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Dans la suite de leur série de reportages au Maroc, Dominique Demoulin et Gilles Gengler nous présentent ce vendredi le poste belge de magistrat de liaison dans le pays. Pour l'instant, c'est le seul poste de ce type, même si les Premiers ministres belge et français se sont engagés à en créer également. Voici les missions assurées par cet agent.
Michel Yernaux est le seul magistrat belge à l'étranger. Installé à Rabat depuis deux ans et demi, il joue les facilitateurs entre la justice belge et la justice marocaine. "Parce qu'il y avait une demande des autorités judiciaires et politiques marocaines, mais aussi parce que la communauté marocaine en Belgique comporte 600.000 âmes à peu près", explique Michel Yernaux.
Beaucoup de ces Belgo-Marocains circulent entre les deux pays, et parfois, certains dérapent. "Cette communauté implique, inévitablement, comme dans toute vie en société, pas mal de dossiers de conflits, civils ou pénaux", explique le magistrat de liaison. "On essaie de collaborer plus efficacement entre les deux pays", précise-t-il.
Une coopération accentuée par les attentats terroristes
En 2014, le magistrat de liaison a ouvert 141 dossiers sur des sujets très ¬différents. Depuis les rapts d'enfant jusqu'aux transfèrements de prisonnier, en passant par les braqueurs condamnés en Belgique et arrêtés au Maroc. Aujourd'hui, c'est surtout en matière de terrorisme que la collaboration s'exerce. "Quelques jours avant les attentats de Paris, il y avait une réunion ici au Maroc, qu'on a appelé la réunion de la quadripartite", confie Michel Yernaux. La rencontre réunit des magistrats compétents en matière de lutte contre le terrorisme. "Il y avait déjà une collaboration assez importante, mais elle a été un peu accentuée, oui", précise-t-il.
"Les musulmans les rejettent, ils ont un peu peur des amalgames"
Sur place, Dominique Demoulin constate que les habitants de Rabat n'aiment pas trop aborder la question des Belgo-Marocains impliqués dans les attentats. "Ils sont nés chez vous", ont répondu plusieurs citoyens, "Il ne faudrait pas que ça nuise aux bonnes relations entre la Belgique et le Maroc", ajoutent-ils. Mais l'actualité s'impose, et l'un des derniers dossiers en date traité par le magistrat de liaison concerne Jalal Attar. Un Belgo-Marocain récemment arrêté au Maroc, qui avait déjà été condamné en Belgique pour terrorisme. Un parmi d'autres. "Je ne considère pas les extrémistes de Daesh ou les djihadistes comme réellement faisant partie du monde musulman. Les musulmans les rejettent, et ils ont un peu peur des amalgames", explique Michel Yernaux.
La semaine dernière encore, quatre commissions rogatoires belges étaient en cours au Maroc.