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Nous rencontrons à Jodoigne un entrepreneur dans une maison en pleine construction. Les blocs de béton ont déjà été maçonnés, mais il manque toute la partie supérieure de la maison. "On est en attente et le chantier est à l'arrêt à cause de ça. Tant qu'on n'a pas les matériaux, on ne sait pas avancer", explique Raphaël Bertrand.
On doit refaire le devis, donc il faut qu'on explique ça au client
Les travaux sont non seulement à l'arrêt, mais les délais continuent de s'allonger. L'ossature en bois qui devait être installée sur les blocs de béton comptent deux mois de retard. "Le devis qu'on avait établi, vu que les bois ont augmenté, on doit refaire le devis. Donc il faut qu'on explique ça au client et qu'il comprenne la situation. A ce moment-là, une fois qu'il a accepté la modification de prix, on continue", nous indique le gérant d'une menuiserie, spécialiste en éco-construction.
Chez nous, depuis l'an dernier, la filière bois peine à répondre à l'explosion de la demande. Conséquence: les prix augmentent fortement. "Voici un exemple, l'OSB (ndlr: panneaux composés de copeaux de bois liés sous pression par une résine), le prix a fait plus ou moins fois quatre, donc 400%", confie Raphaël Bertrand.
Les prix ont doublé chez un marchand de bois à Namur
Nous nous rendons chez un distributeur de bois à Namur. Sapin, chêne, OSB, laine de bois ou multiplex: les prix n'en finissent pas de grimper. Nous croisons un client qui profite des vacances pour embellir sa terrasse. "On sait que ça a augmenté. On sait que c'est de plus en plus compliqué, et voilà, toutes les dimensions n'y sont pas, mais on s'adapte et on fait avec ce qu'il y a", précise Pierre-Antoine.
Décision de Donald Trump + demande en hausse = pénurie et prix élevés
L'une des principales explications de cette hausse des prix est à chercher du côté des États-Unis. Une taxe décidée en fin de mandat par Donald Trump est venue frapper les bois canadiens. Par conséquent, les Américains se fournissent en Europe, en pleine crise sanitaire où la demande reprenait en force. "Principalement les pays scandinaves. Eux ont payé des prix très élevés, donc de ce fait-là le marché est devenu très élevé. De plus, il y a eu une augmentation également de la demande. Tout ça fait en sorte que les prix ont doublé", explique Stéphane Scaillet, gérant du magasin de bois où nous nous sommes rendus.
Prenons le cas des sinistrés. Eux qui doivent reconstruire absolument maintenant, ils n'ont pas beaucoup le choix que de payer au prix du jour
Cette pénurie tombe très mal pour certains particuliers. Les récentes inondations n'ont rien arrangé. "J'ai des craintes vis-à-vis de la classe moyenne, qui va avoir du mal à se payer ce genre de choses. Prenons le cas des sinistrés. Eux qui doivent reconstruire absolument maintenant, ils n'ont pas beaucoup le choix que de payer au prix du jour, et ce prix du jour est très fort pour l'instant", indique Stéphane Scaillet.
En Belgique, quatre entreprises sur cinq sont touchées par cette pénurie de matériaux. Deux tiers accusent des retards de deux semaines, un tiers des délais d'un mois au minimum.