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Un mois après le début du grand débat, Emmanuel Macron est arrivé jeudi dans un petit village de l'Indre, en plein centre de la France, pour y échanger en petit comité avec des maires et des entrepreneurs, loin des grandes réunions marathons de ces dernières semaines.
Ce débat est le septième du chef de l'État depuis qu'il a lancé, à la mi-janvier, la grande consultation destinée à sortir de la crise des "gilets jaunes", qui doit se terminer dans un mois, à la mi-mars.
Une dizaine de personnes l'ont accueilli en milieu de matinée sous un beau soleil d'hiver à Gargilesse-Dampierre, un bourg du Berry où vivent 300 habitants. Il a commencé sa visite par la "Villa Manceau" de George Sand datant de 1858.
Cette commune n'a pas été choisie par hasard: elle est dirigée par Vanik Berberian, le président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF), qui fédère quelque 10.000 édiles de tous bords politiques.
Aucun "gilet jaune" n'était visible dans le bourg, dont les accès étaient strictement contrôlés par la gendarmerie. Visibles en début de matinée, des tags "Macron démission, Macron dehors" ou encore "RIC" ont été effacés par des employés.
Avec Vanik Berberian, qui lui a offert un "diplôme d'amour" pour la Saint-Valentin, Emmanuel Macron a fait le tour du village, saluant les quelques habitants présents et visitant un bâtiment en travaux qui doit accueillir un café. "On dit qu'un village est mort quand il n'y a plus d'école. Ce n'est pas vrai, c'est quand il n'y a plus de bistrot", a affirmé le maire.
Le chef de l'État doit participera en fin de matinée avec une trentaine de maires de l'Indre à "un débat sur le développement local", selon l’Élysée.
Parmi les maires invités figure André Laignel, maire PS d'Issoudun qui entretient, en tant que vice-président de l'Association des maires de France (AMF) et président du Comité des finances locales, des relations tendues avec M. Macron.
"Après 18 mois où nous (les élus) avons été stigmatisés, il apparaît qu'il y a un changement et on ne peut que s'en réjouir", a-t-il déclaré jeudi, tout en qualifiant la réunion avec le président de "rencontre" et non de "débat".
- "La ruralité, une chance" -
Emmanuel Macron devait également s'entretenir avec le président de la Région Centre Val de Loire, François Bonneau (PS), qui a indiqué vouloir insister auprès de lui sur "la mobilité et les services publics" et souligner que "la ruralité est une chance".
Présent dans l'Indre, Sébastien Lecornu, co-animateur du grand débat et ministre chargé des Collectivités territoriales, plaide pour "un troisième mouvement de la décentralisation" afin de "faire vivre la France des préfectures, des sous-préfectures, des chefs-lieux de canton, des bourgs ruraux".
"Le grand débat national n'est qu'à mi-parcours mais, déjà, des rencontres avec des maires chaque semaine, du témoignage de leur engagement - de leurs frustrations aussi -, je dessine une conviction. Il existe une communauté de destin entre l'État et les collectivités locales: son renouvellement sera l'une des réponses à la crise que traverse notre pays", écrit-il dans une tribune diffusée sur le site du Monde jeudi.
Après le déjeuner avec les maires, Emmanuel Macron se rendra sur le site de l'aéroport de Châteauroux pour discuter, dans les locaux de la société Egide Aviation, avec une cinquantaine d'entrepreneurs de l'Indre. Il sera accompagné des ministres de l'Économie Bruno Le Maire, du Travail Muriel Pénicaud et de la Cohésion des Territoires Jacqueline Gourault.
Cette réunion ne sera pas filmée, alors que la retransmission en direct des précédents débats a été critiquée par l'opposition. La droite comme la gauche a dénoncé "une campagne électorale déguisée" menée par le président et la majorité avant les Européennes du 26 mai.
Parallèlement à Emmanuel Macron, le Premier ministre Édouard Philippe est attendu jeudi soir dans le Finistère pour une réunion du grand débat, également centré sur les questions rurales, au lendemain de sa participation à un débat télévisé rude et "intense", selon ses mots, face à dix Français.