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A part le podium des plus gros vendeurs de smartphones dans le monde (Samsung, Apple et Huawei), rares sont les marques qui parviennent à gagner de l'argent sur le marché hyper concurrencé de la téléphonie mobile. Il y a quelques exceptions comme les marques chinoises Xiaomi (qui vient de débarquer en France) et OnePlus (au concept marketing innovant: publicité et vente exclusivement en ligne), mais le reste souffre depuis plusieurs années.
Des géants comme Sony et LG perdent de l'argent sur ce marché mais en gagnent beaucoup sur d'autres (télévisions, jeu vidéo, climatisation, etc), ce qui leur permet de survivre. Des acteurs plus petits comme HTC sont au bord de la banqueroute et se sont déjà séparés de certaines équipes. D'autres ont carrément décidé d'abandonner, comme le fabricant d'ordinateur Acer, ou même Microsoft.
Vous l'avez compris: ceux qui subsistent ont généralement d'autres rentrées financières, et c'est le cas d'Alcatel. Rappelons que l'ancien grand nom du GSM français est passé sous giron chinois il y a quelques années. Après quelques hésitations sur le nom (au début, il s'agissait d'Alcatel OneTouch), la marque qui possède toujours des bureaux à Paris est revenue à Alcatel, et vient de se trouver un logo plutôt sympa, un genre d'icône de messagerie en forme de 'a'.
TCL, la maison-mère chinoise d'Alcatel, est spécialisée dans les écrans en tout genre. Elle est N.1 en Chine au niveau des télévisions, N.2 aux Etats-Unis et N.3 au niveau mondial, d'après des chiffres fournis par des responsables que nous avons rencontrés. Elle exploite également la marque Thomson pour vendre des téléviseurs.
Sur le marché des smartphones, elle compte dans son portefeuille de marques et de brevets Alcatel et BlackBerry, même si elle fabrique également des appareils en nom propre (TCL) et en marque blanche pour des opérateurs, par exemple. Cette stratégie lui permet d'être N.8 au niveau mondial, N.5 en Europe devant Sony, LG et HTC…
Dernièrement, TCL a ajusté ses usines de fabrication d'écrans afin de fournir ses lignes d'assemblages de téléphones, ce qui est une idée judicieuse "au niveau de l'approvisionnement, des coûts, de la qualité et de la consommation d'énergie", nous a confié le responsable produit pour l'Europe.
Uniquement l'entrée de gamme
Pour tenter de dégager du bénéfice, Alcatel revoit régulièrement sa stratégie. Après un changement de nom, c'est un changement complet de gamme qui a lieu en 2018. L'ancienne gloire de la téléphonie mobile française a décidé d'abandonner purement et simplement le milieu de gamme que constituaient les Idol, par exemple. On est donc dans de l'entrée de gamme uniquement, avec un point commun assez fort: le format des écrans en 18:9, une tendance qui devient donc une norme cette année.
"Plus aucun appareil de notre porte folio ne dépasse les 199€ en Belgique", nous a expliqué Alcatel. La nomenclature a également évolué vers davantage de simplicité. "Ce sont des chiffres, tout simplement, comme pour les voitures".
Il y a la gamme 1 (entre 89€ et 99€), des petits smartphones 3G ou 4G avec une fiche technique limitée, surtout au niveau de la taille, de la qualité de l'écran et des photos.
La gamme 3 est la plus étendue, avec 4 modèles: 3, 3C, 3X et 3V. Les prix vont de 129€ à 189€, avec des fiches techniques plus correctes mais assez variables (il y a encore un modèle 3G, le moins cher…).
Nous nous sommes concentrés sur le test du nouvel Alcatel 5, un appareil vendu 199€ en Belgique. Sa fiche technique est très correcte pour le prix: écran 5,7" HD occupant 78% de la face avant, puce MediaTek MT6750 à 8 cœurs, 3 GB de RAM, 32 GB de stockage interne (avec port microSD), batterie de 3.000 mAh, USB Type-C (contrairement aux séries 1 et 3), appareil photo 12 MP à l'arrière.
Le design est ce qui frappe le plus vu le prix. Alcatel parvient à se différencier de la concurrence, et en 2018 c'est un challenge car des centaines de smartphones à bas prix se ressemblent, étant d'ailleurs parfois produits par les mêmes lignes d'assemblage chinoises. Le 5 a choisi de réduire le plus possible la bordure inférieure, déplaçant dès lors le capteur d'empreinte à l'arrière. Ça donne un coté moderne et appréciable. Au-dessus de l'écran, l'espace est plus important, ce qui confère donc un certain déséquilibre à l'ensemble.
Mais Alcatel y a logé deux capteurs photo pour vos selfies : pas d'effet 'bokeh' ou de mode portrait, hélas, mais la possibilité de choisir entre prise de vue normale ou 'grand angle', pour inclure plus d'amis dans votre selfie. Une option bien pratique pour certains :
La qualité générale des photos est assez moyenne, et c'est bien normal pour un appareil de cette gamme de prix. Le tout est logé dans un écrin au look métal brossé réussi.
L'interface d'Alcatel est très proche de l'Android 7.0 qui anime le téléphone (avec correctif de sécurité Google datant de février 2018). Elle manque un peu de fluidité (lancement des applications, menus, etc) mais vu la configuration et le prix, à nouveau, c'est assez logique.
On a remarqué l'option Joy Touch qui laisse en permanence un bouton semi-transparent sur l'écran, donnant accès à des raccourcis personnalisables. Pourquoi pas…
Plus intéressant: Face Key, qui amène la reconnaissance faciale sur un smartphone à 199€. Ce n'est pas aussi rapide que sur le Huawei P20 Pro par exemple (vendu 899€), mais ça ne fonctionne pas trop mal quand les conditions lumineuses sont bonnes.
Conclusion
La marque Alcatel, poussée et produite par le géant chinois TCL, a raison de se réinventer une fois de plus pour tenter de percer sur le marché hyper-concurrencé des smartphones. En Belgique, sa gamme 2018 ne dépasse plus les 199€, un segment en forte croissance car on y trouve désormais des appareils à la qualité raisonnable.
Le fleuron est l'Alcatel 5, un produit bien conçu et avec quelques options intéressantes. Il nous a convaincus dans l'ensemble et mérite d'être considéré si vous ne voulez pas mettre trop d'argent dans un smartphone.
L'entreprise a cependant un gros travail de communication à effectuer dans notre pays pour se faire une place face aux mastodontes d'Android que sont chez nous Samsung et Huawei. Ils prennent pratiquement toute la place et la marque Alcatel, si elle est connue de tous, n'a pas toujours fait rêver le grand public.