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Régis Dandoy est spécialiste des élections à travers le monde à l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Invité sur le plateau du RTL INFO 13H, le politologue a commenté le premier débat télévisé entre Donald Trump et Joe Biden, les deux candidats à la présidence aux USA. Il a répondu aux questions d’Alix Battard.
A-t-on déjà vu un débat avec autant de violence et autant d’insultes ?
"C’est relativement inédit. On n’a peu l’habitude des débats du style présidentiel ici en Europe qui sont clairement plus engagés, un peu plus virils de temps en temps. Ici c’est totalement inédit, on est dans l’insulte. On n’a pas parlé de thématiques, on n’a pas parlé de politiques publiques, d’idées, de promesses, de programme électroral. On a plus parlé d’attaques personnelles. Plutôt de la forme de la campagne plutôt que du contenu."
Du côté de Donald Trump, cela n’étonne pas vraiment. Il est resté fidèle à lui-même. Que penser plutôt de l’attitude de Joe Biden ? Il ne s’est lui jamais adressé directement à Donald Trump. Il y a vraiment un débat entre deux septuagénaires, de 74 et 77 ans, qui nous laisse une drôle d’impression ?
"Effectivement c’est assez surprenant de la part de Joe Biden. Peut-être qu’il n’a pas voulu répéter les erreurs commises par Hillary Clinton il y a 4 ans face au même Donald Trump. Elle avait subi ses attaques et ne savait pas vraiment comment réagir. Elle avait essayé de réagir de manière tradtionnelle. Ici Joe Biden a pris l’initiative, il a attaqué sur certains points. Est-ce que cela va payer ? C’est difficile à dire. Est-ce que cela va être équilibré par les autres débats présidentiels, on l’espère. Parce que là on est vraiment sur sa faim en termes de contenu."
Pour les commentateurs aux Etats-Unis, il y a quand même un gagnant de ce premier débat ?
"Oui. Il y a eu pas mal de sondages auprès de la population, des spectateurs américains. En gros, c’est 60/40 pour Biden contre Trump. Néanmoins, beaucoup de personnes ont été affligées par le ton du débat et je pense que c’est le gagnant parmi les deux perdants de la soirée électorale."
Un élément à retenir à la fin du débat. Donald Trump a laissé entendre qu’il ne reconnaitrait peut-être pas le résultat des élections présidentielles parce qu’il conteste déjà le résultat des votes par correspondance. Pourtant, en raison du Covid, il y en aura des milliers…
"Effectivement, c’est une crainte que nous avons. Les conséquences des élections, ce qui va se passer dans les jours qui suivent les élections. Déjà Trump en 2016 l’avait annoncé. Qu’il allait éventuellement se plaindre, convoquer une série d’avocats et voir si dans certains Etats il ne pouvait pas contester le résultat des élections. Ici,il est président. Il maîtrise encore mieux le système électoral. On a surtout des craintes sur l’après-élection. Comment va réagir la population ? Quels seront les problèmes ?Il y a pas mal de souci d’enregistrement des électeurs. Tout cela donne du grain à moudre pour d’éventuelles plaintes et contestations du résultat des élections après les élections."