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Gudrun Mahlberg a l’habitude de se promener aux abords du lac de Louvain-la-Neuve. Ce bassin d’orage, souvent appelé "lac" a été vidé de son eau le 26 février 2019 pour être nettoyé (minéraliser la vase et ainsi, purifier l’eau). Depuis l’état de santé des oies du lac la préoccupe. "Toutes ces oies sont sans eau et sans nourriture depuis que le lac a été vidé. Les bénévoles s’activent pour leur en apporter un peu", dit-elle dans une vidéo publiée sur Facebook (voir ci-dessus) avant d'exprimer sa colère : "Je voudrais dénoncer la ville de Louvain-la-Neuve et l’université. Vous videz le lac et vous ne faites rien pour aider ces animaux. Je trouve ça absolument scandaleux", juge-t-elle. Nous avons joint Jean-Claude Mangeot, le garde forestier en charge du lac. Pour la nourriture, il se veut rassurant : "Les oies ne meurent pas de faim. Elles sont herbivores et la végétation autour du lac est luxuriante. En plus, des gens leur donnent du pain et il reste là, tellement elles sont gavées."
Par contre, il y a bien "un problème de boisson". L'eau du lac est polluée. Et elle l'est d'autant plus qu'elle est rare en ce moment dans le lac vidé. "Tant que les produits sont dilués dans le lac ce n’est pas trop problématique. Par contre, quand il est asséché, les eaux polluées sont plus présentes. C’est à ce moment qu’il faut être vigilant à ce que les animaux n’en ingurgitent pas", dit Hervé Pâques, un bénévole de l’association Natagora.
Pour les poissons, le problème ne se pose pas car ils ont été évacués lors de la vidange du lac. "Ils ont été remis dans la Meuse, dans la Sambre et dans d’autres points d’eau", informe le garde forestier. "Sur les 6 tonnes de poissons, j’en ai gardé 300 kilos en pisciculture pour les remettre dans le lac dès qu’il sera rempli à nouveau."
Quant aux oies, une rencontre avait réuni la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux (LRBPO), la Ville et l’université le 4 septembre dernier. On a imaginé de les déplacer vers un étang voisin ou de procurer des bacs d'eau fraîche. Mais étant donné que la remise sous eau du lac ne tarderait pas à arriver et résoudrait le problème, il a été décidé qu'il n'y avait pas lieu d'agir.
Mais si la pollution sera diluée avec le retour de l'eau, il n'en reste pas moins qu'elle existera encore. "Je viens tous les 15 jours, avec les élèves ou pour faire un jogging autour du lac. Et c'est vrai qu'on découvre un peu de pollution, des nappes un peu douteuse près de la sortie", témoigne un joggeur. "Quand on passe ici, on sent une odeur d'égout, normalement, ça ne devrait pas arriver", dit une habitante de Louvain-la-Neuve.
On fait décoller des fusées dans l’espace et on n’est pas capable d’envoyer un robot dans l’égout pour résoudre notre problème
D'où vient cette pollution ?
À sa création, la ville de Louvain-la-Neuve a construit deux réseaux d’égouts : un pour les eaux usées et l’autre pour les eaux de pluie. C'est le réseau d'égouts qui récupère les eaux pluviales, théoriquement saines, qui remplit le lac. Mais en pratique, il y a un problème : "Certaines personnes se sont raccordées à ces égouts. On se retrouve donc avec de l’eau polluée", déplore Jean-Claude Mangeot.
Pour le garde forestier, la solution est claire : "Je voudrais qu’on se mette ensemble pour l’environnement pour une fois et qu’on endigue le problème à la source. On fait décoller des fusées dans l’espace et on n’est pas capable d’envoyer un robot dans l’égout pour résoudre notre problème." Ce robot permettrait de localiser les arrivées d'eau polluée pour les reboucher. "Alors qu’il ne pleut pas, il y a un débit de 3 litres par secondes d’une eau putride qui s’écoule. Il doit y avoir des entreprises, des restaurants et des logements qui sont raccordés ce n’est pas possible autrement", pense-t-il.
Une réunion pour solutionner le problème a eu lieu le 18 septembre. "Dans l’état actuel des choses, je peux vous dire que des moyens politiques et techniques vont être mis en œuvre assez vite pour faire face à la problématique. Ces décisions n’ont pas encore été validées donc je ne peux pas encore vous faire part des moyens qui seront mis en œuvre", assure Dorothée Hébrant, éco-conseillère pour la ville. En attendant, la commune va sensibiliser les citoyens à ne pas jeter leurs eaux usées dans les bouches d'égout. Une mesure consiste ) placer des panneaux près de ces entrées d'égout pour prévenir que l'eau, qui y entre, se déverse directement dans le bassin.
Restera à savoir si c'est l'université, propriétaire du lac, ou la commune, propriétaire des égouts, qui payera la note.