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Une rencontre prévue mardi matin au Sénat entre des sénateurs et une délégation de "gilets jaunes", dont Eric Drouet, l'une des figures du mouvement, a été annulée à la dernière minute, du fait de "risque de trouble à l'ordre public".
"On ne peut pas dire encore si c'est ma présence ou pas qui dérange ou si c'est cette réunion-là en elle-même qui dérange au gouvernement", a réagi Eric Drouet sur BFMTV.
"On avait un rendez-vous à 10H00 qui a été annulé vingt minutes avant avec le motif de la trop grosse ampleur médiatique que ça a pris", a-t-il expliqué à l'AFP. "On est ouverts, on est présents, là, on a pris un rendez-vous, on était là, prêts à discuter. Et encore une fois, on s’oppose à un mur. Ca ne vient pas du Sénat je pense, mais plutôt du gouvernement".
Me Philippe de Veulle, cofondateur du collectif "Robes noires et gilets jaunes", qui faisait partie de la délégation, a lui aussi pointé "des motifs politiques de haut niveau, des interférences".
Un rassemblement de "gilets jaunes" est prévu en début d'après-midi devant le Sénat. "Il y aura une grosse mobilisation cet après-midi (mardi) à 14H30", a promis Eric Drouet.
La présidente de la commission spéciale sur le projet de loi Pacte, Catherine Fournier (centriste), ainsi qu'un des corapporteurs, Jean-François Husson (LR), devaient recevoir une délégation de "gilets jaunes" au sujet de la privatisation programmée d'Aéroports de Paris (ADP).
Lundi soir, la délégation a rendu publique cette rencontre, entraînant sa médiatisation. Mardi un certain flottement a régné jusqu'au dernier moment sur le lieu où elle pourrait se tenir, avant qu'elle ne soit finalement annulée, sur décision de la présidence du Sénat.
"Manifestement, dans la composition de la délégation, en dernière minute, certaines figures médiatiques se sont invitées dans la ronde", a indiqué M. Husson, visant Eric Drouet.
"On ne peut pas se laisser instrumentaliser à la dernière minute par un tel comportement", a expliqué à l'AFP Mme Fournier. "Pourquoi faire un tel buzz médiatique ?"
Les sénateurs ont réfuté toute pression du gouvernement, comme l'ont évoqué les "gilets jaunes". "Le Sénat n'a jamais travaillé sur intimidation ou sur pression", a affirmé Catherine Fournier. Reconnaissant avoir reçu un appel du ministre de l'Economie Bruno Le Maire, elle a souligné que "ce n'est pas ce qui a finalement déclenché la décision".
L'annulation "n'a rien à voir avec l'exécutif, sous aucune forme", a pour sa part assuré sur LCI la secrétaire d'Etat Emmanuelle Wargon.
Un peu plus tôt dans la matinée, son collègue Julien Denormandie s'était dit "heurté" par le fait qu'Eric Drouet est reçu au Sénat. "Qu'une délégation des gilets jaunes soit reçue au Sénat, je (ne) suis pas choqué. Que M. Eric Drouet soit reçu au Sénat, ça, ça me heurte. (...) Ca me heurte parce que cet individu, il a appelé à marcher sur l'Elysée"
Les sénateurs commenceront mardi après-midi l'examen du projet de loi Pacte, en nouvelle lecture. Mais les débats devraient tourner court puisque la commission spéciale va proposer une motion tendant à rejeter le texte d'emblée, qui a toutes les chances d'être adoptée.
En première lecture, le Sénat s'était opposé à plusieurs mesures phare du texte, notamment la privatisation d'ADP et de la Française des jeux.
Le texte doit être adopté définitivement par le Parlement jeudi, via un ultime vote de l'Assemblée nationale, qui a le dernier mot.