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Transat Jacques-Vabre: Clarisse Crémer a hâte de retrouver son élément

Clarisse Crémer, de retour dans le jeu. Huit mois après avoir été débarquée par Banque Populaire, la navigatrice ressent "beaucoup de joie" à l'heure de fendre les flots lors de la 16e édition de la Transat Jacques Vabre.

Skippeuse de l'Imoca L'Occitane en Provence, Crémer, 33 ans et maman, a attendu comme ses concurrents une semaine supplémentaire à quai au Havre en raison de la tempête Ciaran, mais n'a désormais qu'une hâte, "retourner sur l'eau, (s)on élément", a-t-elle expliqué dans un entretien accordé à l'AFP.

QUESTION : A l'approche de ce départ tant attendu, quel est votre état d'esprit ?

REPONSE : "On est chauds ! On part enfin traverser l'Atlantique. Il y a beaucoup de joie d'être ici après toutes ces péripéties. C'est l'aboutissement de plusieurs mois de travail avec toute l'équipe donc ce départ à un petit goût de victoire. Le bateau est bon, il a déjà été vachement éprouvé par l'équipe d'avant (l'Imoca Apivia de Charlie Dalin, 2e de la dernière Route du Rhum et du Vendée Globe, ndlr), on n'a pas eu le mode d'emploi donc on ne prétend pas encore s'en servir parfaitement, mais nos premières sorties ont été encourageantes avec une 6e place sur la Fastnet Race et une 10e place sur le Défi Azimut cet été".

Q: Comment s'est mise en place cette aventure avec L'Occitane en Provence ?

R : "Ma dernière transatlantique remonte à fin 2021, un convoyage retour de Jacques-Vabre sur le bateau qui allait devenir le mien. Ensuite, j'ai été enceinte et super malade au début donc il y a eu un arrêt brutal de toute activité sportive. Et quand cela a commencé à aller mieux en début d'année, l'histoire avec Banque Populaire s'est arrêtée (le sponsor a estimé qu'elle n'était plus en mesure de se qualifier pour le Vendée Globe, ndlr), cela a été une période compliquée. Je suis parti une semaine en vacances en famille fin février, j'ai repris le sport et c'est là où je me suis dit : +j'ai encore du jus+. En même temps, Alex Thomson (skipper et armateur britannique qui a racheté le bateau à Banque Populaire) m'a tendu la main et j'ai souhaité voir comment cela allait se matérialiser".

Q: Avez-vous eu des moments de doute ?

R: "C'était loin d'être gagné et d'ailleurs au tout début je n'étais même pas certaine d'avoir l'énergie. Mais les choses se sont faites assez naturellement avec Alex et L'Occitane, même si cela a été énormément de travail. Il aura fallu gérer la fin d'un projet Vendée Globe, le début d'un nouveau et une petite fille de mois d'un an à élever avec mon compagnon (le marin Tanguy Le Turquais, ndlr). Beaucoup de choses se créent au fur et à mesure avec la nouvelle équipe, mais je suis impliquée dans toutes les étapes du projet, c'est plus de responsabilités, cela change. Si j'ai encore des choses à apprendre, je me sens progresser et c'est tous les jours plus gratifiant".

Q: Qu'est-ce qui vous a le plus manqué pendant cette pause ?

R: "Etre en mer, faire une course... tout simplement revenir sur l'eau, c'est mon élément. La course au large, c'est comme tout, quand tu ne fais pas quelque chose pendant longtemps tu finis un peu par oublier, mais quand on a recommencé à régater avec Alan (Roberts, co-skipper cet été et sur la Transat Jacques-Vabre, ndlr) qui est quelqu'un d'hyper calme, avec beaucoup de recul sur le monde de la voile, cela a été un vrai bonheur. Ce n'est pas facile tous les jours, je ne me sens toujours pas de retour au meilleur de ma forme physique, mais cela m'a rappelé que même si c'est juste +faire du bateau+, c'est quelque chose qui me correspond. Et je me dis que j'ai eu raison de m'être battue pour ça".

Propos recueillis par François d'Astier

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