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Cela fait 10 ans que le parc Pairi Daiza accueille des pandas géants. À l’époque l’espèce est en voie de disparition, mais aujourd’hui, le couple prêté par la Chine dans le cadre d’un programme de conserverions a fait trois bébés. Une véritable réussite, mais une page se tourne à l’automne : la fratrie va être réintégrée à la vie sauvage en Chine, dans une réserve naturelle. Retour sur une décennie de succès pleine d’émotions.
Communiquer en langue panda : Yang, la soigneuse de Xing Hui, est l'une des rares à pouvoir le faire. Cela fait maintenant 10 ans que ça dure. "Je peux sentir son humeur, heureux ou pas. Lorsqu'il est content, ça donne comme un oiseau. Il se sent plus léger, plus grave (...)", explique Yang Liu.
Pour éviter de transmettre le moindre virus, Yang conserve son masque et ses gants lors du nourrissage. Chaque portion est pesée, auxquelles s'ajoutent quelques vitamines. "C'est de l'oméga 3. C'est bon pour le panda, pour sa peau, son système sanguin et ses poils", précise la soigneuse.
Lorsqu'il est temps de passer à table. Xing Hui est impatient. Cependant, dans ces moments-là, la cage est nécessaire. "Ceci est pour sa sécurité et la mienne. Son sang est similaire à celui d'un tigre ou d'un lion. Il peut m'attaquer s'il s'énerve", explique-t-elle.
Il est temps de passer à la femelle, Hao Hao. À noter que le couple vit séparé, car le panda géant est avant tout un solitaire. Lorsque vient l'étape du nourrissage, Yang en profite également pour vérifier son état de santé. "Je regarde surtout son estomac, s'il est dur ou détendu, pour être certain que tout va bien".
Souvenez-vous : le 23 février 2014, le couple de pandas géants arrivait dans notre pays. Un triomphe et une mise en scène digne des plus grandes stars. L'apothéose survient un mois plus tard avec la visite du couple royal et du président chinois Xi Jinping. "Ça fait près de 40 ans qu'un président chinois n'est plus venu en Belgique. Donc pour nous, c'est un cadeau merveilleux", s'enthousiasme Eric Domb, administrateur délégué de Pairi Daiza.
Avec 10 millions d'euros d'investissement, Pairi Daiza a fait de ses pandas une attraction. Mais son succès est surtout celui d'avoir réussi son pari : donner l'essence à des bébés. D'abord, il y a eu Tian Bao ou trésor du ciel en chinois. Yang, la soigneuse, va le voir grandir et créer avec lui une complicité qui reste toujours aussi forte aujourd'hui.
En plus de Tian Bao, il y a son frère et sa soeur, Bao Di et Bao Mei. Robin est le second soigneur des pandas, un métier appris auprès de Yang. "Ce que je retiens, c'est quand même les deux jumeaux parce qu'on ne s'attendait pas à ce qu'il y en ait deux. Donc c'est vrai que Yang s'est occupé du premier. Ils sont partis en nurserie directement avec pour contrôler si tout se passait bien. Et là, on a entendu crier le deuxième. Donc on a eu la surprise de voir un deuxième pointer le bout de son nez", explique-t-il.
Ces bébés pèsent alors à peine 150 grammes et demandent une attention particulière vu leur fragilité. 100 jours après leur naissance, les voici présentés à la presse. Les jumeaux vont vite devenir les pandas les plus suivis par le public sur les réseaux sociaux.
Aujourd'hui, la directrice scientifique de la fondation Pairi Daiza est heureuse du travail accompli. Durant quatre ans, elle a financé une chercheuse de Gand pour étudier les naissances d'Hao Hao et améliorer la reproduction de l'espèce. "Ces données ont permis, d'une part, de prédire plus finement le moment de l'ovulation. Et la deuxième avancée permise par cette étude, c'est que maintenant, on a en quelque sorte un test de grossesse. Donc non seulement il y a des bébés qui sont nés, mais en plus, on a des outils pour la suite", précise Catherine Vancsok.
La convention, signée avec la Chine, prévoit le retour des pandas, nés dans le parc, après leur quatrième anniversaire. Tian Bao avait eu une prolongation exceptionnelle liée au Covid. La fratrie doit désormais faire ses adieux. Une décision que ne fait pas le bonheur des visiteurs du parc. "C'est triste et en même temps, c'est chouette parce qu'ils vont se propager ailleurs, donc c'est chouette pour l'espèce", "C'est pas gai de les voir partir, mais on le savait".
Pour Yang, c'est également une décision très difficile à supporter. "Je n'ai pas envie d'y penser. Je sais qu'il doit partir et me quitter, mais c'est vraiment très dur pour moi", témoigne-t-elle. Dans les années 80, on comptait 1200 pandas géants. Ils sont aujourd'hui 1800 grâce au programme international de conservation de l'espèce. Tian Bao, Bao Di et Bao Mei doivent rejoindre une réserve naturelle créée au nord-ouest de la Chine. Le début d'une nouvelle aventure.