Une maison mitoyenne et mal isolée, des chiens du voisin direct sans doute mal dressés, un riverain qui ne travaille pas et passe beaucoup de temps chez lui: tous les ingrédients sont réunis pour une situation très tendue. Et que fait la police ? Nous lui avons demandé…
C'est une histoire banale dont nous parlons aujourd'hui: un riverain incommodé par les aboiements des chiens de son voisin. Mais ce que Salvatore veut surtout dénoncer, c'est le manque d'efficacité de la police, qu'il appelle pourtant régulièrement depuis près d'un an.
"Aujourd'hui, j'ai sonné à 18h17 et 19h17 pour faire appliquer la réglementation communale sur les aboiements intempestifs. Il est 23h18, et je n'ai encore vu personne de la police pour ma plainte. C'est comme ça à chaque fois que je me plains, il faut que je me batte pour qu'ils réagissent", nous a-t-il écrit via le bouton orange Alertez-nous.
Des chiens qui aboient dès que le maître quitte la maison…
C'est l'été dernier que Salvatore a commencé à être dérangé par les chiens de son voisin. Notre témoin habite une maison de rangée dans la région de Mons, et ne travaille pas pour l'instant, suite à un accident de travail. Dès que les chiens aboient ("deux petits chiens, des bâtards"), il les entend.
"Je suis rentré de vacances, et mon voisin s'était absenté. Il avait laissé les chiens seuls dans le bâtiment, livrés à eux-mêmes. Une personne venait le matin pour ouvrir la porte du jardin, et le soir il venait la refermer. Les chiens ont aboyé sans cesse pendant quatre jours".
A ce moment-là, Salvatore fait appel à la police, qui "ne m'a jamais écouté" et "n'a jamais rien fait", selon lui. Alors qu'il y a, comme dans toutes les communes, "un règlement concernant les aboiements intempestifs", rappelle notre témoin.
Il a dès lors essayé d'arranger les choses en contactant son voisin. "Je lui ai téléphoné. Il s'est énervé au téléphone".
Dès que mon voisin sort, ça recommence, parfois durant trois heures non-stop. Pendant la première heure, croyez-moi, c'est désastreux pour nous…
La police est venue "parce qu'on allait se battre", et arrange les choses pendant un certain temps
Peu après, en le croisant dans la rue, "il y a eu une altercation", explique Salvatore. "La police est venue, cette fois, parce qu'on allait se battre". Les policiers ont joué leur rôle: "ils ont calmé le jeu, et demandé au voisin de faire cesser les aboiements, ou de mettre des colliers anti-aboiements".
Ce qu'ont dit les policiers ensuite a rassuré notre témoin: "ils ont dit que la prochaine fois que j'appelais, ils viendraient constater, et qu'ils dresseraient un procès-verbal". Cette annonce a fait son effet: "pendant quelques temps, tout s'est bien passé".
Mais très vite, les aboiements reprennent. "A l'intérieur, toujours, et c'est mal isolé, car mon voisin a construit une partie de sa maison directement sur mon mur. Dès que mon voisin sort, ou lorsqu'il s'absente le week-end, ça recommence, parfois durant trois heures non-stop. Pendant la première heure, croyez-moi, c'est désastreux pour nous… ".
"J'ai dit à la police que j'allais passer à l'acte"
La suite, on la connait: impossible de faire venir la police pour qu'elle constate les aboiements jugés intempestifs. "Dès fois, je mords sur ma chique, je ne téléphone pas non plus sans cesse. Mais quand c'est plus d'une heure, je commence à perdre les pieds".
Sur les quelques derniers mois, Salvatore a appelé "cinq ou six fois" la police, mais sans suite. Elle n'a donc finalement jamais dressé le moindre procès-verbal, c'est pourtant "tout ce que demande notre témoin, que le règlement soit respecté". Car il reconnait que "son voisin a fait des efforts pour calmer les chiens".
"A bout", il est même passé à la vitesse supérieure. "Toutes les conversations avec la police sont sans doute enregistrées. Je leur ai bien dit que j'allais péter un câble, que j'allais passer à l'acte, car mon voisin est très agressif". La situation est d'autant plus tendue qu'il y a un autre litige entre les deux voisins, basé sur des travaux qui posent problème à Salvatore.
Que dit la police ?
Nous avons contacté la police de Mons pour en savoir plus sur la procédure suivie en cas d'aboiements intempestifs. Pour ne pas envenimer la situation, Salvatore n'a pas souhaité nous donner l'adresse de son voisin, qui aurait permis à la police de retracer l'historique des plaintes.
La zone de police Mons/Quévy n'a donc pu nous répondre "que de façon théorique sur le trajet de ce type de plainte, car malgré tout, cela reste du cas par cas, et tous les cas ne sont pas identiques".
La théorie, donc, "c'est de se baser sur le RGP, le règlement générale de police, appelé aussi 'charte du respect de l'autre' à Mons". Ce règlement est téléchargeable sur cette page et on y trouve en effet à la page 26, l'article 20 consacré aux cris d'animaux: "Les propriétaires, gardiens et surveillants d'animaux dont les aboiements, hurlements, cris, chants et autres émissions vocales perturbent le repos ou la tranquillité publique doivent prendre les mesures nécessaires pour faire cesser le trouble", peut-on lire. C'est en effet très théorique, et il n'y a pas d'explications sur la procédure:
La zone de police précise tout de même que "l'agent de quartier est appelé par les citoyens en cas de souci récurrent". C'est lui qui, dans un premier temps, essaie d'arranger les choses à l'amiable, et ensuite peut constater un non-respect du règlement, pour dresser un procès-verbal.
"Il nous est également possible d'obtenir l'appui du service de médiation (gratuit) de la Ville de Mons", qui peut gérer les conflits de voisinage. On apprend dans cette brochure de la Ville que le but de la médiation est de "favoriser la résolution à l'amiable" pour "éviter toute judiciarisation du conflit ainsi que les démarches ardues qui en découlent".
Au moment de clôturer cet article, Salvatore avait reçu un email encourageant de la police locale, disant "donner suite immédiatement" à sa demande, et promettant "une analyse de la situation pour voir ce qui peut être fait".
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