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La Défense a annoncé la dissolution d'un peloton d'une trentaine de soldats, au sein duquel ont été mis en évidence des faits de violences et des humiliations lors de rituels d'intégration.
"C'est une décision grave et probablement unique dans l'histoire récente de la Défense belge", a déclaré son chef, l'amiral Michel Hofman, lors d'une conférence de presse. A ses côtés, la ministre belge de la Défense, Ludivine Dedonder, a dénoncé des comportements "inacceptables", "en aucun cas compatibles avec les valeurs de la Défense".
Les faits, survenus dans un peloton du 4e bataillon du génie établi à Amay près de Liège, remontent probablement à 2021, selon les premiers éléments. Ils font l'objet d'une double enquête, administrative et judiciaire, qui devra établir les responsabilités de chacun parmi les "quelques dizaines" de personnes impliquées, auxquelles "un silence était imposé", selon Mme Dedonder.
"On est dans un cadre où auteurs, victimes et témoins se mélangent", a souligné la ministre de la Défense pour pointer la difficulté à ce stade à chiffrer le nombre de suspects. Elle a évoqué des faits de "coups et blessures", des "traitements humiliants et dégradants", du "harcèlement", avec "menaces, pressions, chantage" pour que ces agissements ne soient pas révélés.
"Ça se passait durant des formations, des entraînements", a dit le patron de la Défense, "une ligne rouge a été franchie par certains". Des militaires ont déjà été "écartés", d'autres "mutés", mais les mesures disciplinaires définitives dépendront de l'avancement des enquêtes. "Ça prend du temps de composer ce puzzle", a relevé l'amiral Hofman. À ce stade, aucune violence à connotation raciste n'a été mise en évidence.
Mme Dedonder a appelé tous les soldats belges, notamment les jeunes recrues, à signaler tout comportement problématique dont ils seraient les témoins au sein de l'armée. A propos des abus au bataillon d'Amay, elle a expliqué avoir sollicité une enquête interne après avoir elle-même été prévenue de la situation, en novembre 2023, par un mail envoyé par un proche d'une victime.
Revivez la conférence de presse avec notre direct:
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Tolérance zéro
Ludivine Dedonder promet la tolérance zéro pour "les faits qui sont avérés". Elle affirme que "certains faits sont avérés", ensuite, "ça sera au cas par cas".
"Depuis plusieurs années"
Les enquêtes ont montré que ces comportements avaient lieu depuis plusieurs mois, voire "plusieurs années".
Rituels de bizutage
Selon Michel Hofman, une trentaine de personnes seraient impliquées, en ce compris les victimes. Il refuse toutefois de donner des chiffres exacts pour l'instant.
Quant à la nature des faits, Ludivine Dedonder donne quelques précisions: "Des comportements dégradants et humiliants, dans le cadre de rituels de bizutage d'intégration. Nous avons pu constater des coups et blessures, des menaces, des pressions, du chantage,..."
Si elle affirme que "tout doit être analysé plus en détail", la ministre et le patron de l'armée affirment que pour l'instant, il n'est pas question d'actes liés au racisme.
"Des mesures supplémentaires ne sont pas à exclure", prévient Michel Hofman
"Sur base des informations récoltées aujourd'hui, nous avons pu cerner l'ampleur des faits. Cela concerne une dizaine de militaires impliqués à différents niveaux. En fonction de l'évolution de l'enquête, des mesures supplémentaires ne sont pas à exclure. C'est une décision grave (NDLR: dissoudre un peloton) et probablement unique dans l'histoire récente de la Défense belge. Mais une ligne rouge a été largement franchie. Ça servira d'exemple", avance le patron de l'armée.
Des "comportements déviants"
"Ces comportements déviants ne sont pas conformes aux normes et aux valeurs prônées au sein de la Défense : ils ne sont pas tolérés et ne seront jamais tolérés. Cette ligne, je l’ai fixée depuis ma prise de fonction et vous pouvez me faire confiance pour la tenir jusqu’au bout", conclut Ludivine Dedonder.
Pas de généralité, demande la ministre
"Je voudrais lancer un appel à vous ici présents, aux médias et à l’ensemble de la population : ne généralisez pas le mauvais comportement de quelques-uns à "l’armée" ou à "la Défense dans son ensemble". Le personnel de la Défense ne mérite pas de telles comparaisons. Le personnel de la Défense est la force motrice de notre organisation, et le comportement de ces individus ne doit pas se traduire par des généralisations gratuites qui nuisent à notre organisation. Dès que nous sommes informés d’un comportement problématique, les enquêtes nécessaires sont lancées et des mesures sont prises. La grande majorité du personnel de la Défense fait un excellent travail et, comme je l’ai dit, ils méritent ma confiance, celle de l'état-major et celle de la société dans son ensemble."
L'enquête est en cours
"Vous comprendrez qu'une coopération avec les autorités judiciaires est en cours et que des enquêtes sont menées à leur niveau. C’est la raison pour laquelle je ne peux pas entrer dans les détails à propos du nombre de personnes impliquées et des faits en cause. Il est de la plus haute importance que nos services internes et les services judiciaires puissent poursuivre leur travail pour que nous mettions un terme à de tels comportements et que nous prenions les mesures appropriées. Les valeurs du ministère de la Défense – le respect, l’intégrité, la loyauté et le courage – font partie intégrante de ce qu’est notre organisation et de ce qu’elle représente."
Ludivine Dedonder invite le personnel à "signaler toute forme de comportement problématique"
"Parallèlement à cette conférence de presse, les syndicats et l’unité concernée sont également informés de ce qui s’est passé et des mesures prises. L’ensemble du personnel de la Défense est aussi informé par les canaux internes habituels. Je voudrais également appeler le personnel à signaler toute forme de comportement problématique à sa hiérarchie ou aux personnes de confiance, afin que nous puissions prendre les mesures appropriées au sein de notre organisation et trouver des solutions."
Le soutien aux victimes, "une priorité"
"Au cours des derniers mois et des dernières semaines, le ministère de la Défense a fait tout ce qui était en son pouvoir pour soutenir les victimes de la meilleure des manières, les entendre et leur offrir le soutien psychosocial adéquat. Le bien-être de tous les membres du personnel de la Défense est notre priorité absolue."
"Des mesures fortes"
"Il va sans dire que ces comportements sont inacceptables et c'est pourquoi nous prenons des mesures fortes. Ils ne sont, en aucun cas, compatibles avec les valeurs de la Défense. Sur la base des informations dont nous disposons aujourd'hui, un peloton du bataillon est dissous. Il s'agit d'une mesure sévère par laquelle nous voulons envoyer un signal fort. De tels comportements seront toujours suivis de mesures fermes", affirme Ludivine Dedonder.
Ludivine Dedonder évoque des "problèmes structurels"
"Fin 2023, j'ai été informée de problèmes structurels dans le 4e bataillon du Génie d’Amay. Nous parlons de traitement dégradant, de coups et blessures, de chantage, de menaces entre soldats, de pressions exercées par des militaires sur des pairs et d'une obligation de silence. Ces actes, commis par une dizaine de personnes, se sont déroulés sur plusieurs mois. Parmi les personnes impliquées, se trouvent des officiers, des sous-officiers, des soldats expérimentés et des moins expérimentés. Je tiens à préciser d'emblée que ce n'est pas l'ensemble du personnel du bataillon qui est impliqué dans cette affaire, mais quelques dizaines de personnes pour lesquelles il y a un problème structurel évident", commence la ministre.
La conférence de presse débute
Comme prévu, la ministre fédérale de la Défense Ludivine Dedonder, le patron de l’armée Michel Hofman et le vice-amiral Jan de Beurme sont présents.
La ministre fédérale de la Défense, Ludivine Dedonder et le patron de l'armée Michel Hofman ont convoqué la presse ce jeudi matin. Cette convocation fait suite aux faits graves révélés par une enquête interne à la Défense, rendue publique par nos confrères de De Morgen.
Selon une source du quotidien flamand, l'enquête a révélé "des conditions pénibles telles que des abus de pouvoir, des violences et des comportements sexuels inappropriés". C'est le 4e bataillon du Génie d’Amay qui est visé. Entre 20 et 30 militaires seraient impliqués, dont dix ont déjà été suspendus.
C'est la deuxième fois en peu de temps que l'armée fait la Une des journaux, pour des raisons peu flatteuses. En février dernier, quatre militaires belges ont été arrêtés en Norvège après une bagarre dans un café.