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Jordan et David, des prénoms d’emprunt, ont 13 et 16 ans. Ces adolescents vivent dans un foyer à Wezembeek-Oppem depuis un an à cause d’une situation familiale chaotique.
"J’habitais chez mon père. Il était alcoolique. Il a violé ma belle-mère et l’a menacée de mort", confie Jordan. "J’étais en famille d’accueil, cela s’est très mal passé. Il y avait des disputes fréquemment, des insultes, on lançait des choses", témoigne David.
"Ce sont des bouées de sauvetage"
La décision judiciaire ultime pour protéger l’enfant de violences intrafamiliales, c’est son placement en structure d’accueil d’urgence. Un environnement neutre qui est nécessaire pour se reconstruire. "Ce sont des bouées de sauvetage et en même temps cela leur permet d’avoir une vie un peu comme tous les autres enfants, qu’il n’y ait pas de différence entre lui et un autre", explique Azladi Khalid, directeur du pensionnat Jules Lejeune.
Des délais d'attente "tout à fait inacceptables"
Le problème, c’est que ces foyers manquent de places. Certains jeunes doivent même séjourner dans des hôpitaux alors qu’ils n’ont pas besoin de soins. Rien qu’à Bruxelles, plus de 500 enfants en danger sont inscrits sur liste d’attente. "Dans ces situations de danger que nous devons traiter avec des enfants à protéger, nous ne sommes pas capables aujourd’hui d’apporter une solution satisfaisante. C’est-à-dire que bien souvent nous devons éloigner un enfant de son milieu familial parce que nous n’avons aucun autre choix et il n’y a pas de places disponibles avant un délai très long. Bien souvent, un an et demi, deux ans, parfois trois ans pour des prises en charge. Ce qui évidemment tout à fait inacceptable", déplore Olivier Mallinus, juge de la jeunesse à Bruxelles.
Rencontre avec la ministre
Trois juges de la jeunesse bruxellois se sont fait entendre ce jeudi après-midi par Valérie Glatigny, la ministre de l’Aide à la jeunesse. Leur espoir pour le futur est de réunir les ministres concernés pour refinancer le secteur.
Selon la ministre, cette réunion a permis d'objectiver et de préciser les besoins du secteur, tout en reconnaissant que celui-ci ne pouvait traiter seul les besoins des jeunes en difficultés. "Bien que des moyens conséquents aient été débloqués depuis le début de la législature, nous devons avoir l'humilité de reconnaître que nous n'avons pas rencontré tous les besoins. Des mesures doivent être prises et le seront, notamment en termes d'objectivation de ces besoins", a commenté la ministre dans un communiqué publié à l'issue de la réunion.