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L'inquiétude monte chez les doubleurs et les traducteurs, ce sont des professions indispensables jusqu'à présent pour les industries du livre et du cinéma. De nombreux contrats sont supprimés déjà maintenant ou revus à la baisse à cause de l'IA, l’intelligence artificielle.
Les entreprises ont de plus en plus recours à l’IA et il se pourrait que les doubleurs et les traducteurs perdent leur boulot. Or, ils se défendent en affirmant que dans ces domaines artistiques, c'est la touche humaine qui fait la différence.
"L'IA a volé mon travail, du jour au lendemain", c'est le genre de phrase qu'on entend de plus en plus souvent chez les écrivains-traducteurs. Ils sont confrontés à une dégradation des conditions de leur activité. Dans un article récent, Le Figaro a recensé de nombreux témoignages. Les maisons d'édition préfèreraient se tourner vers l'intelligence artificielle pour faire des économies. Et quand ils conservent quelques contrats, ils ne sont plus considérés comme auteurs mais prestataires de services. Ainsi, un traducteur quadragénaire a déclaré au Figaro: "On me demande désormais d'éditer à la marge des textes qui ont préalablement été traduits par une machine."
Pour l'instant, cela concerne principalement des livres pratiques, des recettes de cuisine, des ouvrages de développement personnel ou occasionnellement des biographies de stars. Mais ces domaines représentent 90% de l'édition et donc l'essentiel de leurs revenus.
La BD serait également impactée et notamment les productions de webtoons dont les lecteurs sont moins exigeants sur le texte que sur l'image.
Quant aux comédiens spécialisés dans le doublage, là aussi la catastrophe est à leur porte. La semaine dernière, un scandale a éclaté aux États-Unis quand l'actrice Scarlett Johansson s'est rendu compte que Sky, une filiale de ChatGPT, utilisait une voix inspirée de la sienne. Si cela peut arriver à Scarlett Johansson, qu'en sera-t-il de ces milliers de comédiens et de comédiennes qui vivent du doublage ou de l'enregistrement de livres audio?
Un marché en plein développement qui représente déjà 15% de l'édition aux États-Unis contre 2% en France. Un logiciel permet de choisir entre la voix d'un comédien et plusieurs voix synthétiques. Pour produire la version audio d'un ouvrage de 250 pages, il faut environ 10 heures d'enregistrement en studio avec un comédien. L'IA va 10 fois plus vite et c'est 10 fois moins cher.
Reste un ultime bastion où l'humain a encore ses chances, la traduction d'ouvrages littéraires de qualité.
Dans les années 80, le traducteur Hugo Claus avait été primé parce qu'il traduisait son néerlandais flamand en français de Belgique et pas en français standard. Impossible pour l'IA.
Et n'oublions pas qu'au XIXe siècle, Edgar Allan Poe, méconnu en Angleterre, a connu la gloire grâce aux versions françaises de ses livres. Son traducteur ne s'appelait pas ChatGPT mais Charles Baudelaire.