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(Belga) Une guerre en Libye pourrait pousser plus de 800.000 migrants vers les côtes européennes, a prévenu lundi Fayez al-Sarraj, le chef du Gouvernement d'union nationale (GNA), dans des entretiens à deux journaux italiens.
"Il n'y aurait pas seulement 800.000 migrants potentiellement prêts à partir, il y aurait les Libyens fuyant cette guerre, tandis que dans le sud de la Libye les terroristes de l'EI (Etat islamique) ont repris leurs actions", a martelé M. Sarraj au quotidien La Republicca. La Libye est un pays de destination et de transit vers les côtes européennes pour des migrants africains, qui y seraient plusieurs centaines de milliers. "Nous sommes face à une guerre d'agressions qui pourra diffuser son cancer dans toute la Méditerranée. L'Italie et l'Europe doivent être unies et fermes pour bloquer la guerre d'agression de Khalifa Haftar, un homme qui a trahi la Libye et la communauté internationale", a-t-il ajouté, en soulignant que les destructions vont aussi affecter les "pays voisins". De combats violents opposent depuis le 4 avril en banlieue sud de Tripoli les forces du Gouvernement d'union nationale, reconnu par la communauté internationale, à l'Armée nationale libyenne autoproclamée du maréchal Haftar, l'homme fort de l'est libyen, qui souhaite s'emparer de la capitale, siège du GNA. "Le général Haftar dit qu'il attaque les terroristes, mais ici il n'y a que des civils", souligne encore M. Sarraj, qui appelle la communauté internationale à l'aide dans des extraits d'un entretien donné au quotidien Corriere della Sera. "Ils sont en train d'attaquer les structures civiles, les routes, les écoles, les maisons, l'aéroport et les structures médicales: ambulances et hôpitaux". Alors que le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini (extrême droite), martèle depuis plusieurs jours que les ports italiens resteront fermés, le vice-Premier ministre Luigi Di Maio a immédiatement réagi aux propos de M. Sarraj: "Nous ne permettrons jamais que 800.000 migrants arrivent en Italie". M. Di Maio a aussi répété qu'en matière migratoire, l'ensemble de l'Europe devait intervenir à travers "une politique de redistribution des migrants" et "une politique de coopération pour stabiliser la Libye". L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a pour sa part assuré sur les réseaux sociaux qu'il était "impossible de prédire le nombre de personnes qui pourraient partir de la Libye". "Actuellement la préoccupation est pour la sécurité des civils et des migrants dans le pays", a-t-elle ajouté. Au moins 147 personnes ont été tuées et 614 autres blessées depuis le lancement d'une offensive du maréchal Haftar le 4 avril contre Tripoli, selon un nouveau bilan publié lundi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). (Belga)