Accueil Actu Belgique Economie

Faut-il boycotter les produits américains? Pour cet économiste belge, ce n'est pas vraiment une bonne idée

Les appels au boycott des produits américains gagnent du terrain, notamment en France et au Canada. Mais pour l'économiste Bruno Colmant, un tel mouvement pourrait nuire à l'économie locale, touchant des entreprises implantées en Belgique. L'Union Européenne, de son côté, annonce aujourd'hui sa riposte en taxant une série de produits américains.

Vous les avez peut-être vus passer sur les réseaux sociaux : ces appels à boycotter les produits américains. Une mobilisation, surtout présente au Canada, l'une des premières victimes de la politique commerciale de Donald Trump, mais aussi en France. Chez nous, certains lancent aussi un appel à éviter les produits fabriqués aux Etats-Unis.

La mobilisation n'est pas encore très forte, mais elle pourrait le devenir. Pour l'économiste Bruno Colmant, ce genre d'appel ne dure jamais très longtemps : "Ça dure quelques jours, et puis rapidement les consommateurs retrouvent leurs habitudes de consommation, tout en ne sachant pas d'ailleurs exactement qu'est-ce qu'un produit américain, parce que parfois, le produit américain est fabriqué en Europe, en Belgique".

Un boycott complet pourrait, en fait, avoir des conséquences néfastes pour notre économie. Par exemple, le groupe Coca-Cola a des usines chez nous. Chaudfontaine emploie des centaines de travailleurs et de sous-traitants. Idem pour les restaurants McDonalds : il y en a 119 en Belgique, avec des centaines d'emplois directs mais aussi indirects, comme les producteurs de viande qui fournissent les restaurants.

L'impact pourrait être non négligeable pour les filiales américaines basées en Belgique, mais les conséquences pour les grands groupes américains ne se feraient guère sentir, en fonction de la dimension des marchés.

Ca nuit au commerce international

Un boycott, quel qu'il soit, n'est jamais une bonne chose de part et d'autre : "C'est comme mettre en œuvre des barrières tarifaires, ça nuit au commerce international", ajoute-t-il.

Un secteur incontournable

Difficile d'évaluer l'impact de la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump, mais elle pourrait avoir un effet boomerang pour les États-Unis avec des conséquences, finalement, limitées pour notre économie.

Un secteur en particulier est incontournable, c'est celui des produits pharmaceutiques fabriqués chez nous et pour les Américains. Il est quasi impossible de s'en passer. "S'il y a un droit de douane de 25% en plus sur ces produits que nous exportons vers les Etats-Unis, ce seront les citoyens américains qui devront payer la note", fait remarquer Anne-Sophie Sneyers, directrice du service d'études de l'UCM. "Ils n'ont pas ni l'expertise, ni la production", précise-t-elle.

Le marché américain est important, mais pas indispensable. L'UCM a pris la température auprès de ses 160.000 affiliés, et ne constate pas de stress particulier. "L'Europe représente un marché de 600 millions d'habitants, nous avons 340 millions aux Etats-Unis, l'Inde 1,4 milliard d'habitants, donc les Etats-Unis ne sont pas le centre du monde", rappelle Anne-Sophie Sneyers.

L'UCM rappelle, sans bannir les produits américains, qu'il est bon de consommer local autant que possible.

L'UE riposte aux droits de douane

L'Union Européenne "regrette profondément" les mesures décidées par le président Donald Trump, a déclaré la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, dans un communiqué. 
"Les droits de douane sont des taxes. Elles sont mauvaises pour les affaires et encore pires pour les consommateurs", a-t-elle ajouté. "Des emplois sont en jeu. Les prix vont augmenter. En Europe et aux Etats-Unis".

La Commission européenne estime que les mesures américaines affecteront 28 milliards de dollars de marchandises, soit 26 milliards d'euros. Elle a annoncé que la réplique de l'UE toucherait le même montant de marchandises américaines.

Les droits de douane de 25% sur l'acier et l'aluminium voulus par le nouveau locataire de la Maison blanche sont devenus effectifs mercredi à 00H01 (04H01 GMT), marquant une nouvelle étape dans la guerre commerciale entre les Etats-Unis et ses principaux partenaires commerciaux.
 

À lire aussi

Sélectionné pour vous