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Jean-Benoit Pilet, politologue à l'ULB, était l'invité d'Antonio Solimando à 7h50 sur Bel RTL Matin. L'occasion d'aborder les résultats de notre grand baromètre RTL info-Ipsos-Le Soir-VTM-Het Laatste Nieuws. Mais également le caractère obligatoire du vote lors des élections. Est-ce une bonne chose? Devrions-nous retirer cette obligation de vote? En octobre 2024 pour les élections communales flamandes, le vote ne sera plus obligatoire.
Vers un vote non-obligatoire?
Et ça fera office de test pour le reste du pays : "Il y aura beaucoup d'attention sur ces élections communales en Flandre", débute Jean-Benoît Pilet. "Si on constate qu'il y a une grosse abstention, je ne pense pas que ça va convaincre beaucoup aux autres niveaux de pouvoir de faire la même chose. Par contre, si les électeurs se déplacent massivement malgré l'absence d'obligation, le débat pourrait être rouvert", explique-t-il.
Mais pour lui, ce test devrait plutôt être "compliqué" voire "avec beaucoup d'abstention" à cause du contexte dans lequel il se déroulera: "Ce sera un contexte très particulier puisque ce sera quelques mois seulement après les élections fédérales, régionales et européennes, on va s'en doute être dans des négociations gouvernementales très longues, et donc ça pourrait accroître la méfiance, et l'abstention voire des votes protestataires pour ceux qui ne s'asbtiennent pas", estime-t-il.
Pour lui, rendre le vote non-obligatoire reviendrait forcément à une baisse de la participation citoyenne :"Il y aura beaucoup d'attention pour ce qui se passera en Flandre. Mais si on regarde les autres pays qui ont rendu le vote non-obligatoire, on devrait avoir une baisse de participation de 20 à 30%. C'est ce qu'on a vu au Pays-Bas ou encore au Chili il y a quelques années. Donc le fait qu'on se maintienne à des 85-90% aux élections communales, ce serait surprenant", ajoute Jean-Benoît Pilet.
Avec le vote obligatoire, 75% des Belges se rendraient aux urnes en 2024
D'après les résultats de notre grand baromètre RTL info-Ipsos-Le soir-VTM-Het Laatste Nieuws, 75% des Belges iraient voter lors des prochaines élections. Le reste, ce sont des abstentions potentielles ou des gens qui voteront blanc. Ce chiffre est-il rassurant? "On peut se rassurer car ça permet d'avoir un nombre important d'électeurs qui ont leur vote enregistrés, mais en même temps, ce nombre diminue en particulier dans les villes, et dans les provinces qui ont des situations soci-économiques plus difficiles. On arrive déjà maintenant, malgré le vote obligatoire, à avoir une participation autour de 75%-80% donc c'est déjà une forte dégradation", détaille-t-il.
Si le vote obligatoire permet de ramener plus de personnes aux urnes, il peut également "cacher" le mécontentement grandissant des citoyens face à la politique, explique Jean-Benoît Pilet: "C'est peut-être l'arbre qui cache la forêt puisque si ce vote n'était plus obligatoire, il y a toute une série de gens qui exprimeraient leur mécontentement ou leur désinterêt en n'allant plus voter. C'est un peu le côté à double tranchant du vote obligatoire: c'est bien parce que ça ramène des gens vers les urnes, des personnes qui normalement ne voteraient pas et en particulier des personnes plus précarisées et plus fragilisées. Mais en même temps, ça cache le fait qu'il y a un mécontement plus important que dans une démocratie qui spontanément amènerait 80% des électeurs face aux urnes", conclut-il.