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Avec la guerre en Ukraine, notre chauffage est devenu un sujet de tension. À Bruxelles, en plus du gaz, du mazout ou de l’électricité, une nouvelle source de calorie existe : les égouts. Deux bâtiments communaux utilisent une toute petite portion des 2.000 km du réseau sous terrain pour se réchauffer en hiver ou se refroidir en été. Le nom de cette technologie ? La riothermie.
Et si nos égouts permettaient de chauffer ou refroidir une pièce ? C'est ce que propose cette technologie que l'on appelle la riothermie. Olivier Broers, directeur des études et des investissements de l'intercommunale Vivaqua, explique son fonctionnement : "Les échangeurs plongent dans l'eau, captent ou dissipent de la chaleur en fonction des besoins, envoient l'énergie dans les tuyaux placés sur le mur vers la chaufferie du bâtiment".
On cherchait une solution bon marché
Dans ce nouveau bâtiment administratif de la ville de Bruxelles, la température a rapidement tendance à grimper à cause des multiples vitres installées. Cependant, grâce à la riothermie, l'immeuble sait désormais se réguler comme il faut pour pouvoir donner une température convenable à tout moment de l'année. "On cherchait une solution bon marché pour refroidir un bâtiment qui a tendance à surchauffer parce qu'il est très vitré. Cette solution est une alternative facile à mettre en œuvre comparée à un climatiseur qui consomme énormément d'énergie électrique et qui est plus difficile à entretenir", explique Benoit Hellings, échevin bruxellois du climat.
Des économies de CO2 non négligeables
Avec cette nouvelle technologie, les économies en matière de CO2 seraient impressionnantes. Chaque année, ce sont quelque 70 tonnes de CO2 qui pourraient être économisés. "D'ici 10 à 20 ans, ce sera possible pour les habitants de se chauffer ou de se refroidir grâce aux égouts. On a fait un petit calcul. Si on pouvait équiper une vingtaine de km de réseau d'égout avec ce système, on pourrait économiser jusqu'à 26.000 tonnes de CO2 par an", précise un employé chargé d'installer cette technologie.
Bertrand Picard, célèbre environnementaliste suisse, la riothermie est avant tout du "bon sens". "Réabsorber la chaleur des cheminées d'usine pour garder cette chaleur pour l'usine et réduire de 20 à 40% la facture énergétique, mais aussi les émissions de CO2, (...) ce n'est pas de la technologie futuriste", explique-t-il.
La région wallonne a calculé le potentiel de cette chaleur. Si l'ensemble pouvait être récupéré, cela fournirait plus de 6 millions de mégawatts par an. Près de 15% du besoin total en chauffage de toute la Wallonie.