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Manifestation de soutien à Gisèle Pélicot à Bruxelles: "Cette affaire dépasse les frontières françaises"

Environ 250 personnes, selon les chiffres de la police bruxelloise, se sont rassemblées samedi midi dans la capitale en soutien à la Française Gisèle Pelicot, victime de viols par des inconnus recrutés sur internet par son mari pendant près de dix ans. La manifestation se voulait également une marque de soutien à la fille de Mme Pelicot, Caroline Darian, et plus largement à "toutes les victimes de viol, d'inceste et de violences sexuelles".

Dès 12h00, la foule s'est rassemblée sur la place Poelaert. Organisée par plusieurs associations et militantes féministes belges, la manifestation entendait envoyer un message clair: "Nous sommes toutes et tous Gisèle".

Présent sur place, une équipe RTL info a pu se rendre compte de l'engouement autour de cette affaire. En effet, cette sordide histoire dépasse les frontières françaises : la manifestation est organisée par la fondatrice du mouvement belge "Balance ton bar". 

"Cette histoire fait tout à fait écho au mouvement lancé il y a trois ans où on parlait de violences sexuelles et de soumission chimique", note Maïté Meeus*, fondatrice de ce mouvement né sur le web. "On voulait montrer notre soutien à Gisèle Pélicot mais aussi faire passer le message que l'on croit les victimes et qu'il reste un gros problème de violences sexuelles en Belgique. C'est toujours super important de se mobiliser pour cela".

*Attention, contrairement à ce qu'affirme notre invitée dans son intervention, il n'y a pas "2 enfants sur 3 touchés par l'inceste dans une classe". Selon des chiffres du gouvernement français datant de 2023, il y aurait environ "2 à 3 enfants" touchés par l'inceste dans une classe.

Plusieurs rassemblements avaient lieu ce week-end dans de nombreuses villes de France, ainsi qu'à Liège.

"Ce procès est un symbole puissant des violences sexuelles faites aux personnes assignées femmes et aux enfants", ont souligné les organisatrices. "Il met en lumière les fléaux que sont les violences intrafamiliales, l'inceste, la soumission chimique, le viol, l'errance médicale et l'impunité."

D'après un rapport publié en mars 2020 par Amnesty International Belgique et SOS Viol, 47% des Belges ont été confrontés à des violences sexuelles. Quelque 91% de celles-ci surviennent dans l'entourage familial et/ou amical.

Depuis son ouverture le 2 septembre dernier devant la cour criminelle d'Avignon, ce procès hors norme, avec 51 accusés - le mari et 50 autres hommes âgés de 26 à 74 ans - poursuivis pour avoir violé Mme Pelicot, de juillet 2011 à octobre 2020, après que celle-ci avait été droguée aux anxiolytiques par son mari, suscite l'intérêt des médias et du grand public.

La victime a souhaité elle-même que le procès ne se tienne pas à huis clos, afin d'attirer l'attention sur le phénomène de la soumission chimique et que "la honte change de camp". 

 

Des manifestations dans toute la France

Impressionnées par "le courage" de Gisèle Pelicot, droguée par son mari puis violée par des dizaines d'hommes jugés à Avignon, des milliers de personnes ont manifesté samedi en France leur soutien aux victimes de violences sexuelles, pour que "la honte change de camp".

"On est toutes Gisèle", "violeur on te voit, victime on te croit", "tu n'es pas seule", ont scandé régulièrement plus de mille manifestantes et manifestants réunis à Paris, place de la République.

A Marseille, plusieurs centaines de personnes - plus de 1.000 selon les organisateurs -, se sont rassemblées devant le palais de justice accrochant une banderole "Pour que la honte change de camp".

A l'autre bout de la France, à Rennes, de 200 à 400 personnes arboraient des pancartes avec le même slogan ou "protège ta fille, éduque ton fils", "Gisèle on t'aime".

L'appel à se rassembler avait été lancé avec une affiche montrant le visage de Gisèle Pelicot, coupe au carré et lunettes rondes, dessiné par la graphiste belge "Aline Dessine" aux 2,5 millions d'abonnés sur TikTok.

Car en acceptant que le procès de son mari et des cinquante hommes qu'il avait recrutés sur internet pour la violer alors qu'elle était inconsciente, soit public, cette femme de 71 ans a soulevé une puissante vague de soutien aux victimes de viols et agressions sexuelles.

"Victime extrêmement courageuse"

"Ça lui demande un énorme courage mais c'était fondamental, ça permet de voir les visages de son mari mais aussi de tous les autres, voir que ce n'était pas des marginaux mais des 'bons pères de famille'", souligne Justine Imbert, 34 ans, venue manifester à Marseille avec sa fille de six ans.

"C'était très important qu'elle soit là aussi. Elle est sensibilisée à ça depuis toujours. Ce que fait Gisèle Pelicot, c'est aussi pour changer les choses pour ma fille plus tard", ajoute Justine.

"On est face à une victime qui est extrêmement puissante, extrêmement courageuse, qui montre son visage, qui a refusé le huis clos et qui demande que le monde entier ait les yeux rivés sur cette affaire, donc nous on est là pour la mettre en lumière et pour demander que la justice soit faite", souligne aussi Elsa Labouret, porte-parole d'Osez le féminisme! qui a manifesté à Paris, place de la République.

"On espère que cette affaire crée une jurisprudence pour la prise en charge des violences sexistes et sexuelles à l'avenir", ajoute-t-elle.

Car partout, les manifestants ont exprimé le souhait que ces sujets ne soient plus tabous, alors que dans une autre affaire récente, des accusations d'agressions sexuelles longtemps tues visent aussi l'abbé Pierre depuis juillet.

Le procès de Dominique Pelicot et de ses 50 co-accusés des viols de Mazan doit pousser la société et les pouvoirs publics à agir, pour les manifestants.

"Ce procès médiatisé va permettre d'en parler, de réveiller les consciences", espère Martine Ragon, 74 ans, retraitée, manifestant à Marseille pour "dénoncer la culture du viol".

"Il faut soutenir les femmes qui sont traitées comme ça. Quand on entend certains témoignages, on se demande comment un homme peut traiter une femme de la sorte", s'indigne Gérard Etienne, 75 ans, compagnon de Martine.

"Quand j'ai lu l'histoire, j'ai eu du dégoût, même du dégoût d'être un homme (...) J'espère qu'il y aura de vraies condamnations, de vrais exemples", dit Stéphane Boufferet, 26 ans, travailleur dans le milieu agricole qui a manifesté avec environ 200 personnes à Clermont-Ferrand aux cris de "Soutien à Gisèle et Caroline" Pelicot.

Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes a réitéré à Paris l'appel des organisations féministes pour une "loi intégrale contre les violences sexistes et sexuelles" qui comprendrait 95 mesures, comme "une enquête systématique sur les mis en cause dès lors qu'une plainte est déposée" ou "former les juges des cours criminelles départementales", a-t-elle énuméré.

Et d'ajouter: "On a estimé qu'il faudrait au moins trois milliards en tout pour agir sur le sujet des violences sexuelles, 3 milliards ce n'est même pas 0,5% du budget de l'Etat, 0,5% du budget de l'état pour avoir la vie sauve".

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