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Loin des ondes, Nicole Ferroni s'indigne toujours... en vers contre tout

Avant de devenir prof, elle détestait écrire mais manie aujourd'hui la métaphore et la rime avec brio: observatrice acérée du monde tel qu'il ne va pas, l'humoriste Nicole Ferroni continue de s'indigner, en vers et contre tout, loin des ondes radiophoniques.

Depuis mercredi, sa verve s'entend dans les bars de Marseille, son port d'attache où, à l'invitation du Théâtre du Gymnase, l'ancienne chroniqueuse s'essaye à la poésie.

"Un registre qui est un peu différent de ce pour quoi les gens me connaissent médiatiquement", admet celle qui vient de fêter ses quarante ans. Même si l'humour, et la politique, ne sont jamais loin dans cette tournée de "vers".

"Il en va du balcon de ce théâtre comme de beaucoup de discours en période électorale, à savoir qu'il repose sur du creux", lance-t-elle pour justifier sa présence dans un bar plein à craquer du haut de la Canebière, artère emblématique du centre de Marseille, plutôt que sur la scène du Gymnase. Le théâtre à l'italienne est fermé pour travaux car il menaçait de s'écrouler.

Dans ce spectacle, "j'avais envie d'assumer aussi le fait que je pouvais faire des textes tristes. Il y a des thématiques qui concernent Marseille pour lesquelles je n'ai pas envie de faire rire, ce qui m'arrivait d'ailleurs parfois en chronique", raconte-t-elle.

Certains poèmes sont de son cru, d'autres empruntés à des auteurs liés à Marseille.

"Je ne peux pas rendre les choses légères quand elles sont lourdes" mais "j'ai quand même envie d'en parler", poursuit l'humoriste, remerciée par France Inter à l'été 2021, après sept ans de chroniques matinales. Un divorce à l'amiable qui, s'il l'attriste, lui a permis de se délester d'une "espèce de responsabilité" devenue difficile à assumer.

"Il y a ce danger de l'influence et j'y pense en ce moment parce qu'on est en période électorale. Je me suis retrouvée en 2017 avec des gens qui me demandaient sur Internet: Nicole, pour qui vous allez voter?", ajoute-t-elle, évoquant "un côté un peu gourou" dérangeant pour cette fille de prof.

Quoique parfois payant. Comme lorsque, après plusieurs billets sur la pêche électrique et une passe d'armes sur les réseaux sociaux avec le président de la commission pêche du Parlement européen, cette pratique s'est finalement vue totalement interdite en Europe.

"C'est une des fois où, d'un côté j'avais un sentiment de travail accompli, et de l'autre, je trouvais vraiment flippant de me dire que si je parle d'un sujet, ça peut faire basculer un vote au Parlement européen".

- "Tirer la pelote" -

"Sa présence me manque, comme ce qu'elle apportait avec ses dossiers de niche", comme la loi "secret des affaires" ou le sort administratif des enfants décédés, témoigne Charline Vanhoenacker, sa complice des matinales sur la radio publique.

"C'est une grosse bosseuse avec plein de combats qui lui tiennent à coeur (...), absolument cohérente entre ce qu'elle dit et ce qu'elle fait", ajoute-t-elle.

"Je me ressemble", confirme l'intéressée.

Quand elle a débuté le théâtre amateur au collège à Aubagne, sa ville d'origine près de Marseille, l'aspirante comédienne est tout de suite sentie plus à l'aise dans le registre comique.

"Quand on faisait des impros, plus le thème était absurde, plus elle se régalait et en plus, elle entraînait les autres", raconte Martine Alène, qui animait avec son mari l'atelier de la MJC où l'humoriste a fait ses classes.

"Nicole, elle aime le mélange, elle s'adapte à tout le monde", ajoute-t-elle. Du grand patron à l'aide-soignante, l'ancienne prof de SVT, qui s'est pacsée pour ne pas être mutée en région parisienne puis a travaillé dans les quartiers défavorisés de Marseille, se plaît à naviguer de l'infiniment grand à l'infiniment petit.

Comme l'écriture, la politique est venue sur le tard. "Ce n'était pas un domaine qui m'intéressait, jusqu'à ce que j'arrive en matinale. Je ne savais pas ce qu'était un député, ni la différence entre Assemblée et Sénat", confesse-t-elle.

"En fait, mon engagement politique est beaucoup venu de l'observation et de la connaissance. J'ai cet amour maintenant de tirer la pelote jusqu'au bout", explique-t-elle. "Avant, je ne savais pas donc je n'étais pas en colère".

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