Partager:
La peur du vide: après les Jeux Olympiques de Tokyo, reportés à 2021, la pandémie de coronavirus a eu la peau des Championnats d'Europe d'athlétisme, prévus du 25 au 30 août à Paris et purement et simplement annulés jeudi, faisant planer la menace d'une saison blanche.
Avec les JO et l'Euro, ce sont les deux principaux rendez-vous de la planète athlétisme qui sont ainsi rayés du calendrier, alors que tous les grands meetings ont d'ores et déjà été décalés et ne reprendront pas avant début juillet.
Peu avant la décision des organisateurs des Championnats d'Europe, la Ligue de diamant avait en effet décidé de reporter à une date ultérieure les réunions d'Eugene (États-Unis, le 7 juin) et de Paris (13 juin). Ce sont au total huit meetings du circuit majeur de l'athlétisme qui sont passés à la trappe sans certitude sur leur avenir, ce qui repousse au 4 juillet à Londres un éventuel début de la saison internationale.
Seul Oslo (11 juin) a été préservé à huis clos, hors Ligue de diamant et dans un format plus proche d'une exhibition avec notamment un match à distance entre le champion olympique 2012 français Renaud Lavillenie et le Suédois Armand Duplantis, qui lui a ravi cet hiver le record du monde du saut à la perche (6,18 m).
Les deux hommes s'affronteront lors d'un concours vraiment pas comme les autres, Lavillenie se démenant depuis le sautoir... de son jardin à Pérignat-lès-Sarliève en France.
> CORONAVIRUS en Belgique: les dernières infos
"On a vraiment tout essayé"
Le sort de l'Euro était lui en suspens depuis le confinement décrété en France à partir du 17 mars. Les organisateurs ont longtemps caressé l'espoir de pouvoir maintenir l'évènement mais les incertitudes liées au déconfinement ont rendu leur tâche impossible, le huis clos ayant été dès le départ jugé "inenvisageable" par la Fédération française d'athlétisme (FFA).
L'annulation s'est imposée jeudi après une réunion du comité exécutif du comité d'organisation, précédée d'une visioconférence avec la FFA, les ministères des Sports et de l'Intérieur et la délégation interministérielle aux grands événements.
"On a vraiment tout essayé, on s'est battu jusqu'au bout pour le maintien, a déclaré Jean Gracia le président du comité d'organisation. On a travaillé dur comme fer pour, à tout prix, faire ces Championnats d'Europe et offrir quelque chose d'intéressant en fin de saison aux athlètes qui sont dans une situation compliquée. On espérait tous que la situation puisse s'améliorer rapidement, malheureusement, ce n'est pas le cas".
"On avait même demandé à la commission médicale de la Fédération de faire une évaluation des mesures à prendre pur pouvoir organiser l'évènement. On a étudié toutes les possibilités, y compris celle de diminuer le nombre d'athlètes par épreuves ou de mettre un spectateur sur deux" au stade parisien de Charléty, a-t-il poursuivi.
Le président de la FFA André Giraud a de son côté indiqué avoir "tenu compte de l'évaluation des risques telle qu'elle a été présentée par les services de l’État".
"Principe de précaution"
"L'éclairage des services de l’État a été déterminant pour prendre cette décision, a-t-il ajouté. Nous avons agi en toute responsabilité. L'intérêt était de préserver la santé de tous, des athlètes, des spectateurs, des volontaires, des officiels et des salariés. C'est un principe de précaution."
Il s'agit d'un coup dur financier pour l'athlétisme français, dont les compétitions nationales sont suspendues jusqu'à la fin juillet. Un peu plus de 1,7 millions de billets avaient déjà été vendus (plus de 50% du total) pour un budget de 17 millions d'euros.
Mais malgré l'absence d'une assurance annulation, le patron de la FFA a estimé qu'"il n'y aura pas d'impact financier important sur le budget de la Fédération", attendu à l'équilibre pour 2020. "Les subventions de l’État, soit 25% du budget, ne seront pas réclamées et la Fédération européenne fera jouer son assurance", a-t-il affirmé.
Les athlètes sont eux privés de leur dernier grand objectif sportif de la saison d'autant que la Fédération internationale d'athlétisme a suspendu la période de qualification pour les JO de Tokyo jusqu'au 30 novembre.
"C'est un peu de déception sportivement parlant, c'était à domicile, on en a pas souvent l'occasion. Cela ressemblait à la dernière chance d'avoir un bel évènement cet été", a réagi la la vice-championne olympique du disque Mélina Robert-Michon, interrogée par l'AFP.
Le sprinteur Christophe Lemaitre, médaillé de bronze olympique du 200 m et quadruple champion d'Europe (100, 200 et 4x100 m), a lui fait part à l'AFP de sa "tristesse", avouant avoir "de plus en plus peur d'une saison blanche."