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Face au défi du réchauffement climatique, il y a plusieurs écoles. Ceux qui comptent sur les nouvelles technologies et ceux qui prônent d’autres systèmes plus économes en énergie. Les "low tech", ce sont des technologies utiles, accessibles et durables. Des outils souvent faits maisons que certains adoptent au quotidien. Résultat: un impact limité sur la planète et de belles économies. La sobriété technologie au lieu de la surenchère technologique: c’est la séquence Planète Avenir de cette édition.
Bernard rentre du travail lorsque nous le rencontrons. Comme tous les jours, ce professeur dans une école d’ingénieur a fait les 35 kilomètres qui séparent son domicile et son école à vélo. Une fois chez lui, il se sert une tasse de thé. Le geste semble banal, et pourtant: l'eau est chauffée grâce à un ingénieux système.
Bernard a disposé dans son jardin quatre fours solaires. Des miroirs orientés qui permettent de cuire ou de réchauffer un plat grâce à l’énergie du soleil. L'un d'eux délivre la même chaleur qu’une taque électrique de 2 kilowatts, même lorsqu’il fait froid.
Dans le jardin de Bernard, lors de notre interview, il fait 7 degrés. Dans sa bouilloire, il fait presque 100 degrés. "Du mois de mars à maintenant, 90% de ce que j'ai mangé a été cuisiné avec ces fours-là", explique Bernard.
Les appareils coûtent entre 200 et 300 euros. Le prix peut être réduit si on les construit soi-même.
De belles économies pour Bernard
Ces fours solaires, c’est une low tech. Une technologie utile, accessible et durable. Une philosophie de vie pour Bernard. Chez lui, on se chauffe au bois, on conserve les légumes produits dans le jardin grâce à la lactofermentation… On réduit sa consommation d’énergie, et on bricole beaucoup.
À la clef: plusieurs milliers d’euros économisés chaque année. "C'est un de mes plus grands plaisirs, c'est de réparer, de faire avec ce que j'ai. Je pense que c'est vraiment un état d'esprit", confie Bernard.
Chauffage sans combustible fossile ni électricité
Aujourd’hui, les low tech, c’est aussi une communauté. Des anonymes partagent sur internet leurs trucs et astuces pour construire une marmite norvégienne, des toilettes sèches ou encore un frigo du désert.
Nous rencontrons Kim et Simon. Membres de l'ASBL Low Tech Liège, ils s'apprêtent à construire un chauffage solaire. Ils ont récupéré un ancien vitrage, quelques lattes de bois et des ardoises. "Le principe du chauffage solaire, c'est que le soleil tape dans le vitrage, va réchauffer les ardoises derrière le vitrage. Ces ardoises seront appliquées sur un châssis. Derrière ces ardoises, il y a du vide, donc de l'air. Cet air va chauffer et cet air sera restitué à la pièce à laquelle il sera collé", indique notre témoin.
Résultat: 5 à 7 degrés supplémentaires dans l’habitat sans consommer de gaz, de mazout ou d’électricité. Cette technologie sera bientôt l’un des systèmes de chauffage d'une maison laboratoire 100% low tech rénovée par Kim et Simon.
Dans l'habitation, on teste de nouvelles façons de se chauffer, de cuisiner, d’habiter. Le bâtiment en bord d’Ourthe a été touché par les inondations de l’été 2021. La résilience face aux catastrophes climatiques fait partie intégrante de la démarche de rénovation durable. "Toutes les technologiques qui seront intégrées dans le bâtiment peuvent être appropriables par les personnes, par n'importe qui. Donc peut être réparable et a une utilité. C'est accessible financièrement, au niveau de la construction ou de la reconstruction dans le bâtiment", précise Kim Maréchal.
La rénovation de la maison 100% Low Tech de Liège est en cours. Elle devrait se terminer d’ici l’été prochain.