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"Belfast", catharsis d'un môme d'Irlande du Nord devenu star de cinéma

En retraçant dans "Belfast" le parcours d'un môme d'Irlande du Nord traumatisé par la guerre civile et qui trouve refuge dans le cinéma, Kenneth Branagh s'est offert un ticket pour les prochains Oscars, à découvrir mercredi en salles.

Avec sept nominations, dont celle du meilleur réalisateur, le film qui plonge au coeur des violences nord-irlandaises de la fin des années 1960, fait partie des favoris pour les prix les plus prestigieux du cinéma.

Tourné en noir et blanc, il est sorti fin 2021 aux Etats-Unis, et est distribué mercredi en France, mais trouve son origine bien auparavant, dans les souvenirs d'enfance du cinéaste dans les rues de Belfast.

"J'ai voulu serrer la main à cet enfant de neuf ans et aussi tenter de comprendre ce que mes parents avaient traversé", a expliqué Kenneth Branagh, 61 ans, lors de la présentation à Los Angeles de ce long-métrage.

L'acteur vedette passé derrière la caméra avait déménagé en Angleterre avec sa famille à la fin des années 1960 pour échapper au conflit entre protestants et catholiques qui embrasait l'Irlande du Nord.

"Belfast" s'ouvre sur une scène de violence de rue durant l'été 1969, lorsque des militants protestants attaquent des familles catholiques pour les chasser de ces rues où les deux communautés avaient si longtemps cohabité.

"J'avais 16 ans en 1969 et je me souviens de l'excitation provoquée par cette explosion. Ce n'est que le lendemain que j'ai commencé à voir la menace que cela représentait", a expliqué l'acteur Ciaran Hinds, qui a grandi à Belfast comme de nombreux autres acteurs du film.

"Mon enfance à l'époque, c'était le bruit de cette ville la nuit, et les explosions au loin qui se répercutaient sur les collines de Belfast, ou les coups de feu nocturnes", raconte-t-il.

Ces "troubles" allaient plomber cette province britannique pendant les trente années à venir, dressant une communauté contre l'autre selon des lignes de fracture autant religieuses que nationalistes.

Le film a pour toile de fond ces violences et suit un jeune père (Jamie Dornan) qui quitte à son corps défendant Belfast pour donner à sa famille un avenir plus radieux. Mais son épouse (Caitriona Balfe) et son jeune garçon Buddy (Jude Hill) veulent rester dans le quartier où ils ont leurs racines et leurs amis.

"Belfast" mêle gravité et tendresse, par exemple lors de scènes familiales où s'illustrent Ciaran Hinds et Judi Dench, qui jouent les grands-parents de Buddy et ont été loués par la critique. Le film est une chance pour l'acteur-réalisateur de remporter le premier Oscar de ses multiples carrières, après déjà cinq nominations.

Il avait été sélectionné pour la première fois en 1990 en tant qu'acteur et réalisateur pour "Henry V". Quelques années plus tard, il était de nouveau en lice pour le court-métrage "Swan Song" puis encore pour son adaptation de "Hamlet".

Branagh avait perdu son accent irlandais durant l'enfance car il "ne voulait pas se faire remarquer" en Angleterre et il se rend compte à présent que le théâtre et le cinéma sont une façon pour lui de renouer avec ses racines.

"Je me suis certainement perdu pendant pas mal de temps, je crois. Ça m'a pris du temps pour retrouver mon chemin jusqu'à la maison, et avec ce film j'y suis arrivé", dit Branagh.

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