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En fin de vie, nos pneus usagés sont brûlés ou déchiquetés pour être recyclés. Mais une seconde vie se développe aujourd’hui à échelle industrielle: le reconditionnement. Découverte de cette méthode, qui refait du neuf avec du vieux.
30 000km au compteur pour ces pneus. Caoutchouc trop lisse et craquelures apparentes, il est grand temps de les remplacer. Chaque seconde en Europe, ce sont six pneus qui arrivent en fin de vie, pour un total de 200 millions en une année. Si beaucoup sont brûlés ou envoyés au recyclage, certains peuvent prétendre à un traitement circulaire : le reconditionnement.
Nous sommes dans une ancienne usine de pneus neufs reconvertie en 2023. Chaque semaine, une dizaine de milliers de pneus usagés arrive ici.
"Au total, on garde environ 20% des pneus qui arrivent dans la benne. Il y a trois niveaux de tri. Le troisième tri fin qui permet de les mettre en stock pour pouvoir les utiliser après", explique Bertrand Saint-Supéry, responsable qualité Blackstar.
Les heureux élus sont ensuite râpés. Un processus qui permet de revenir à la carcasse. "On a trié le pneu, on l’a râpé, c’est-à-dire qu’on l’a ramené à son état d’origine et on va lui remettre une bande de roulement qui a été fabriquée dans l’usine et qui a été conçue spécifiquement pour ce pneu-là avec une hauteur, une largeur et une composition de gomme spécifique. Et on va venir assembler le pneu", indique Laurent Cabassu, directeur général Blackstar.
Comme un cordonnier ressemelle une chaussure usée, le pneu est ici doté d’une nouvelle peau. Il est ainsi composé de 80% de matériel recyclé et de 20% de neuf. Cette fabrication permet d’économiser jusqu’à 63% de CO2 par rapport à une production classique.
Assemblé puis chauffé, le produit final passe enfin par une batterie de tests. Les mêmes que ceux subit par les pneus neufs. "Le principe, c’est surtout la performance que l’on va mesurer, donc la capacité à freiner et à tenir sur la route. On sait très bien le mesurer et là on a des tests qui prouvent que notre pneu fonctionne aussi bien qu’un pneu neuf équivalent", assure Laurent Cabassu.
Il y a un petit peu de la réticence des clients au début
Une fois en magasin, ils sont vendus dans les mêmes gammes de prix que les neufs, mais les clients sont parfois un peu frileux."Les qualités de ce pneu par rapport à un pneu neuf, c’est qu’au niveau de l’adhérence, de la distance de freinage, c’est plus ou moins identique. Il y a un petit peu de la réticence des clients au début, mais une fois qu’on explique le processus et les contrôles qualité qui vont avec, ils sont parfois plutôt enthousiastes", confie Alexandre Hocquet, manager adjoint Auto5 Drogenbos.
En Europe, les vendeurs ont obligation de récupérer les pneus usagés. Au lieu de les envoyer au recyclage, ce type de partenariat leur permet de récupérer au final un nouveau produit à vendre.
"Ici, pour chaque pneu acheté, on récupère la carcasse de l’ancien qui est ensuite renvoyée à l’usine et qui est reconditionnée pour être ensuite remise en circulation", assure Alexandre Hocquet.
Ainsi reparti sur les routes, ces pneus pourront revivre des dizaines de milliers de kilomètres…sauf bien sûr, s’ils sont utilisés avec exagération.