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Le secteur des accueillantes pour enfants est en pénurie. Pour y remédier, les représentants du secteur ont lancé une campagne pour tenter de rendre ses lettres de noblesse au métier.
À 51 ans, Martine est accueillante depuis 2002. C'est un choix des plus logiques pour elle : "Pour moi, c'est le plus beau métier du monde, je ne voudrais pas en changer pour rien au monde. C'est magique les enfants".
Concrètement, ce metier consiste à accueillir jusqu'à 4 enfants chez soi, à temps plein et jusqu'à 5 en même temps, afin de les accompagner de la naissance jusqu'à la scolarité.
Après avoir traversé certaines difficultés, elle a pu poursuivre son métier grâce au changement de statut du secteur. Auparavant simples conventionnées, les accueillantes sont maintenant salariées garantissant un certain revenu.
Mais aujourd'hui le secteur est tout de même en difficulté. Catherine Mulkers, est présidente de la coordination des services d'accueil d'enfants de la Fédération Wallonie-Bruxelles. "On a une pénurie aujourd'hui de places d'accueil. Les familles sont désespérées, ne trouvent pas de place d'accueil et on est, nous au niveau du secteur, très inquiets pour l'avenir".
Selon elle, cette pénurie s'explique surtout par une raison principale : "Par rapport à quelqu'un qui va postuler dans une crèche, il postule dans une crèche, il va aller travailler dans la crèche. Nous les accueillantes d'enfants à domicile, dans la constitution d'un dossier de candidature, il y a effectivement le volet candidature de la personne, mais aussi tout le volet infrastructure. Donc il faut que la maison puisse répondre à certaines normes".
Dans l'esprit des gens, ça reste encore quelque chose de l'ordre du domestique
Il faut dire que le métier d'accueillante souffre de beaucoup de méconnaissance et de stéréotypes. "On l'associe souvent à des tâches ménagères, puisqu'elles exercent leur activité à leur domicile. Auparavant, c'est un métier qui demandait peu de qualifications, ça a beaucoup changé. Elles sont obligées d'avoir une série de qualifications, elles ont des formations continues et elles ont depuis 2018 une reconnaissance au niveau pécuniaire parce qu'elles ont enfin obtenu un contrat de travail de salariée à domicile. Donc voilà, il y a beaucoup de choses qui ont changé, mais dans l'esprit des gens, ça reste encore quelque chose de l'ordre du domestique", regrette Catherine Mulkers.
Aujourd'hui, plus de 200 offres d'emploi du secteur sont recensées en Fédération Wallonie-Bruxelles. "Si je prends notre service, nous sommes autorisés par l'ONE pour encadrer 72 accueillantes. Pour le moment, nous n'avons que 56 travailleurs. Donc nous avons 16 contrats de travail à durée indéterminée à offrir à des personnes intéressées par le métier", décrit Catherine Mulkers.
Une campagne est donc lancée pour rendre le métier plus visible et d'informer sur ses conditions d'exercice. Elle s'adresse au grand public et spécifiquement aux jeunes qui souhaitent se réorienter vers "un métier porteur de sens". "Cette campagne de valorisation du métier va pouvoir apporter un autre éclairage sur le métier. Mais il y a aussi tout un travail à faire au niveau des écoles de puériculture, d'auxiliaires de petite enfance pour former les travailleurs aussi à ce métier d'accueil à domicile qui n'est pas toujours connu non plus dans les écoles."