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Italie: l'AC Milan officiellement vendu à des investisseurs chinois

L'AC Milan, l'un des clubs de football italiens les plus prestigieux, a officiellement été vendu jeudi à Rossoneri Sport Investment Lux, un groupe d'investisseurs chinois, pour 740 millions d'euros, a annoncé l'ancien propriétaire Fininvest, la holding de Silvio Berlusconi.

L'histoire commence en juillet 1986 sous une pluie battante et devant 10.000 tifosi, quand trois hélicoptères se posent au centre d'un terrain milanais au son de la Chevauchée des Walkyries. C'est l'histoire de l'AC Milan de Silvio Berlusconi.

Trente ans plus tard, en août dernier, l'ancien chef du gouvernement italien annonçait le début de la fin avec une étrange vidéo postée sur Facebook dans laquelle il expliquait pourquoi la vente de son club à des investisseurs chinois, définitive depuis ce jeudi, était "un acte d'amour".

Car si pendant 30 ans le Milan a servi les intérêts politico-économiques de Berlusconi, lui aussi l'a servi, avec beaucoup d'argent et sans doute effectivement pas mal d'amour.

"Berlusconi président tombait amoureux aussi souvent qu'un adolescent en club-vacances", écrivait ainsi en septembre la Gazzetta dello Sport dans une formule qui résume bien l'histoire du Cavaliere et de "son" club.

De coups de coeur en coups de coeur, avec une poignée de coups de génie et quelques coups dans l'eau, les 31 ans de Berlusconi à Milan sont désormais condensés en une succession de chiffres et d'images: huit scudetti, cinq Ligues des champions, les buts de Van Basten, Shevchenko ou Kaka, les dreadlocks de Gullit, les yeux clairs de Maldini, le maillot rouge et noir ou le signal du capitaine Baresi commandant la remontée de sa défense pour piéger l'adversaire d'un énième hors-jeu.

Le mage de Fusignano

Quand il reprend l'AC Milan en février 1986, Berlusconi est un riche homme d'affaires, bien décidé à redresser un club au bord de la faillite. Wagner et les hélicoptères lors de la première présentation de l'équipe sont là pour montrer que l'affaire se fera au pas de charge.

Mais le vrai point de départ de l'épopée, c'est Arrigo Sacchi. Recruté à Parme, en Serie B, un an après la prise de pouvoir de Berlusconi, celui qui deviendra "le mage de Fusignano" n'est personne. Il n'a jamais joué à haut niveau ni entraîné en Serie A, mais il va bâtir en quelques mois une équipe qui dominera l'Europe et révolutionnera le football.

Pressing haut et constant, 4-4-2, pas de libéro, une science du hors-jeu qui prendra en défaut le Real Madrid 23 (!) fois lors d'une demi-finale européenne en 1989: le Milan de Sacchi a surtout installé l'idée de domination et de beau jeu dans un "calcio" qui ne pensait alors qu'à gagner, la plupart du temps en défendant.

Cette philosophie nouvelle, Berlusconi l'a défendue. "Il est venu parler à l'équipe 30 secondes, le discours le plus efficace que j'aie jamais entendu: 'Sacchi est l'entraîneur que j'ai choisi. Ceux qui sont avec lui restent ici, les autres partent'", raconte aujourd'hui le technicien.

Bilan ? Un titre de champion, une Coupe et une Supercoupe d'Italie et surtout deux Coupes d’Europe des clubs champions consécutives (1989 et 1990), deux Supercoupes d’Europe et deux Coupes intercontinentales, soit neuf trophées, les premiers des 29 conquis par le club lombard pendant la présidence Berlusconi.

Après Sacchi, les rossoneri connaîtront encore d'immenses succès avec Fabio Capello, nommé alors qu'il n'avait dirigé qu'une poignée de matches dans l'élite: quatre titres de champion et une nouvelle Ligue des champions en 1994 en détruisant le Barcelone de Cruyff (4-0) lors d'une finale qui fût le chef d'oeuvre du génial Savicevic.

Flair évanoui

L'ère Carlo Ancelotti est également mémorable avec un nouveau scudetto et deux Ligues des Champions supplémentaires (2003 et 2007).

Joueur clé puis entraîneur à succès du club, l'actuel technicien du Bayern Munich est idéalement placé pour expliquer la recette de son ancien président: "Berlusconi critiquait quand l'équipe allait bien. Quand ça allait mal, il nous soutenait. La plupart des présidents font exactement l'inverse".

En septembre après l'annonce de la vente du club, "Carletto" estimait également que Berlusconi avait "porté ce club aussi haut qu'il était possible de le faire".

Mais plus dure est la chute. Car depuis le départ d'Ancelotti en 2009, les succès sont devenus beaucoup plus rares, avec un seul championnat et deux Supercoupes.

Berlusconi, 80 ans, a perdu son flair. Ses derniers choix de coaches sont autant d'expériences ratées - Seedorf, Inzaghi, Mihajlovic -, et l'effectif qui autrefois faisait rêver se bagarre pour conserver une modeste 6e place. Le Milan coûte cher et les enfants du président le poussent à vendre.

Berlusconi a fini par céder, tout en se disant "sûr" de "bientôt fêter les nouveaux grands succès avec lesquels Milan saura honorer sa grande tradition". Celle qui en a fait le dernier club à gagner deux Ligues des champions consécutives.

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