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Caméras miniatures, chargeurs de téléphone sur écoute : comment les espions russes travaillent-ils en Belgique?

La Belgique a décidé d’expulser 21 diplomates russes, soupçonnés d’espionnage. Cela soulève pas mal de questions, notamment combien y a-t-il d’espions aujourd’hui en Belgique ? Où et comment travaillent-ils ? Pour le savoir, nous avons rencontré un ancien haut-responsable du KGB.

L’ambassade russe, au cœur des bois, en bordure de Bruxelles. Derrière les murs de ce bâtiment, s’y trouvent des diplomates évidemment, mais aussi des espions. Il y en aurait une centaine à Bruxelles. Sergueï Jirnov a travaillé pour le KGB entre 1984 et la fin de l’Union soviétique, puis encore une année.

Pour lui, c’est clair : les espions russes sont partout dans notre capitale. D’autant qu’en plus de ces espions dits "officiels", il y a tous les autres. "N’importe quel Russe qui se trouve sur le territoire de Belgique peut travailler pour les services d’espionnage. Et enfin, nous avons la filière clandestine. Là, on peut jouer, même nos (espions) illégaux, nos clandestins peuvent jouer. On peut leur fabriquer une légende (Ndlr: une fausse identité ou vie)", explique cet ancien haut-responsable du KGB.

Avec l’OTAN, les institutions européennes et toutes les entreprises qui gravitent autour, Bruxelles est évidemment une cible de choix. Mais comment espionne-t-on en 2022 ? Comment les Russes s’y prennent-ils ? Les espions n’agissent pas directement. Ils recrutent dans l’institution visée quelqu’un qui collectera les informations. "On les appelle, la plupart du temps, les officiers traitants. Ça veut dire qu’eux, ils vont recruter les sources et les agents, et ils vont traiter (les diriger), les encadrer, leur demander des documents qui nous intéressent", poursuit Sergueï Jirnov.

Les conseils de la Sûreté de l'État

Il existe, en trois clics, facilement disponible sur Internet des caméras bic, des systèmes d’écoute dans des chargeurs de téléphone ou une boîte à mouchoir espion. Des technologies à l’ancienne, toujours très utiles aujourd’hui. "La personne qui travaille au Palais royal de la Belgique, il a quand même du mal à peut-être sortir avec une valise de documents secrets de Sa Majesté. Du coup, on va l’équiper avec des lunettes munies d’une caméra, avec un stylo avec une caméra, avec un scanner qui peut être caché dans n’importe quel objet usuel", détaille-t-il.

L’espionnage à l’ancienne est donc toujours une réalité. C’est pour cela que la Sûreté de l’État – nos services secrets – a publié une brochure à l’attention de ceux qui pourraient être la cible d’un officier traitant. Il faut, par exemple, se méfier d’une nouvelle amitié soudaine, éviter d’avoir des conversations sur des sujets sensibles dans des lieux publics, surtout lorsque l’on travaille dans des lieux de pouvoir, comme des cabinets ministériels, par exemple.

Bruxelles est une ville d’espions, mais pas que russes. S’ils habitent à Bruxelles, c’est pour récolter des informations physiquement. Le cyber espionnage peut se pratiquer depuis l’étranger sans s’exposer directement.

L'interview de Sergueï Jirnov, version longue:

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