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Pour les écoles d’infirmiers, deux constats préoccupants se dégagent. Les inscriptions diminuent de 15 à 20 % chaque année, et de nombreux étudiants abandonnent en cours de formation. Pourquoi le secteur n’attire-t-il plus les jeunes ?
Ce sont des gestes qu’ils vont répéter tout au long de leur carrière. Pour ces élèves de troisième année de bachelier, c’est un cours pratique aujourd’hui. Mais dans la classe, seulement une dizaine d’élèves sont présents.
La raison ? Beaucoup ont abandonné depuis le début du cursus, en raison d’une réalité professionnelle pas toujours facile à gérer. Michael Dewael, étudiant, explique : "On peut être confronté à la mort, ou même certains services peuvent être très lourds. Cela demande donc beaucoup de ressources personnelles pour s’investir. Et parfois, on n’arrive pas à gérer le stress que cela provoque".
Sur la filière, seulement 50 % des élèves achèvent leur formation. Une tendance en hausse, ce qui inquiète. "Ça risque de poser un problème pour soigner la population, car il y aura moins d’infirmiers sur le terrain. En tout cas, la population des bacheliers, infirmiers, responsables de soins généraux fournit moins d’infirmiers qu’auparavant", constate Cécile Sottiaux, directrice de la Haute École Helha.
Autre constat : la baisse des inscriptions en première année. Deux filières existent. Le bachelier, avec, l’an dernier, une baisse de 20 % des inscriptions. Autre possibilité : le brevet infirmier, avec une diminution de 15 %. Ce dernier est accessible aux étudiants issus de la voie professionnelle. Et un paradoxe existe : la pénurie provoque la baisse des inscriptions.
"Ils voient des infirmiers qui sont quand même un peu en souffrance et des services qui sont démunis face au manque de personnel. Et cela peut décourager les jeunes, quand on entend parler du fait qu’il n’y a pas de personnel, que beaucoup d’infirmiers veulent manifester", explique Gabriel Gastrin, étudiant.
Et ce constat, malheureusement, intervient à un moment où la pénurie d’infirmières concernerait près de 25 000 postes en Belgique. Pour Delphine Haulotte, administratrice de l’Union Générale des Infirmiers Belges, une solution existe. "Il faut augmenter le salaire, revoir la masse salariale, car pour l’instant, on est payé en fonction des tâches et non en fonction du diplôme, ce qui engendre des tensions entre les infirmiers qui travaillent par exemple en pédiatrie, en salle d’opération ou dans les unités de soins".
Les écoles souhaiteraient que des campagnes de promotion soient organisées pour redorer l’image d’un métier en pleine difficulté.