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Face aux changements climatiques, nos forêts wallonnes présentent des signes de dépérissement. Pour soutenir nos essences locales en difficulté, de nouveaux arbres sont importés et testés sur des parcelles expérimentales. Des arbres du sud de l’Europe, plus résistants, et qui pourraient faire partie de nos forêts de demain.
Records de température, sécheresses successives et parasites: nos forêts sont à la peine face aux changements climatiques. À titre d'exemple, quelques centaines d’hectares de chênes sont morts lors des dernières sécheresses.
Le rythme des changements est trop soutenu pour que nos forêts puissent s’adapter. Alors il a fallu mobiliser des renforts. Le projet Trees For Future a ainsi planté depuis 2018, des dizaines de milliers d’arbres sur des terrains expérimentaux. Pin noir de Corse, Sapin de Nordman, ou encore Cèdre de l’Atlas: les essences sélectionnées proviennent toutes du sud de l’Europe.
"On s'attend à ce que ce soient des essences plus adaptées à la chaleur que l'on s'attend à avoir en Belgique", explique Lola Badalamenti, chargée de projet.
Des espèces plus résistantes, mais qui doivent aussi avoir une valeur économique intéressante, ne pas être invasives, ni porteuses de maladies ou de parasites. Pour les tests les plus concluants, l’idée est ensuite de les implanter dans des parcelles de forêts bien précises.
Non pas pour remplacer nos arbres, mais bien, pour les soutenir. "L’introduction des espèces rentre dans un cadre de migration assistée, on anticipe la migration naturelle du climat et donc aussi la migration que devraient faire ces espèces pour suivre ce climat. Mais avec les changements climatiques, cette migration arrive trop vite. Nos espèces forestières n'arrivent pas à migrer suffisamment rapidement. Donc, on le fait à leur place pour anticiper ce phénomène", précise Lola Badalamenti.
Ces jeunes arbres ont aujourd’hui seulement 5 ans, mais ils seront amenés à traverser les décennies futures et leurs lots de défis climatiques. Si la technique de migration assistée est prometteuse, elle s’inscrit aussi dans une réflexion plus large de gestion des forêts.
"On est dans une phase de changement et donc, tout ça doit changer en même temps. On aura une forêt différente avec des résidus de forêt actuelle et des introductions, mais ça, c'est à très long terme", avance Hugues Claessens, professeur de sylviculture et écologie forestière.
Une forêt du futur, qui devra à la fois être plus diversifiée, plus résiliente et aussi économiquement viable. Car le bois utilisé dans 50 ans sera celui de ces jeunes pousses qui auront su vivre et grandir dans un climat bousculé.