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La ville de Verviers, à 20 km au sud-est de Liège, a été durement touchée par les inondations causées par la crue de la Vesdre, principalement dans la nuit de mercredi à jeudi et provoquant plusieurs décès et des dégâts matériels considérables. Le débit des eaux de la Vesdre est contrôlé notamment par deux barrages en amont, celui d'Eupen et celui de la Gileppe (voir carte ci-dessous).
Des voix critiques s'élèvent à propos de la gestion du barrage d'Eupen, a introduit notre présentateur Antoine Schuurwegen avant de demander à la bourgmestre Muriel Targnon si elle avait l'intention de réclamer des comptes sur cette gestion possiblement défaillante.
Je pense que la journée précédente, on aurait pu anticiper et nous dire de prendre toutes les mesures
"Mercredi soir, on a déclaré à la bourgmestre faisant fonction que le barrage n'allait pas délester pendant la nuit. Et à 3 ou 4 heures du matin, une vague est arrivée sur Verviers et d'autres communes tel un tsunami. La vallée de Verviers a été noyée sous trois mètres d'eau en une demi-heure. Il y a là, effectivement, une responsabilité qu'il faut comprendre. Il aurait dû y avoir du délestage à l'avance. On ne comprend pas pourquoi ça n'a pas été délesté avant et surtout pourquoi on a délesté en plein milieu de nuit, sans prévenir aucune autorité, c'est quelque chose d'incompréhensible à l'heure actuelle. On aurait pu éviter des vies humaines et des dégâts considérables. On n'aurait pas pu éviter certains dégâts parce que si le barrage était près de craquer, effectivement il fallait délester. Mais je pense que la journée précédente, on aurait pu anticiper et nous dire de prendre toutes les mesures. Il a été confirmé à la ville de Verviers qu'il n'y aurait pas d'inondations dans la ville", a affirmé la bourgmestre.
Damien Ernst: un système européen avait prévenu la Belgique d'un haut risque d'inondations
Les propos de la bourgmestre font notamment écho à ceux de Damien Ernst, professeur à la faculté des sciences appliquées de l'université de Liège, qui estime qu'il y a eu une grosse erreur commise au niveau du barrage d'Eupen. S'appuyant sur l'article d'un journal britannique, Damien Ernst a déclaré que la Belgique avait été "notifiée dès le 10 juillet ( le samedi pas le lundi !!! ) par l'European Flood Awareness System de hauts risque d'inondations et n'a pas pensé à vider en partie le barrage d'Eupen de manière préventive."
Un délestage commencé mercredi en fin d'après-midi
Précisons que le barrage d'Eupen a bel et bien été délesté, comme en atteste un communiqué de la Province de Liège publié le mercredi 14 juillet dans l'après-midi, donc quelques heures avant la terrible nuit au cours de laquelle des flots ont déferlé dans plusieurs localités de la vallée de la Vesdre. Le barrage d'Eupen n'était plus en mesure de contenir le surplus d'eau lié à la crue de la Vesdre provoquée par les précipitations exceptionnellement abondantes des derniers jours et des dernières heures. Vers 17h, une opération de délestage avait démarré afin de faire sortir autant d'eau qu'il n'en rentrait, ceci pour préserver le barrage. "Le barrage du lac d'Eupen est surchargé et déleste le surplus d'eau. Etant donné le débit déjà très important de la Vesdre, des débordements supplémentaires seront à craindre dans les régions suivantes ces prochaines heures : Eupen, Membach, Limbourg, Verviers, Pepinster, Trooz, Chaudfontaine et Chênée", pouvait-on lire dans un communiqué publié sur la page Facebook Info Météo. Le barrage de La Gileppe n'avait, lui, pas atteint sa saturation.
Niveau de précipitations exceptionnel
Des "débordements" dans la nuit de mercredi à jeudi semblaient donc inévitables. Aurait-il fallu délester plus tôt le barrage d'Eupen dans la journée de mercredi ou même les jours précédents afin d'empêcher cela ? C'est sans doute la question qui se pose. Certaines voix répondront que les précipitations ont été des niveaux hors norme difficilement prévisibles. L'Institut royal météorologique (IRM) a enregistré un record de précipitations sur 48 heures en province de Liège, avec plus de 271 mm relevés à Jalhay et 217 mm à Spa. "C'est exceptionnel", avait annoncé vendredi le responsable des prévisions météorologiques David Dehenauw sur Twitter. "Cela arrive statistiquement une fois en 200 ans. Normalement on relève 100 mm en juillet dans ces régions", a-t-il ajouté. Selon l'IRM, les quantités de précipitations relevées entre les 13 et 15 juillet dans l'est et le centre du pays, étaient pour la plupart très abondantes et même extrêmes pour certaines.