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Les grilles du magasin Mediamarkt de Sint-Pieters-Leeuw étaient fermées ce vendredi : aucun client ne pouvait rentrer dans le magasin ce vendredi. Les employés étaient sur place depuis 9h pour bloquer l’entrée du magasin et marquer leur mécontentement. Pire, leur désespoir face à une situation qui s’enlise voire s’empire de jour en jour selon eux. "Ils sont à bout", se désole Youssef Haddad, délégué syndical CNE (soit: la Centrale National des Employés, le syndicat des employés en Belgique francophone) présent sur place.
Il y a une semaine, le préavis de grève a été déposé : "La CNE a dénoncé depuis des mois l’attitude et le comportement du directeur du magasin [...] Nous avons dénoncé des faits qui tendent vers le harcèlement et aucun changement n’a été mis en place même après avoir averti les différentes directions", peut-on lire dans le document.
"C'est un peu la menace ultime: dès qu'on annonce une grève, les choses bougent un peu. On espérait ne pas avoir à la faire, mais nous n'avons pas eu le choix", précise Youssef Haddad, puis enchaîne: "C’est triste mais il faut passer par là, c’est le seul moyen de faire entendre la voix des travailleurs et montrer leur désarroi..."
Mais qu'est-il reproché exactement à la direction du magasin Mediamarkt de Sint-Pieters-Leeuw?
Les revendications des employés en grève et du syndicat CNE
Les principales revendications des employés et du syndicat sont "la surcharge de travail et le manque de personnel qui mène à une pression constante sur les employés restant", explique Youssef Haddad, délégué syndical depuis 2019. "Ça fait des mois qu'on tire la sonnette d'alarme mais il n'y a pas d'action de la part de la direction", poursuit-il. Certains employés sont en burn-out, d'autres souffrent de "maladie longue durée" à cause de cette pression, précise le délégué syndical.
Des faits "d'harcèlements" ont aussi été signalés, notamment "une altercation entre le responsable du magasin et un collaborateur, tout ça devant les clients", explique Youssef Haddad. "Mais il y a des cas bien plus sournois et qui sont permanents", dénonce-t-il.
Et ce magasin Mediamarkt est bien connu du syndicat puisqu'il a un "historique" de faits similaires: "Nous avons déjà eu des cas il y a quelques mois et rien n'a été réglé par la direction, même après plusieurs rendez-vous... Les problèmes ne se règlent pas: ils s’accumulent!"
Une fusion et un plan de restructuration
Mediamarket Belux (Belgique et Luxembourg) a fusionné avec Mediamarket NL en une seule entité depuis le 1er avril dernier. Il n'y a plus de direction belge mais une direction unique pour la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. Cette fusion empêche toute concertation entre les différents représentants de Mediamarkt, selon le délégué syndical, et rendent le quotidien des employés difficile.
Un plan de restructuration avait aussi été annoncé en décembre 2020 par la société mère de la marque d'électroménager. Ce plan, qui devrait durer jusqu'en 2023, touche tous les magasins Mediamarkt belges ainsi que leur siège à Zellik. Il implique "une limite d'employés" par magasin et des licenciements, ce qui met à mal les salariés du pays: "Ils tombent comme des mouches sous la pression!"
Conséquence directe de ce plan de restructuration: "La direction sert la vis au niveau du personnel: ils n'embauchent plus, les départs ne sont pas remplacés!", s'insurge Youssef Haddad en précisant que ce sont "100 personnes qui partent chaque année et qui ne sont pas remplacées". Le but, selon le syndical, est de "faire des économies pour la direction néerlandaise". Si, aujourd'hui, il existe encore un siège belge de Mediamarkt à Zellik, et un hollandais à Rotterdam, Youssef Haddad estime qu'à terme, "il n'y aura plus qu'un siège unique qui gèrera tout depuis la Hollande".
Selon le délégué syndical, "il est clair que ce malaise a été amplifié depuis la nomination du nouveau board hollandais qui nous impose les mêmes conditions de travail qu'au Pays Bas sans tenir compte de la législation belge et refuse tout dialogue avec les syndicats". Pour rappel, des employés Mediamarkt était déjà en grève au début du mois dernier à cause du plan de restructuration qui prévoit d'importants licenciements. Pour les syndicats, ils doivent se dérouler dans le cadre de la 'procédure Renault' fixée par la loi belge. Mais la direction Benelux basée au Pays-Bas estime que ce n'est pas le cas, laissant les licenciés avec une indemnité plus basse que ne le demande la loi belge.
Et après la grève?
La grève semble porter ses fruits puisque la délégation syndicale CNE, représentée par Youssef Haddad et la déléguée nationale, a enfin pu rencontrer les représentants de Mediamarkt, à savoir, Dries Vertommen, directeur RH, Rudy Vandercammen, directeur régional et Ioannis Tsouvala, directeur du magasin. Et du positif devrait en ressortir: "Ils s'engagent à prendre les problèmes à bras le corps et à prendre toutes les mesures nécessaires pour régler les points soulevés dans le cahier des revendications. Une rencontre est prévue la semaine prochaine avec Comeos (NDLR, porte-parole du commerce et des services en Belgique) et un plan d'action sera mis en place", se réjouit Youssef Haddad, en espérant que la direction mette au point un réel plan d'action et pas un simple "sparadrap sur une jambe cassée".