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En 2014, la Nieuw-Vlaamse Alliantie raflait 32% des voix flamande, une victoire, non : un triomphe. "Le courage l’a emporté sur la violence", déclarait le président De Wever le soir-même. En latin, comme à son habitude : « Vicit vim virtus ». La violence à laquelle il référait était celle du Vlaams Belang, réduit cette année-là à moins de 6% des suffrages, un naufrage. C’était il y a dix ans. Un siècle. Une éternité. Car anno 2024 tout a changé.
Dans les récents sondages, la N-VA se contente de 20%. Parfois même moins, seulement 18, 9% dans la dernière enquête de la télévision publique VRT. Et le Belang, lui, se balade autour de 27, 28%. Bientôt 30% annoncent de nombreux observateurs. Une victoire annoncée, non : un triomphe. Bart De Wever a toujours affirmé que son principal objectif était de débarrasser le nationalisme flamand de sa composante extrémiste qui le mine de l’intérieur. Ça lui a longtemps réussi. C’est fini.
Alors pourquoi cette N-VA raplapla ?
Premier élément, l’usure du pouvoir. Le parti est au gouvernement flamand depuis 2004, ça fait deux décennies. Son slogan à succès des débuts ‘la force du changement’ est usé. Le confédéralisme promis par Bart De Wever, président depuis 2004, se fait lui aussi attendre.
Bref, pour le bilan, c’est pas bizance. Même sur un plan personnel, Bart De Wever paraît ne pas tenir ses engagements. Exemple : en 2019, il avait annoncé qu’il deviendrait ministre-président flamand ou encore premier ministre fédéra. Il est resté à Anvers. On ne sait pas non plus très bien s’il veut ou pas s’allier au Vlaams Belang après les élections. Un jour c’est non, le lendemain un peu oui, et puis quoi ?
Résultat : des électeurs passent de la N-VA au VB. Car critiquer le bilan de la formation de Tom Van Grieken est impossible puisqu’elle n’a jamais été au pouvoir. Et les simplismes de la droite extrême séduisent: quand la vie est compliquée, ça fait du bien d’entendre quelqu’un vous mentir en vous disant qu’il suffit de laisser tomber les Wallons pour que la Flandre se redresse.
Cela étant, la N-VA n’est pas encore battue. A Alost, où je suis allé à la rencontre des habitants, le nationalisme démocratique semble encore avoir la cote. Attention : le fait qu’un journaliste à l’accent francophone comme moi pose les questions peut faire en sorte que des répondants cachent leur envie d’extrême-droite : les Flamands savent tous qu’elle est impopulaire au sud du pays. Quoi qu’il en soit, 1 électeur flamand sur 3 dit toujours ignorer pour qui il va voter. Tout peut donc encore changer.
Ce qui m’a enfin frappé à Alost, c’est que le goût pour la N-VA semble toujours pas mal dépendre de l’appréciation des électeurs pour son leader, Bart De Wever. On l’aime ou on ne l’aime pas et quand on l’aime, on vote souvent N-VA. Or le bourgmestre d’Anvers reste le plus populaire des politiques flamands, ça aussi, ça peut servir son parti. Tout compte fait, le 9 juin, il ne devra peut-être pas chercher un aphorisme en latin pour justifier sa première défaite.