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Rappel des faits
Une patrouille de la zone de police Bruxelles-Nord a été attaquée par un individu armé d'un couteau, jeudi soir vers 19h15, rue d'Aerschot à Schaerbeek. D'autres policiers sont venus en renfort et ont tiré sur l'assaillant afin de le maîtriser. Les deux policiers et l'auteur, blessés, ont été emmenés à l'hôpital. L'un des agents, touché au cou, est décédé des suites de ses blessures. L'assaillant, Yassine (32 ans), s'était présenté à un commissariat d'Evere, jeudi matin, en expliquant son intention de commettre un attentat contre des policiers. Les policiers l'ont emmené à l'hôpital avant qu'il ne soit reparti libre de ses gestes.
Ce que l'on sait
Alors, parmi les grandes questions: la police était-elle au courant du statut de Yassine M., fiché en tant qu'individu radicalisé auprès de l'OCAM (Organe de Coordination pour l'Analyse de la Menace) ?
Non, pas dans un premier temps. Pour rappel, à son arrivée au commissariat d'Evere Yassine M., tient des propos jugés incohérents et profère sa haine de la police. Il sollicite également un suivi psychiatrique. Mais la police ne peut pas connaître à ce moment-là le pedigree de Yassine M., car les polices locales n'ont tout simplement pas accès à ce type d'informations sensibles. Ce n'est que quelques instants plus tard, lorsque la police locale contacte le magistrat de garde (comme le veut la procédure) que les policiers d'Evere sont mis au parfum du profil dangereux de Yassine M.
Le magistrat de garde décide alors d'envoyer le futur assaillant de Schaerbeek à l'hôpital (Saint-Luc) et de ne pas l'entraver de sa liberté. La police s'exécute.
A qui la faute ?
Aujourd'hui, sur le plan des responsabilités, tout le monde se renvoie la balle. Il y a 3 camps, 3 positions.
Premièrement: le ministre de la Justice. Vincent Van Quickenborne se retranche derrière les devoirs d'enquête. Il estime que les procédures ont été respectées. Pour lui, le magistrat qui a pris la décision d'envoyer Yassine M. aux urgences pour un examen psychiatrique a pris une bonne décision. Le ministre de la Justice indique également qu'un individu qui veut tuer des policiers, ne va à priori pas "prévenir la police."
Deuxièmement: l'hôpital. Les Cliniques Universitaires Saint-Luc ont réagi hier soir en précisant que les 3 policiers qui accompagnaient l'individu sont partis après un contact avec une première infirmière, soit 28 minutes après l'enregistrement aux urgences. Une deuxième infirmière est arrivée 20 minutes plus tard pour examiner de façon approfondie Yassine M. A ce moment-là, l'homme, laissé seul en salle d'attente, avait disparu. L'hôpital dit aussi n'avoir "jamais été informé" par les forces de l'ordre de la dangerosité de l'homme.
Troisièmement: la police et les autorités communales. Le bourgmestre d'Evere, Ridouane Chahid, précise que la police locale, les 3 agents qui ont accompagné Yassine M. à l'hôpital, ne sont au départ pas au courant de son statut. Ils auraient ensuite été informés plus tard, comme expliqué précédemment. Mais selon le bourgmestre, la police locale ne peut pas divulguer des informations aussi confidentielles au personnel soignant. Les autorités communales d'Evere précisent également que Yassine M., n'habitait sur son territoire que depuis quelques mois et qu'elles n'ont pas été informées du profil de Yassine M par un quelconque organisme (police fédérale, services de renseignement, etc).
Le parquet fédéral s'est saisi des faits et a chargé un juge d'instruction spécialisé en terrorisme de mener l'enquête du chef d'assassinat et de tentative d'assassinat dans un contexte terroriste. L'assaillant est toujours hospitalisé et n'a pas encore été entendu par les enquêteurs.