bonheur de vivre de sa passion. Bien évidemment qu’on se questionne. Heureusement qu’on se questionne sur cette légitimité, pour savoir si on travaille suffisamment pour continuer à vivre cette chance-là.

Pourtant, vos salles sont complètes. Le public a prouvé qu’il était attaché à votre personnalité, à vos chansons et à votre style. 

On peut savourer tout ça et continuer de se poser la question de savoir comment se remettre en question pour respecter cet amour-là. Encore une fois, j’ai vu trop de mes camarades artistes s’asseoir sur le trône de leur réussite, sur leurs acquis, et se dire que tout devrait désormais bien se passer, peu importe la qualité de ce qu’on propose. Moi, je m’absente trois, quatre ans entre chaque projet, pour, quand je reviens, avoir le sentiment d’avoir suffisamment travaillé et d’avoir des choses à dire pour justifier mon retour. C’est la question de la légitimité, de l’imposture. L’émerveillement constant de ce que je vis, c’est aussi une façon de respecter celles et ceux qui m’aiment.

Il y a dans cet album quelques duos iconiques, comme celui de "Paroles, Paroles", d’Alain Delon et Dalida, que vous reprenez avec Sharon Stone. Vous reprenez le rôle de Dalida en inversé. D’où vous connaissez-vous ?

C’était il y a quelques mois, en studio, quand on a enregistré le titre. On s’est retrouvés en studio. Je lui ai dit que j’avais envie d’inverser le rapport de séduction dans la chanson.

Mais la première étape, c’est comment avez-vous contacté Sharon Stone pour lui dire "Viens chanter sur mon disque" ?

Je me suis permis de lui envoyer un message privé sur son compte Instagram, je lui ai écrit : Hello Sharon, c’est Julien Doré. Et j’ai vu que mon message avait été vu, et elle m’a répondu en me disant qu’elle faisait aussi de la peinture, qu’elle avait une exposition à Berlin dans quelques mois, et que l’idée la divertissait. Elle a proposé que l’on se retrouve à Berlin pour enregistrer. Et c’est comme ça que ça s’est fait.

Et là, vous vous êtes dit "Allez, on tente le coup !" ?

Exactement. Mais en fait, depuis, pas l’album précédent, mais encore avant, j’avais écrit un message à Pamela Anderson, et quelques mois après, je me retrouvais sur une plage avec elle, en train de tourner la fin de mon clip. C’est comme quand, il y a 17 ans, après avoir gagné la Nouvelle Star, je me suis dit que dans une époque qui condamne le rêve, je ne devais pas croire qu’une rencontre était impossible. Et c’est pour ça que, quand j’envoie ce message à Sharon Stone, une grande partie de moi croit qu’elle va le lire. Et elle l’a lu. C’est aussi un message pour les jeunes générations d’artistes, et pas seulement pour eux.

Il y a aussi ce duo émouvant avec Francis Cabrel. On sent une grande tendresse. C’est une reprise de "Un homme heureux" de William Sheller, une chanson poignante. Quel rapport avez-vous avec Francis Cabrel ?

C’est l’homme qui m’a donné envie de faire de la musique. Il a marqué ma vie, comme mes parents, à travers ses chansons. C’est lui qui m’a donné envie de prendre la guitare de mon grand-père, que je n’avais jamais touchée, et de chercher des accords. Sans lui, je ne ferai peut-être pas de musique aujourd’hui. Vous imaginez ? Des années après, me retrouver à ses côtés en studio, c’était un moment d’une grande pudeur, d’une grande tendresse. C’était absolument magnifique à vivre. C’était un rêve d’enfant pour moi.

Parlons de votre projet sur les réseaux sociaux. On vous voit en faux sosie, ou en train de faire semblant de vous couper les cheveux, vous vous amusez avec ça. A quel point c’était préparé, orchestré, arrangé ?

J’ai la chance de gérer tout ça tout seul. Mais pour moi, c’est presque la définition du lien que l’on a avec le public. Je n’arrive même pas à comprendre comment ça pourrait être autrement. Tout ça, ce sont des idées qui viennent soit à la dernière minute, soit, effectivement, quand je tourne un clip ou que je suis en studio. Je me dis : Ça pourrait être drôle de faire ça. C’est vraiment une part d’enfance qui parle. J’ai juste besoin de m’amuser avec tout ça. Et avec mes années d'expérience, j'essaye de me rappeler que tout ceci ne sont que des chansons et qu'avec un peu de chance, on peut susciter une émotion, un sourire, un souvenir, mais ça reste des chansons et il faut s'amuser avec tout ça. Il faut essayer de trouver du plaisir là-dedans. Et pour moi, l'humour en est vraiment une source autour de la musique.

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