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Route du Rhum : rhum d'antan et d'aujourd'hui

A 40 ans, le bel âge ? Née en 1978 dans un esprit +no limit+, la Route du Rhum a bien mûri pour présenter une édition 2018 riche de 124 bateaux participants. Des petits budgets d'autrefois de 30.000 francs à des projets actuels de 15 millions d'euros, la transatlantique en solitaire n'a gardé que le concept d'un même parcours inchangé et pour tous.

"Historiquement la Route du Rhum c'est une seule ligne de départ pour tout le monde. A l'époque, un bateau de 9 m c'était la norme. Le satellite, ça n'existait pas encore, et pareil pour le GPS", explique à l'AFP le navigateur Michel Desjoyeaux, vainqueur en 2002 (en multicoque) et co-auteur d'un livre avec le journaliste Eric Cintas, "40 ans de Route du Rhum" (Editions Marabout).

Lors de la première édition en 1978, l'idée est de contrecarrer les Anglais, qui depuis 1960 ont le monopole de la traversée de l'Atlantique nord en solitaire avec la Transat anglaise et qui décident en 1976 de limiter la taille des bateaux alors que les Français s'engagent avec des montures de plus en plus grandes. La Route du Rhum se jouera aussi tous les 4 ans (en alternance avec la Transat anglaise années paires/impaires) et sera ouverte à tous.

La course propose un parcours de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), un tracé qui n'a jamais changé depuis. Le 5 novembre 1978, ce sont 38 bateaux qui s'alignent sans distinction sur une même ligne de départ, avec une radio pour seul moyen de communication.

- Budgets et vitesse -

Pas d'aide électronique, pas de GPS, pas même d'AIS, ce système qui permet de connaître la vitesse et le cap d'un concurrent à proximité.

C'est dans cette configuration que le Canadien Mike Birch, à bord d'un petit trimaran de 12 m (Olympus Photo) s'impose face au gros mastodonte monocoque de 20 m du Français Michel Malinovsky (Kriter V), avec 98 petites secondes d'avance.

Selon Didier Ravon, auteur de "La Route du Rhum, 40 ans de légende" (Editions Gallimard Loisirs 2018), Birch avait reçu un chèque de 30.000 francs (4.600 euros) de la part de son sponsor pour participer. Le bateau n'était pas à lui mais à son ami Walter Greene, avec qui il a partagé la prime de victoire, soit 200.000 francs (30.500 euros).

Quarante plus tard, les budgets ont grimpé. A titre d'exemple, dans la nouvelle catégorie élitiste des Ultim (maxi-trimarans de 32 m de long pour 23 m de large), le bateau Banque Populaire skippé par Armel Le Cléc'h et mis à l'eau en octobre 2017, a coûté 10 millions d'euros avec un budget de fonctionnement annuel de 5 à 6 millions.

Outre les coûts, la vitesse s'est aussi emballée.

"On est le seul moyen de transport inventé par l'homme qui va 3 fois plus vite aujourd'hui qu'il y a 40 ans. Pas un avion, pas une voiture, pas un porte-avion ne va 3 fois plus vite qu'autrefois, on est les seuls à avoir progressé autant", souligne Loïck Peyron, vainqueur de la Route du Rhum en 2014.

- Un peu de rêve -

En 1978, Mike Birch avait mis 23 jours pour traverser seul l'Atlantique nord. Peyron n'a eu besoin que de 7 jours.

Parmi les différences notables entre hier et aujourd'hui, il y a aussi la classification des bateaux. Il y a 40 ans, c'était "la grande transhumance organisée" comme le dit Peyron.

Le 4 novembre prochain, ils seront 124 bateaux, répartis en 6 catégories, pour un même top départ sur une même ligne avec 6 estimations d'arrivées différentes en Guadeloupe et donc 6 classements pour un vainqueur global, celui qui arrivera le premier.

La couverture médiatique n'est plus la même également. En 1978, des images de l'arrivée avait été fournies par un caméraman amateur alors que personne n'était vraiment en mesure de savoir qui menait et quelles étaient les positions.

Cette année, les concurrents pourront être suivis en live et communiqueront via des vidéos postées sur les réseaux sociaux et via des vacations quotidiennes avec le PC Course.

Tous les concurrents, à l'exception des catégories Imoca et Class40, seront aidés de routeurs, c'est-à-dire de conseillers météo à terre.

"Mon mari partait et il revenait. Entre temps il avait vécu quelque chose d'extraordinaire qu'il racontait à son retour. Aujourd'hui ca ne me fait pas rêver quand j'entends un marin dire qu'il s'est lavé les dents, qu'il a mangé un plat de pâtes. Je suis admirative des performances des marins d'aujourd'hui mais un peu de rêve, s'il vous plait!" a regretté auprès de l'AFP la veuve d'Eric Tabarly, Jacqueline Tabarly.

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