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À l’issue des communales, Écolo a perdu une grande partie de ses bourgmestres. Face à ce constat, une question se pose: pourquoi une telle défaite? L’écologie politique a-t-elle encore un avenir?
C’est une petite ville de 13.000 habitants dirigée depuis douze ans par un bourgmestre écolo. Pourtant, tout a basculé le soir du 13 octobre : Enghien, située dans le Hainaut, se positionne aujourd'hui à droite, au profit de la liste Engagés-MR.
Les Enghiennois n’en sont pas mécontents, que du contraire. "C’est catastrophique avec Écolo. La ville est sale, il n’y a plus rien, il n’y a pas de commerces", témoigne une habitante. "Au début, on était satisfaits, mais à la fin, ça allait un peu trop loin", ajoute un autre.
Pour comprendre cette colère ambiante, Marc Vanderstichelen, le nouveau bourgmestre, tient à nous montrer une piste cyclable flambant neuve, installée il y a un an, et qui a coûtée… Plus de 600.000€. Un gaspillage d’argent, selon lui : "Il n’y a quasiment pas de passage de vélo ici. Donc on n’a pas compris pourquoi on l’a construit, au milieu de nulle part, alors que la piste s’arrête un peu plus loin et qu’on continue sur la route. Ça ne sert à rien".
Olivier de Saint Amand, le bourgmestre sortant, confie faire l’objet d’un déferlement de haine : "Je suis assassiné. Ces années de travail au service de cette commune rejetées avec tant de violence. J’arrête tout. Je n’ai plus la force".
L’écologie restrictive, une bonne solution ?
Les écologistes cristallisent parfois la colère des habitants. Selon Jean-Marc Jancovici, activiste contre le changement climatique, il faut en finir avec l’écologie restrictive.
Quand les gens sont moins concernés, ils ont des scores électoraux plus faibles. C’est presque indépendant de ce que réalise concrètement le parti
"Ce qui nous fait avancer, ce n’est pas souvent le bâton, c’est quand même plus souvent la carotte. En ce qui concerne l’écologie, c’est pareil : il y a une part nécessaire de restrictions parce que la vie en société suppose des règles. (…) Par contre, il faut aussi un projet de société, ça ne peut pas être juste des interdictions. Il doit y avoir quelque chose de positif", affirme celui-ci.
Écolo en chute libre depuis 2019
Le parti Écolo semble ne plus séduire autant. Selon nos derniers sondages, la tendance est à la baisse. Pour quelle raison ? Tout est une question de priorité.
"C’est l’une des attitudes les plus fluctuantes des vingt dernières années, et Écolo subi d’avoir un électorat qui est concerné par cet enjeu. Quand les gens sont moins concernés, ils ont des scores électoraux plus faibles. C’est presque indépendant de ce que réalise concrètement le parti", estime Jean-Benoit Pilet, politologue à l’ULB.
On vient de lire le budget du nouveau gouvernement wallon, on ne parle pas d’environnement. Il n’y a rien sur le climat
À Enghien, bien que le nouveau bourgmestre provienne des Engagés, il ne se positionne pas pour autant comme étant un anti-écologiste. "Je suis moi-même très écologiste dans mon comportement. C’est l’écologie politique qui pose problème", précise-t-il.
Actuellement, de plus en plus de partis verdissent leurs programmes. Reste à observer leurs actions concrètent en matière d’environnement. "Sans les écologistes, ces questions (de l’environnement, NDLR) vont pouvoir être mises au placard. On vient de lire le budget du nouveau gouvernement wallon, on ne parle pas d’environnement. Il n’y a rien sur le climat", s’inquiète Marie Lecocq, co-présidente d’Écolo.