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Voici neuf ans, la Belgique était frappée par des attentats à la station Maelbeek et à l'aéroport de Zaventem. L'attaque la plus meurtrière de son histoire. 35 personnes ont perdu la vie et 300 autres ont été blessées. Plusieurs hommages sont prévus ce samedi dans la capitale.
Il y a tout juste neuf ans, la Belgique était secouée par les attentats les plus meurtriers de son histoire. Deux bombes explosent à l'aéroport de Zaventem et une troisième dans une rame de métro dans la station Maelbeek, faisant 35 morts et plus de 300 blessés. Plusieurs hommages sont prévus ce samedi dans la capitale.
À 09h11, une minute de silence a eu lieu dans la station de métro Maelbeek à Bruxelles. Trente-deux personnes avaient perdu la vie lors d'explosions à l'aéroport de Zaventem et dans le métro bruxellois.
"L'impact sur le personnel le jour de l'attentat était très important", explique le porte-parole de la Stib Guy Sablon. "À ce moment précis, il y avait beaucoup de craintes par rapport à ce qui pouvait encore se produire par la suite. Ce n'est que dans les jours qui ont suivi que l'on s'est rendu compte de ce qui s'était réellement passé, dans notre métro, chez nous."
"Le 22 mars restera à jamais une cicatrice pour Bruxelles. Mais nous avons montré que nous pouvons nous en remettre et rester forts ensemble", a déclaré le bourgmestre de Bruxelles, Philippe Close (PS).
Une minute de silence a également été organisée samedi dans le hall des départs de l'aéroport de Zaventem, où deux bombes avaient explosé vers 07h58 le 22 mars 2016, tuant 16 personnes.
INTER
Une cérémonie s'est aussi tenue à Schuman. Elle a débuté sobrement par la lecture des noms des victimes. Ceux des attentats du 22 mars mais aussi ceux de Belges tués dans des attentats à l'étranger. 58 noms au total. Un moment riche en émotions pour Katarina. Sa maman est l'une des victimes de l'aéroport de Zaventem. "J'étais à l'aéroport avant de venir ici à Schuman et je pleure à chaque fois. Quand j'entends le nom de ma maman, c'est toujours très très emotif", confie-t-elle.
Des officiels du gouvernement, des membres d'associations de victimes déposent à leur tour des gerbes de fleurs sur le monument dédié aux victimes. Comme chaque année depuis 9 ans, c'est un moment de recueillement, un hommage, synonyme de souvenirs et d'émotions. "C'est important déjà en mémoire de ma sœur donc c'est important aussi pour les autres familles de victimes qui sont là chaque année. Je regrette que certaines ne viennent plus parce qu'elles n'ont peut-être plus la force ou qu'elles sont déçues du soutien reçu par le gouvernement", glisse Eric.
9 ans plus tard, même après le procès des attentats, le combat des familles des victimes n'est effectivement toujours pas terminé. Certaines se battent encore pour obtenir une indemnisation. "On est encore plein de ne pas avoir été indemnisés par les assurances, de ne pas avoir été reconnus victime. C'est pour ça aussi que c'est très important de montrer qu'on est encore là et qu'il y a encore plein de problèmes liés à ça", rappelle Katarina.
Rappel des faits
Le mardi 22 mars 2016, trois membres du groupe terroriste État islamique, Ibrahim El Bakraoui, Najim Laachraoui et Mohamed Abrini, se dirigent vers l'aéroport de Zaventem munis de sacs contenant des bombes artisanales. La cellule, déjà impliquée dans les attentats de Paris en novembre 2015, passe à l'action dans la précipitation après l'arrestation de Salah Abdelslam et Sofien Ayari, le 18 mars à Molenbeek-Saint-Jean.
À 07h58, Ibrahim El Bakraoui et Najim Laachraoui déclenchent leurs explosifs dans le hall des départs. Mohamed Abrini, surnommé "l'homme au chapeau", abandonne sa bombe et prend la fuite. Il repart à pied vers l'une des planques des terroristes, à Schaerbeek. L'aéroport est fermé, les avions cloués au sol.
Un peu plus d'une heure plus tard, à 09h11, Khalid El Bakraoui déclenche sa charge dans une rame bondée à la station de métro Maelbeek, à proximité des institutions européennes.
L'Organe de Coordination pour l'Analyse de la Menace (Ocam) place le pays en alerte maximale. La population est invitée à rester chez elle. La sécurité des lieux sensibles, dont les centrales nucléaires, est renforcée. La capitale est paralysée par le ballet incessant des ambulances. Les attaques seront revendiquées par l'organisation terroriste dans l'après-midi. Le gouvernement décrète trois jours de deuil national. L'émotion est forte en Belgique mais aussi à l'étranger, où les marques de soutien se multiplient.
Grâce au témoignage du chauffeur de taxi qui avait conduit les trois terroristes à l'aéroport, les enquêteurs localisent l'une des planques des djihadistes, rue Max Roos à Schaerbeek. Les policiers y retrouvent du matériel servant à fabriquer des explosifs.
L'enquête révèle que les terroristes avaient au départ élaboré un scénario similaire à celui des attaques de Paris, avec des fusillades dans la foule. Osama Krayem, qui aurait également dû se faire exploser dans le métro, et Mohamed Abrini sont arrêtés le 8 avril à Anderlecht.
L'aéroport de Zaventem rouvre très partiellement ses portes 12 jours plus tard, le 3 avril 2016. La station de métro Maelbeek est quant à elle remise en service cinq semaines après les attentats.
Un procès hors-normes
Le plus long procès de l'histoire judiciaire belge débute le 10 octobre 2022 devant la cour d'assises de Bruxelles. En plus d'Osama Krayem, Mohamed Abrini, Salah Abdeslam et Sofien Ayari, cinq autres hommes, soupçonnés d'avoir joué un rôle dans les attentats sont présents dans le box des accusés : Hervé Bayingana Muhirwa, Ali El Haddad Asufi, Bilal El Mahkouki et les frères Smail et Ibrahim Farisi. Oussama Atar, considéré comme le "cerveau" des attentats, est jugé par défaut car présumé mort en Syrie. Ce procès hors-normes se déroule dans l'ancien siège de l'Otan, à Evere, renommé "Justitia".
Les frères Farisi sont finalement acquittés alors que Hervé Bayingana Muhirwa et Sofien Ayari ne sont reconnus coupables que de participation à une organisation terroriste. Les six autres accusés sont déclarés coupables d'assassinats et de tentatives d'assassinat dans un contexte terroriste en juillet 2023.
Laurence Massart, présidente de la cour d'assises, prononce les peines le 15 septembre. Salah Abdelslam et Sofien Ayari, déjà condamnés pour les attentats de Paris en novembre 2015 et la fusillade de la rue Dries à Forest, ne reçoivent pas de peine supplémentaire. Les six autres condamnés écopent de peines de prison allant de 20 ans à la réclusion à perpétuité.
La partie civile du procès se conclut en octobre 2024 avec le jugement concernant les indemnités pour les victimes. Plus de 18 millions d'euros sont attribués à 980 survivants et proches de victimes décédées. Assuralia, la fédération sectorielle des assurances, chiffre le montant total des dommages liés aux attentats à 140,9 millions d'euros. Enfin, le Fonds des victimes a versé 6,5 millions d'euros aux victimes qui n'ont pas pu obtenir de compensation par leur assurance.
Un hommage sera rendu ce samedi devant le monument en mémoire des victimes des actes terroristes. Une marche pour la paix traversera ensuite la capitale. Des minutes de silence sont également prévues à l'aéroport de Zaventem et à la station Maelbeek.
Lors des attentats du 22 mars 2016, 32 personnes ont perdu la vie et 340 ont été blessées. Dans les mois et les années qui ont suivi, trois autres personnes sont décédées des suites de leurs blessures physiques ou psychologiques, portant le nombre officiel de morts à 35. La Cour d'assises a reconnu au total 691 victimes des attentats du 22 mars 2016.