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La ministre propose d'instaurer un "âge de la retraite souple" : tous les travailleurs qui afficheront 42 ans de carrière à leur compteur pourront désormais accéder à la retraite anticipée dès 60 ans. Pour le moment, pour partir à 60 ans, il faut 44 ans de carrière, il en faut 42 pour partir à 63 ans et 43 pour partir à 61 ou 62 ans. Pour Karine Lalieux, ce système était injuste : "Les personnes qui n'ont pas fait de longues études, qui ont commencé à travailler très jeunes, souvent dans des métiers pénibles et qui ont une espérance de vie plus courte doivent travailler plus longtemps avant de pouvoir partir à la pension anticipée. Nous mettons fin à cette injustice sociale".
Des incitants positifs pour poursuivre le travail
Consciente de l'importance de maintenir les gens plus longtemps à l'emploi pour garantir la soutenabilité du système, la ministre des Pensions propose également deux "incitants positifs" à ceux qui poursuivront leur job après 42 ans de carrière : un bonus pension - soit une prime de 2 euros bruts de pension pour chaque jour travaillé en plus - et une pension à temps partiel, laquelle pourra être prise à mi-temps ou à 1/5 temps.
Concernant le bonus pension, il serait accessible jusqu'à la pension complète et pendant trois ans maximum. Un tel bonus représenterait, pour une personne travaillant trois années supplémentaires, une augmentation de 100 euros nets par mois, assure la ministre. La réintroduction du bonus pension, supprimé depuis le 1er janvier 2015, est l'une des mesures phare de la deuxième phase de la réforme des pensions envisagée.
Pour bénéficier de la pension minimum, par contre, il faudra pouvoir prouver qu'on a travaillé durant un certain nombre d'années. Le nombre d'années prévues n'est pas arrêté au sein du gouvernement, jusqu'ici on parle de 10 ans de 104 jours par an. De même, le gouvernement souhaite que tous les travailleurs puissent se payer une pension complémentaire à hauteur de 3% de contribution. Il renvoie cependant aux syndicats et patrons le soin de trouver comment parvenir à cet objectif.
Réduire les inégalités subies par les femmes
La ministre assure aussi dans Le Soir et Sudpresse vouloir peu à peu éliminer de manière structurelle les inégalités subies par les femmes. "L'écart salarial entre hommes et femmes est de 23 % au détriment des femmes, bien sûr. Au niveau des pensions, on monte à 33 %. Les femmes s'occupent souvent des enfants, des parents âgés. Parfois, on ne leur offre que des métiers à mi-temps et si elles n'ont travaillé qu'à temps partiel, elles n'auront pas droit à la pension minimum, etc. J'ai donc fait valoriser de 33 % ce calcul proportionnel, soit une mesure positive pour les femmes et les temps partiels".
Mme Lalieux garantit enfin que sa réforme est neutre budgétairement mais aussi que "ce n'est pas une réforme pour faire des économies" : "Les pensions ne sont pas une variable d'ajustement. Le système de pensions, ce n'est pas un coût, c'est l'ensemble des revenus de 2,2 millions de personnes aujourd'hui (...) Du reste, ces gens dépensent, sont des vecteurs de croissance".
D'autres objectifs sont fixés, à plus long terme, comme tenir davantage compte des réalités familiales ou encore rendre le calcul de sa pension plus transparent. Attention, il ne s'agit ici encore que d'un projet et non d'une version définitive. Les textes, à négocier au sein de la coalition Vivaldi, seront déposés lundi. Ils seront ensuite envoyés à la chambre, pour les débats parlementaires.