A la veille du grand saut britannique hors de l'Union européenne, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a fait miroiter à Londres jeudi les "énormes bénéfices" d'un rapprochement post-Brexit, relativisant les divergences actuelles entre les alliés historiques.
Le feu vert de Londres à la participation du chinois Huawei à son réseau 5G cette semaine est venu s'ajouter à la liste des sujets qui fâchent. Mais le secrétaire d'Etat américain a multiplié les signes de bienveillance, appelant "Dom" son homologue Dominic Raab, qualifiant de "fantastique" sa demi-heure passée avec Boris Johnson et se disant dans un tweet "heureux de se trouver aux côtés du meilleur allié" des Etats-Unis.
Surtout, il s'est montré rassurant sur les intentions américaines pour l'après-Brexit, dont le président américain Donald Trump est un soutien enthousiaste: "Nous voulons faire passer le Royaume-Uni en tête de liste".
Le pays "va pouvoir faire les choses différemment. Je pense que c'est fantastique pour les Etats-Unis, c'est fantastique pour le Royaume-Uni", a-t-il expliqué à côté de Dominic Raab. "Quand on regardera cette journée et cette année dans le rétroviseur dans cinq ou dix ans, on verra les bénéfices énormes pour nos deux pays."
- Conversations "franches" -
Le compte à rebours a commencé avant la séparation historique, qui interviendra vendredi à 23H00 locales et GMT après 47 ans de mariage houleux et trois ans et demi de crise provoquant le départ de deux Premiers ministres.
Pour le Royaume-Uni s'ouvre une période délicate pour reconstruire des relations, commerciales notamment, avec le bloc des 27 mais aussi les autres grandes puissances, Etats-Unis en tête. Donald Trump a fait miroiter un accord commercial bilatéral "magnifique", ce qui fait craindre à l'opposition britannique un rabais des normes sanitaires et un bradage du service public de santé aux compagnies pharmaceutiques.
Cette tâche herculéenne, dont Londres a fait un symbole de sa liberté retrouvée, est cependant compliquée par une série de désaccords.
Parmi ces points de discorde figure notamment l'accès de Huawei au réseau 5G britannique, accordé mardi par Londres malgré les mises en garde de Washington, qui juge l'équipementier trop proche du gouvernement chinois et pointe du doigt des risques d'espionnage.
D'autres sujets ont créé des tensions, comme le projet britannique de taxe sur les géants du numérique, des divergences de vues sur le dossier nucléaire iranien, ou la volonté de Londres d'obtenir l'extradition d'une femme de diplomate américain impliquée dans un accident mortel en Angleterre.
"Ce sont avec les amis les plus proches qu'on a les conversations les plus franches", a martelé Dominic Raab. "L'océan des sujets sur lesquels nous sommes d'accord est bien plus important que les désaccords occasionnels".
- "Espoir et opportunité" -
A l'approche du Brexit, Boris Johnson s'est livré ces derniers temps à un jeu d'équilibriste pour ménager Américains et Européens sur les grands dossiers internationaux. Le Royaume-Uni a été ainsi l'un des seuls pays à accueillir positivement le plan pour le Proche-Orient annoncé par Donald Trump.
Avec le Brexit, le Premier ministre conservateur remplit sa promesse répétée sans cesse depuis son arrivée au pouvoir en juillet de mettre en œuvre la décision des Britanniques lors du référendum de juin 2016, remporté à 52% par le camp du "leave".
"Ce n'est pas une fin mais un début", doit dire le dirigeant conservateur dans une déclaration à la nation vendredi soir, "c'est le moment d'un vrai renouveau et d'un changement national".
Mais peu de choses changeront concrètement vendredi puisque les règles communautaires continueront de s'appliquer sur le sol britannique jusqu'à la fin de l'année.
Londres assure pouvoir conclure un accord de libre-échange avec l'Union européenne pendant cette période de transition, mais la Commission a déjà prévenu que ce délai serait trop court pour s'accorder sur tous les sujets.
En attendant cette nouvelle phase, les eurodéputés britanniques ont fait mercredi leurs adieux après la ratification du Brexit par le Parlement européen, qui a entonné "Ce n'est qu'un au revoir".
Les pro-Brexit, le populiste Nigel Farage en tête, s'apprêtent, eux, à laisser éclater leur joie vendredi soir devant le parlement à Londres.
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