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"50 enquêteurs sur place": perquisition de grande envergure au Parlement wallon dans l'affaire du greffier

Une petite vingtaine de perquisitions sont menées depuis tôt ce jeudi en Wallonie, à Bruxelles et dans le sud de la France, où Frédéric Janssens a une maison, dans le cadre de l'enquête relative au fonctionnement du greffe du parlement wallon, notamment en matière de marchés publics, indiquent dans un communiqué commun le procureur du roi de Namur et le directeur de la police judiciaire de Namur. Du matériel informatique ainsi que des dossiers ont déjà été emportés. Différents intervenants sont également auditionnés, entre autres à titre de témoins, ajoutent-ils.

La juge d'instruction et les membres de la Police Judiciaire Fédérale de Namur, assistés de collègues de Bruxelles et de Liège, ainsi que de représentants d'autres entités de la Direction générale de la Police Judiciaire, dont l'Office Central de Répression de la Corruption et la Federal Computer Unit en charge de la lutte contre la criminalité informatique sont en charge de ces perquisitions qui étaient toujours en cours à 19h00. Plus de 120 policiers ont été engagés dans cette opération.  

Le greffe du parlement wallon, situé square Arthur Masson à Namur, a pour sa part reçu la visite d'une cinquantaine d'enquêteurs. Peu après 19h00, une dizaine d'entre étaient toujours présents, apprend-on à bonne source.  

Au début des perquisitions, le personnel du greffe a été rassemblé dans une salle de réunion et a été prié de ne plus se connecter au système informatique de l'institution. Il est ensuite resté en stand-by ou a accompagné les enquêteurs. Les groupes politiques qui ont leurs bureaux dans le bâtiment n'étaient quant à eux pas concernés.  

L'examen des pièces saisies afin d'établir d'éventuelles irrégularités, prendra plusieurs jours voire plusieurs semaines, a encore souligné la Justice.  

"La seule chose que je peux vous dire à ce stade, c'est qu'il n'y a pas de surprise. Une instruction judiciaire a été ouverte et cette perquisition en est une étape", avait indiqué plus tôt dans la journée le président du parlement régional André Frédéric.  

"Tout ce que je demande, c'est que tout soit mis au clair dans la plus grande transparence", avait-il ajouté.  

"Il est effectivement temps de faire toute la transparence sur les dépenses somptueuses faites aux dépens des moyens publics. Trois mois après le changement de présidence au Bureau du parlement on ne sait toujours pas pourquoi les dépenses ont explosé", a de son côté réagi le chef de groupe du PTB à l'assemblée régionale, Germain Mugemangango.  

"Hier/mercredi, le parlement a voté un texte prévoyant que la Cour des comptes examine les dépenses futures de l'assemblée. Mais il faut aussi qu'elle se penche sur les dépenses du parlement pendant que le greffier était en exercice, soit entre 2009 et 2022", a-t-il ajouté en regrettant que la Commission de la comptabilité, créée pour rendre plus transparente les dépenses du parlement, ne se soit à ce jour réunie qu'une seule fois.    

Selon Le Soir, la justice s'intéresse particulièrement aux conditions dans lesquelles la société bruxelloise Synapsis a été sélectionnée par le greffier Frédéric Janssens pour moderniser le logiciel de gestion du parlement. D'après le quotidien, un des administrateurs de cette société était précédemment intervenu au parlement en tant que consultant et avait dans ce cadre obtenu une copie du logiciel à mettre à jour avant de remettre son offre, ce qui constitue un avantage évident sur ses concurrents.  

Fin novembre, l'ancien Bureau, alors présidé par Jean-Claude Marcourt (PS), avait dénoncé ces faits au parquet de Namur qui a ensuite transmis le dossier à une juge d'instruction.   Parallèlement, le tunnel piéton entre le parking et les bâtiments du parlement ainsi que la maison des parlementaires sont également dans le viseur de la Justice alors que les deux chantiers ont enregistré une explosion de leurs coûts sous la supervision de Frédéric Janssens.  

En début de semaine, ce dernier a vu sa suspension, en cours depuis la mi-septembre, prolongée de 6 mois par le Bureau du parlement. Cette décision s'accompagne désormais d'une retenue de 20% de son salaire et de l'obligation de rendre ses avantages en nature, dont ses voitures de fonction.

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